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Vancouver, le jeudi 9 mars 2006
Je vous remercie de m’avoir invitée à participer à votre symposium. Je tenais à venir vous rencontrer dans le cadre de mon premier voyage officiel en Colombie-Britannique à titre de gouverneure générale. Dans mon discours d’installation, j’ai dit haut et fort que les jeunes seraient pour moi une priorité et que j’entendais donner la parole à celles et ceux qui n’ont pas l’habitude de la prendre. Je suis ici pour vous parler, mais surtout pour vous écouter.
On entend souvent dire que les jeunes, c’est l’avenir. Moi, je crois plutôt que les jeunes, c’est le présent. Imaginez : la moitié des peuples autochtones au Canada se composent de personnes âgées de moins de 25 ans. Vous êtes le cœur battant de vos communautés.
Votre avenir, c’est maintenant qu’il se joue, pas dans cinq, dix ou vingt ans. À ce symposium, vous vous donnez les moyens d’agir maintenant sur votre destinée et celle de vos communautés.
Votre réussite dépend du regard que vous posez sur vous-même, les événements, les gens et le monde dans lequel vous vivez.
Lorsque ma mère, ma sœur et moi avons quitté notre île natale, Haïti, et que nous sommes arrivées au Canada, par une nuit d’hiver, nous n’avions plus rien. Nous sommes parties de zéro. Nous avons vécu des années dans un petit appartement d’une pièce et demie dans le sous-sol d’un édifice à logement à Montréal.
Je voudrais aujourd’hui vous laisser avec un message d’espoir. Car l’espoir a éclairé tout mon parcours d’enfant et de femme et s’est incarné dans ce pays aux possibilités illimitées. J’ai la conviction profonde que rien n’est impossible à celles et ceux qui rêvent grand et qui voient loin.
Au Canada, on compte par milliers les rêveurs qui ont transformé leur quartier, leur communauté, la société. Je pense entre autres au chef Clarence Louie, de la bande indienne Osoyoos, dans le sud de la vallée d’Okanagan. Sous sa gouverne, la bande est devenue une corporation qui possède et dirige plusieurs entreprises. Le développement socio-économique de la bande est tel qu’il a permis d’améliorer les conditions de vie de l’ensemble de la communauté. Il n’y a pratiquement plus de chômage dans cette région.
Nous ne leurrons pas cependant, car nous aussi, au Canada, nous possédons notre propre tiers-monde. Plusieurs communautés autochtones sont immergées dans la pauvreté. Et les jeunes qui devraient reprendre le flambeau sont en proie à de graves problèmes. Par leurs souffrances, des communautés entières sont en péril.
Vous, jeunes entrepreneurs autochtones des quatre coins du Canada, êtes des agents de changement, chacune et chacun à votre manière. Il importe que vous ayez tous les moyens de vous épanouir et de participer, en tant que citoyens engagés, à l’édification de la société et du Canada d’aujourd’hui. Sachez que j’admire beaucoup ce que vous faites. Vous êtes des phares dans la nuit de tous ces jeunes qui sentent que ça ne vaut pas la peine, qui ont du mal à envisager le présent et encore moins l’avenir.
Merci de m’accueillir parmi vous. Je m’arrête ici, car j’ai très hâte de vous entendre et de me prêter à l’exercice que vous avez préparé pour moi.
