Ce contenu est archivé.
Vancouver, le jeudi 9 mars 2006
Je suis vraiment enchantée d’être ici.
J’aimerais avant toute chose éclaircir une rumeur qui court à mon sujet. Vous avez peut-être entendu dire que j’ai accepté le poste de gouverneure générale, sachant que j’aurais l’occasion de visiter Vancouver plus souvent. En toute honnêteté, il y a là une bonne part de vérité, car j’adore votre ville. J’ai d’ailleurs avoué, depuis mon arrivée, que dès que j’y suis venue pour la première, j’ai toujours pensé que si je décidais de vivre ailleurs qu’à Montréal, ce serait ici que je m’installerais.
Bien que Vancouver soit aux antipodes du Québec, je me sens tout à fait chez moi ici. Évidemment, la chaleur de l’accueil que j’ai reçu y compte pour beaucoup, mais il y a aussi le fait que votre maire, qui parle anglais, cantonnais et italien, parle également français! Nous avons tous deux vraiment impressionné les gens à Turin, en parlant couramment avec eux en italien. Sam et moi avons en commun cette conviction selon laquelle plus on parle de langues, plus on élargit ses horizons. Les langues nous permettent de vivre tant d'expériences enrichissantes, de comprendre les points de vue, les idées et les rêves d'autres êtres humains.
La Colombie-Britannique peut en effet s’enorgueillir de posséder une communauté francophone dynamique de plus de 63 000 personnes. S’étant d’abord établie tout près d’ici, à Maillardville, la population francophone n’a cessé de croître et de prospérer. Aujourd’hui, elle appuie de nombreux organismes communautaires tels que La Boussole et bien d’autres, qui offrent des activités culturelles, des services de traduction et un lieu de rencontre et d’échange.
Et que dire de tous les Britanno-Colombiens de différentes origines culturelles qui se font un devoir d’apprendre les deux langues officielles. Cela me fait chaud au cœur de savoir que votre province est celle qui compte le plus grand nombre d’élèves dans des programmes d’immersion en français! J'ai été impressionnée de voir tant d'enfants m'accueillir en français à mon arrivée à Victoria.
Monsieur le maire Sullivan, Sam, j’ai eu le grand plaisir de vous rencontrer dans des circonstances des plus favorables et merveilleuses. C’était à Turin, il y a deux semaines à peine, alors que nous célébrions la performance exceptionnelle de l’équipe canadienne aux Jeux olympiques d’hiver. Quelle émotion que d’assister aux glorieuses et réjouissantes victoires sur la scène mondiale de jeunes athlètes extraordinaires comme Clara Hughes et Cindy Klassen.
Nul doute que, d’un bout à l’autre du pays, les Canadiennes et les Canadiens ont été transportés de joie à chaque exploit de ces jeunes et n’ont pu cacher leur émotion en les voyant afficher leur fierté sur le podium, pendant que jouait notre hymne national.
Et vous, ici à Vancouver, comment pouviez-vous ne pas avoir un sentiment d’excitation à l’idée de devenir, à votre tour, l’hôte des Jeux olympiques et paralympiques en 2010 et de partager avec le reste du monde les trésors spectaculaires de votre ville.
Des trésors qui sont bien plus que la beauté de votre paysage ou l’extraordinaire diversité de votre population, parmi laquelle les gens du monde entier se sentiront chez eux. Car ce que vous avez également de précieux à offrir, c’est la vision de vos leaders et une vraie générosité de cœur.
À cet égard, je m’en voudrais de ne pas souligner l’engagement fort honorable que votre ville s’est promis de tenir : faire en sorte que les Jeux de Vancouver soient un modèle d’inclusion et ne perturbent de manière négative aucun membre de votre collectivité. Je souhaite sincèrement que cette manière unique de faire les choses devienne non seulement un modèle pour le monde entier, mais une obligation à respecter par les futures villes hôtes de ces jeux.
