Allocution devant l’Economic Club of Canada – Vers une nation d’innovation : inspirer une culture de créativité et d’avant-garde pour un Canada meilleur

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Ottawa, le mardi 9 juin 2015

 

Bonjour à tous!

J’aimerais commencer en posant une question :

Sommes-nous des innovateurs, oui ou non?

En tant que Canadiens, j’entends. Sommes-nous une nation d’innovateurs, oui ou non?

Vous obtiendrez des réponses différentes selon la personne à qui vous posez la question.

Le Forum économique mondial, par exemple, classe le Canada au 25e rang des pays les plus innovateurs au monde, un recul par rapport au 12e rang qu’il occupait en 2010.

L’Alliance canadienne pour les technologies avancées, quant à elle, qualifie le fossé de l’innovation d’idée fausse. Le Canada souffrirait plutôt de lacunes sur le plan de la commercialisation, ce qui signifie que nous n’appliquons pas suffisamment nos innovations.

Si vous demandez au Conseil des sciences, de la technologie et de l’innovation du Canada, il vous dira que pour l’innovation en affaires, nous ne sommes pas vraiment innovateurs : comme pourcentage du produit intérieur brut, les dépenses intérieures brutes de R-D au Canada ont chuté pour s’établir à 1,7 pour cent. Cela nous place au 23e rang des nations de l’OCDE.

Mais, si vous demandez à des joueurs clés à Silicon Valley, ils vous diront que les Canadiens sont indéniablement des innovateurs. C’est pourquoi on estime à 350 000 le nombre de travailleurs canadiens à Silicon Valley.

Alors, qui dit vrai?

Toutes ces réponses sont bonnes, ce qui me fait dire que les Canadiens sont des innovateurs, mais que le Canada n’a pas développé une culture de l’innovation.

J’ai intitulé mon allocution d’aujourd’hui « Vers une nation d’innovation », parce que je crois que le temps est venu pour le Canada de créer une véritable culture mondiale de l’innovation.

Pourquoi est-ce important?

Pour une raison simple et incontestable : parce que nous sommes à une époque extraordinaire, un moment charnière de l’histoire.

C’est une période de mondialisation profonde.

De bouleversements technologiques.

De changements démographiques importants.

D’attitudes en évolution à l’égard des gouvernements, des institutions et des services publics.

De défis sur les plans de l’environnement, de l’approvisionnement énergétique et de soins de santé.

Je pourrais continuer.

Quoi qu’il en soit, à une époque de changements rapides et profonds comme nous le vivons, les Canadiens ne doivent pas relâcher leurs efforts.

Pour cela, il faut innover.

Qu’est-ce que j’entends par innover?

C’est de développer des façons nouvelles et meilleures de faire les choses, et de créer une valeur qui a un impact positif et considérable sur notre qualité de vie.

Il faut se rappeler qu’il y a une différence entre l’innovation et l’invention. L’innovation est un processus économique et social, un moyen d’améliorer la productivité, l’organisation et le fonctionnement en tant que société.

En période de changements, de telles améliorations et adaptations sont cruciales. Elles sont essentielles à la préservation de notre qualité de vie.

Je vous donne un exemple.

Hier, j’étais à Toronto, au MaRS Centre for Impact Investing. C’était la première fois que les membres du Groupe de travail sur l’investissement social du G7 se réunissaient au Canada.

Vous vous demandez peut-être ce qu’est l’investissement social?

La définition la plus connue décrit le concept comme des investissements visant à créer un impact positif au-delà des rendements financiers.

Bref, il s’agit d’exploiter le capital privé dans l’intérêt public, tout en procurant un rendement financier à l’investisseur.

C’est aussi un exemple merveilleux d’innovation — à la fois sociale et économique.

L’investissement d’impact reconnaît que le Canada, comme ses partenaires du G7, est confronté à d’importants défis sociaux, environnementaux et financiers. Ces défis nous poussent à innover, car les gouvernements et les communautés n’ont pas toujours la capacité ou la flexibilité nécessaires pour y répondre adéquatement.

Cela dit, nous ne manquons pas d’argent dans le monde pour relever ces défis. Le problème, c’est qu’il est immobilisé dans les marchés financiers. Il est détenu dans des placements qui produisent des intérêts, plutôt que d’être utilisé pour faire une différence, là où il serait plus utile.

La finance sociale pose la question suivante : pourquoi ne pas utiliser l’argent à bon escient tout en donnant un profit à l’investisseur? 

C’est ce qu’on appelle la pensée créative et innovante.

Souvenez-vous de notre définition : l’innovation consiste à développer des façons nouvelles et meilleures de faire les choses et à créer une valeur qui a un impact considérable et positif sur notre qualité de vie.

Cette définition a toutefois plusieurs nuances.

L’innovation suppose la création de nouveaux biens et services qui ajoutent de la valeur et améliorent nos vies.

Elle suppose l’accroissement de la valeur et la réduction des coûts de production et de prestation des produits et services.

Elle suppose l’utilisation de la créativité, de la technologie et du savoir pour améliorer la façon dont nous nous organisons en tant qu’individus, communautés et pays.

