Rideau Hall, le vendredi 17 février 2006

Je tiens d’abord à signaler un changement de décor dans cette salle d’honneur où sont remises les plus hautes distinctions du pays. Lors de mon premier voyage officiel à l’Île-du-Prince-Édouard, l’automne dernier, j’ai eu le plaisir de redécouvrir au Centre des arts de la Confédération une toile de Jean-Paul Lemieux qui illustre l’un des moments forts de l’édification de ce pays. Or, le Centre des arts de la Confédération a eu l’immense gentillesse de prêter cette toile à Rideau Hall de façon à ce que plusieurs autres Canadiennes et Canadiens puissent l’admirer. En leur nom, j’aimerais exprimer toute ma reconnaissance à celles et ceux qui ont permis ce prêt, dont Messieurs Hambly et MacKenzie qui sont parmi nous aujourd’hui. Je les salue.

Voyez combien le peintre nous invite à parachever l’œuvre. D’un coup d’œil, et au gré de notre imagination et de notre volonté, nous pouvons prolonger l’édifice, le consolider, ouvrir de nouvelles fenêtres sur de nouveaux horizons.

À dessein, sous leurs hauts-de-forme, les bâtisseurs n’ont pas de visages. Car, aux travaux des Pères de la Confédération d’hier, s’ajoutent les nôtres aujourd’hui. Si, par moments, ils piétinent; à d’autres, ils avancent. Mais, toujours, des rêves se concrétisent, dans la réflexion solitaire comme dans le dialogue. Ainsi va notre histoire. Tout est possible.

Sous les auspices de ce tableau et de ce qu’il évoque, nous voici donc réunis pour célébrer la précieuse contribution de femmes et d’hommes qui repoussent les frontières du génie, de l’esprit, du dévouement et du savoir humains.

Je suis vivement impressionnée par la qualité des récipiendaires et par la portée de leurs réalisations.

On compte parmi vous des activistes communautaires de premier plan, d’ardents défenseurs des droits de la personne, de grands philanthropes, des artistes qui réinventent le monde, des pédagogues qui changent les mentalités, des environnementalistes qui protègent une nature trop souvent malmenée et des scientifiques qui révolutionnent les domaines de la santé, de la biotechnologie et de la physique.

Bien qu’ils empruntent des trajectoires différentes, vos parcours ont pour point de départ une passion; une passion non seulement pour les arts, pour la justice, pour la connaissance et le savoir, mais pour la vie dans son sens le plus large, le plus noble et le plus beau.

Cette passion s’accompagne d’un talent, d’une vision, d’une volonté inébranlable de changer le monde autour de soi et d’y laisser sa marque.

Ce qui nous surprend encore davantage et qui suscite en nous une vive admiration, c’est votre capacité exceptionnelle de dépassement de soi.

Se dépasser, c’est aller au-delà de soi. Et au-delà de soi, il y a l’Autre.

Par vos efforts, et grâce à vos réalisations hors du commun, vous avez changé des vies, chacun à votre manière. Songez aux personnes que vous avez soulagées et auxquelles vous avez offert une meilleure qualité de vie; aux étudiants que vous avez inspirés; aux auditoires que vous avez fait rêver, rire et réfléchir, aux organisations que vous avez fait progresser.

Vous êtes comme cet enfant qui lance une pierre dans l’eau pour y faire des ronds. Son geste naît du plaisir et de la curiosité. Il crée une onde de choc, un mouvement, un effet d’entraînement.

La romancière Louise Maheux-Forcier, qui a elle-même été décorée de l’Ordre du Canada, a écrit que « toutes les passions sont héréditaires ».

Nous en avons un bel exemple aujourd’hui. Nous avons parmi nous un récipiendaire qui est le digne héritier d’une passion transmise de père en fils. Le père et le grand-père de M. William Schabas ont aussi reçu l’Ordre du Canada. Même si leur domaine d’action diffère, leur engagement est tout aussi profond.

À la réflexion de Louise Maheux-Forcier, je me permets d’ajouter que toutes les passions sont contagieuses.

Vous propagez bonheur, espoir et réconfort autour de vous. Et vous donnez à d’autres le goût de marcher à votre suite, de continuer cette œuvre qui est la vôtre et qui a pour objectif d’améliorer notre monde et d’en célébrer les beautés.

Vous, femmes et hommes d’exception que nous honorons aujourd’hui, poursuivez la tradition d’excellence de Canadiennes et de Canadiens illustres qui vous ont précédés. Vous transposez en paroles et en gestes le principe sur lequel repose l’Ordre du Canada, « Desirantes Meliorem Patriam », que je traduirais par « Soucieux d’améliorer la patrie », voire, pour plusieurs, pour l’humanité entière.

Vous nous indiquez les mérites du dépassement dans presque toutes les sphères de l’activité humaine. Vous démontrez que rien n’est impossible à celles et ceux qui rêvent grand et qui voient loin.

Déjouer l’impossible est votre lot quotidien et s’incarne aujourd’hui en vous. Je dirais même que l’espoir porte vos noms. Vous êtes nos modèles. Par votre passion et votre détermination, vous nous incitez à repousser nos propres limites, à atteindre de nouveaux sommets, à devenir de meilleures personnes dans notre vie de tous les jours et de meilleurs citoyennes et citoyens.

C’est pourquoi nous tenons à vous exprimer toute notre gratitude.

Au nom de la population canadienne, je vous salue et vous félicite chaleureusement pour votre contribution remarquable à notre mieux-être et à l’essor de notre pays. Vos noms et vos réalisations demeureront gravés dans notre mémoire et dans nos cœurs.

Merci, mille fois merci.