Je vous félicite d’avoir exigé des commanditaires des futures Olympiques qu’ils tiennent compte de l’aspect inclusif de notre société. Je vous félicite d’avoir inclus dès le départ les Premières Nations dans votre projet. Je vous félicite d’inciter les partenaires du secteur privé à appuyer la formation en cours d’emploi dans le quartier Downtown East Side. Je vous félicite de veiller à ce que les sociétés commanditaires fournissent un soutien financier au développement social sous forme d’initiatives visant à améliorer la qualité de vie, non seulement à Vancouver, mais dans toute la province.
Quoi de plus noble comme objectif, en effet, que de profiter de la tenue des Jeux olympiques et paralympiques pour bâtir une capacité et ce, non seulement dans le sport, mais également dans les secteurs du bénévolat, des arts et de la culture, et des services communautaires en général.
J’ai cru comprendre également que dans ce programme ambitieux s’inscrit une autre volonté, celle de créer par la même occasion des possibilités de choix essentielles à l’épanouissement des personnes handicapées.
On dit qu’une image vaut mille mots. Alors quelle image plus éloquente que celle de vous, Monsieur le maire Sullivan, portant le drapeau lors des cérémonies de clôture à Turin! En montrant ainsi au monde entier que tout est possible pour ceux qui rêvent grand, vous avez souligné qu’il est important de veiller à ce que toutes et tous soient intégrés à la société et puissent l’enrichir de leurs talents.
Nous sommes malheureusement coupables d’avoir permis que des gens soient oubliés ou marginalisés à cause d’incapacités de toutes sortes, d’avoir permis que leurs droits et leurs responsabilités de citoyens à part entière soient ignorés.
Je me suis engagée, à titre de gouverneure générale, à faire la lumière sur les solitudes qui nous séparent afin qu’on tente de les briser. Ces solitudes, ce sont les disparités de toutes sortes qui nous insolent les uns des autres : âge, géographie, sexe, origine, langue, croyance, pauvreté, et capacité.
La tâche que vous accomplissez ici m’inspire et me réconforte au plus haut point. Car c’est une tâche essentielle et noble que d’instaurer un sens de la communauté et de rapprocher les membres de la collectivité les uns des autres — ceux de Main jusqu’à Hastings, de la 41e jusqu’à Granville; ceux qui ont le plus de pouvoir et la voix qui porte le plus haut et ceux qui se débattent, mis à l’écart à cause de leur différence.
Ne nous leurrons pas. Même la nation la plus riche de la terre ne peut se permettre de gaspiller les ressources qu’offre un être humain. Dans le contexte de l’environnement mondial où nous vivons, où règnent encore l’incompréhension et la violence, l’une de nos responsabilités collectives les plus primordiales est de développer la capacité de susciter la confiance et le consensus, la capacité de tenir compte et de profiter de la contribution unique de chaque citoyenne et de chaque citoyen.
Vous n’êtes pas sans savoir, j’en suis certaine, que votre cité extrêmement multiculturelle, où des gens venus de tous les coins du globe vivent, travaillent et s’épanouissent dans l’harmonie, où les élèves d’anglais, langue seconde, sont plus nombreux que ceux qui sont nés au Canada, où le niveau de vie est toujours l’un des plus élevés au monde, que cette ville qui est la vôtre est un gage de tous les possibles, un modèle d’harmonie et de prospérité dans la diversité.
Hier, à mon arrivée, j'ai eu une rencontre des plus significatives avec des organisateurs et des jeunes de MOSAIC. Cet organisme de Vancouver facilite depuis trente ans l'intégration d'immigrants et de réfugiés dans leur nouveau pays. Voilà bien une réalisation digne de mention!
Il me tarde d’en apprendre davantage sur vos projets et vos programmes. Vous avez, j’en suis convaincue, beaucoup à nous apprendre, à toutes et à tous, et mon souhait le plus cher est de pouvoir faire connaître vos histoires à d’autres Canadiennes et Canadiens au pays, de pouvoir établir une véritable collaboration qui se poursuivra dans les années à venir.
Je vous remercie pour l’accueil extrêmement chaleureux que vous m’avez réservé.