Elle suppose le recours à de nouveaux moyens pour pénétrer des marchés et répondre aux besoins des marchés existants.

Il y a longtemps que le Canada innove, sur les plans technologique, social, économique, culturel et politique. On a déjà dit du Canada qu’il était le fruit d’une expérience audacieuse de diversité et de multiculturalisme. Ce n’est pas par accident si nous sommes aujourd’hui à deux ans près de notre 150e anniversaire. Nous n’y sommes pas non plus arrivés à force de révolutions ou de soulèvements, ni en nous accrochant indûment au statu quo.

Cela dit, nous devrions nous demander pourquoi ces 350 000 Canadiens assurément talentueux et créatifs travaillent à Silicon Valley, et non dans la vallée de l’Outaouais.

Est-ce à cause d’une culture qui, bien qu’elle fasse l’envie du monde à plusieurs égards, n’apprécie pas l’importance de l’innovation dans notre monde qui évolue rapidement?

Le fait est que si le changement est la nouvelle constante, l’innovation est alors le nouvel impératif.

Mais l’innovation, ce n’est pas une ampoule qu’on allume et éteint facilement. L’innovation est un processus profondément humain ancré dans notre culture.

C’est pourquoi nous devons bâtir une culture de l’innovation.

Une culture qui reconnaît que l’innovation peut nous propulser dans un monde qui change constamment.

Une culture qui permet aux personnes et aux groupes créatifs de travailler ensemble, de former des écosystèmes d’innovation et de résoudre des problèmes.

Une culture qui célèbre les innovateurs et les réalisations qu’ils apportent au Canada.

En tant que gouverneur général, j’ai le privilège d’occuper un poste qui me permet de rassembler, d’inspirer et d’honorer les Canadiens. Aujourd’hui, j’annonce la création d’un nouveau prix qui célébrera le meilleur de l’innovation au Canada : les Prix du Gouverneur général pour l’innovation.

Ces prix célébreront les personnes, les équipes et les organisations qui sont derrière des innovations exceptionnelles et transformatrices et qui ont eu un impact positif sur la société et l’humanité.

Ces prix reconnaitront l’innovation dans tous les secteurs de la société — public, privé, et sans but lucratif —, et ce, à l’échelle nationale.

Ils souligneront le travail d’innovateurs accomplis et expérimentés, ainsi que de jeunes innovateurs de moins de 30 ans, qui sont la prochaine génération de créateurs.

J’aimerais mettre l’accent sur l’importance de célébrer et d’encourager la prochaine génération d’innovateurs au Canada. Ils représentent notre avenir. Ça semble cliché, mais c’est la vérité. En tant que leaders dans ce pays, vous avez tous un rôle crucial à jouer pour encourager le talent émergent.

En reconnaissant des innovateurs expérimentés et des jeunes Canadiens, ces prix célébreront les innovations sociales, économiques et culturelles qui visent à régler des problèmes véritables.

Ils célébreront la pensée visionnaire.

L’inspiration.
La créativité.
La collaboration.
La prise de risques.
Et la résolution de problèmes.

Pour assurer la croissance et la prospérité du Canada dans les années à venir, il nous faut des esprits créateurs pour repousser les limites et les idées préconçues, et pour améliorer notre façon de faire les choses.

Et nous devons célébrer ces esprits créateurs et leurs réalisations.

C’est exactement ce que feront les Prix du Gouverneur général pour l’innovation.

Comme vous pouvez le voir, ce logo montre l’effet d’entraînement de l’innovation dans notre société. Le « i » de l’innovation et les lignes en cascade représentent la croissance du Canada ainsi que l’impact continu des innovateurs sur notre pays — aujourd’hui et pour les générations à venir.

Parlant d’impact, j’aimerais mentionner Tom Jenkins d’OpenText, qui a lancé cette initiative. J’aimerais aussi remercier quelques partenaires clés qui sont représentés ici : la Fondation canadienne pour l’innovation, la Société des musées de sciences et technologie du Canada, la Fondation Rideau Hall et tous les partenaires de nomination qui se joindront bientôt au mouvement.

Dans un monde marqué par la mondialisation, les nouvelles technologies, les changements démographiques et une gamme élargie de défis complexes et interreliés, l’innovation est essentielle au maintien de notre qualité de vie.

Il faut s’adapter et s’améliorer lorsque c’est possible et nécessaire, tout en s’accrochant aux valeurs et aux institutions qui nous sont utiles.  

Si nous désirons bâtir un Canada plus averti et bienveillant, chacun de nous doit faire ce qu’il peut pour favoriser une culture d’innovation. Cela comprend le Nord, une région importante du Canada qui a ses propres défis et possibilités. Elle requiert une forme d’innovation qui fait le lien entre notre passé et notre présent, tout en regardant vers l’avenir.

Nous avons une belle chance de générer ce changement de culture d’un océan à l’autre, jusqu'à l'Arctique, à l'approche du 150e anniversaire de la Confédération, en 2107.

Comme cadeau au Canada pour son 150e anniversaire, travaillons ensemble à bâtir une culture d’innovation, créative et avant-gardiste, afin d’ériger un pays meilleur.

J’incite chacun de vous à participer à cet effort.

Merci.