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Rideau Hall, le mercredi 3 juin 2015
Je tiens d’abord à souligner que nous nous trouvons sur le territoire traditionnel de la Nation algonquine.
Rares sont les moments comme celui-ci dans l’histoire d’un pays.
Un moment qui appelle à la réflexion nationale et à l’introspection.
Un moment pour songer à notre histoire, à nos relations et à nos responsabilités les uns à l’égard des autres.
Un moment pour examiner la solidité de notre engagement envers la tolérance, le respect et l’inclusivité. Pour déterminer si nous sommes capables de faire mieux.
Nous le pouvons et nous le devons.
Des générations de membres des Premières Nations, de Métis et d’Inuits ont souffert à cause des pensionnats indiens. Pour beaucoup, la douleur persiste.
C’est le moment de penser à eux : aux enfants, aux mères, aux pères, aux familles et aux aînés d’hier et d’aujourd’hui.
C’est aussi le moment de se demander ce que nous ferons à partir de maintenant.
La clôture de la Commission de vérité et de réconciliation amène aussi une occasion, pour chacun de nous et pour le Canada. L’occasion de regarder vers le passé et l’avenir.
Plus de 300 écoliers sont réunis à l’extérieur pour participer à une cérémonie commémorative spirituelle appelée Perpétuons nos souvenirs, alimentons nos rêves.
Ici, à l’intérieur, nous sommes avec des aînés autochtones qui représentent les élèves ayant fréquenté les pensionnats indiens.
Les aînés sont aussi appelés les « survivants ». Ils nous ont escortés dans cette salle pour montrer que ce sont eux qui nous ont conduits à cet important moment de notre histoire.
Ils nous ont conduits ici grâce à leur résilience, leur courage et leur voix collective. Je les en remercie.
Plus tard, nous quitterons la salle escortés non pas par des survivants, mais par des enfants. Nous irons ensuite rejoindre les centaines d’écoliers qui nous attendent à l’extérieur.
Cette séquence d’évènements nous rappelle que, si ce sont les survivants des pensionnats indiens qui nous ont conduits ici, ce sont leurs enfants — avec tous les autres enfants du pays — qui nous montreront la voie du futur.
La voie d’un Canada nouveau.
Beaucoup d’entre vous étaient dans cette salle, il y a presque six ans, pour participer au lancement de la Commission de vérité et de réconciliation. Celle-ci a été créée pour ouvrir un dialogue national sur ce sombre chapitre de notre histoire et pour proposer des moyens de favoriser la guérison et de bâtir un avenir plus brillant pour nos enfants.
Ce jour-là, ma prédécesseure Michaëlle Jean est devenue le premier témoin honoraire de la Commission. J’ai aussi été témoin honoraire l’an dernier, lors d’un évènement national organisé par la Commission à Edmonton. Mon épouse, Sharon, l’a quant à elle été il y a deux jours.
C’est un privilège solennel et une imposante responsabilité que d’entendre des témoignages. J’estime que chacun de nous devrait attester la réalité de notre passé et de notre présent. Nous devons admettre et utiliser ce que nous avons appris et travailler ensemble pour améliorer l’avenir des Autochtones et du pays tout entier.
La Commission nous a guidés tout au long d’un processus laborieux et douloureux, qui nous a aidés à comprendre la portée et l’incidence véritables des pensionnats.
Ce processus était nécessaire parce que beaucoup trop de Canadiens ne savent pas ce que les Autochtones au Canada ont enduré dans les pensionnats indiens pendant plus de 100 ans.
En réalité, beaucoup d’entre nous en savent trop peu sur les peuples et les cultures autochtones en général. Ce processus a fait ressortir la nécessité d’en apprendre davantage sur les premiers peuples qui ont occupé ce territoire.
Nous devons mieux nous comprendre les uns et les autres et apprécier nos différences, tout comme nos points communs.
En livrant leurs témoignages convaincants à la Commission, les anciens élèves des pensionnats indiens sont courageusement devenus nos enseignants. Il nous incombe maintenant de les écouter attentivement.
Ayant consacré ma vie à l’éducation, je suis profondément perturbé par la façon dont le régime des pensionnats indiens a trahi l’un des principes fondamentaux de l’apprentissage. L’éducation ne doit jamais supposer l’exclusion de cultures ou de visions du monde. L’apprentissage doit plutôt être axé sur la croissance et l’inclusivité, ainsi que sur la découverte de soi, des autres et du monde autour. L’approche doit favoriser la diversité et le respect.
Maintes fois, nous avons entendu les commissaires affirmer que l’éducation a brisé la relation entre les Autochtones et les non-Autochtones au Canada.
Cependant, ils ont aussi affirmé que l’éducation — l’apprentissage — est la meilleure façon de changer les choses.
Notre espoir est ancré dans l’apprentissage et dans l’engagement indéfectible à établir des relations fondées sur la tolérance, le respect et l’inclusivité.
Pour enseigner ces valeurs à nos enfants, il nous faut d’abord les apprendre.
Voilà la seule façon d’aller de l’avant, le chemin qui nous permettra de créer un pays que nos enfants et nos petits-enfants pourront partager. Un pays dont nous pourrons tous être fiers.
En tant que témoins honoraires, Sharon et moi placerons deux photos dans la boîte en bois cintré.
La première a été prise ici, en 2009, au lancement de la Commission de vérité et de réconciliation. Le deuxième capturera le rassemblement historique que nous avons l’honneur de tenir aujourd’hui.
J’invite le juge Murray Sinclair, président de la Commission de vérité et de réconciliation du Canada, à se lever et à servir de témoin.
Aujourd’hui, nous soulignons la fin des travaux publics de la Commission de vérité et de réconciliation. Mais ce n’est que la fin du début.
Aujourd’hui, nous entamons un nouveau chapitre dans l’histoire du Canada et de sa population diversifiée. Comme cela a été dit cette semaine, nous devons joindre le geste à la parole. Nous devons prouver, en tant que pays, notre engagement à l’égard du respect, de la tolérance et de l’inclusivité.
N’oublions jamais que la situation nous concerne tous.
Continuons d’élargir le cercle de la sensibilisation, de la compréhension, de la responsabilité et de la réconciliation.
Perpétuons nos souvenirs et alimentons nos rêves d’avenir.
Travaillons ensemble afin de bâtir un pays meilleur pour toute personne qui fait de cette terre sa patrie.
Merci.