Son Excellence la très honorable Michaëlle Jean - Discours à l’occasion de la cérémonie d’accueil à l’Assemblée législative provinciale

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Toronto, le lundi 20 février 2006

Je suis ravie d’être ici à Toronto, à l’occasion de ma première visite officielle en Ontario, et je tiens à vous remercier très sincèrement pour l’accueil cordial que vous m’avez réservé. Mon mari est désolé de n’avoir pu se joindre à moi, car il tourne un film en ce moment à Québec.

En parcourant du regard cette ville où je me trouve aujourd’hui, c’est le visage du nouveau Canada que je vois. En fait, l’Ontario est pour moi l’incarnation vivante de la nation canadienne.

C’est ici, dans cette grande province, que l’on trouve plusieurs des villes les plus peuplées et les plus dynamiques du pays. C’est ici également que l’on trouve certains des paysages naturels les plus fabuleux.

L’Ontario, centre de la puissante industrie manufacturière du Canada, possède par ailleurs le plus grand nombre de fermes au pays.

Cette province possède aussi d’importants secteurs minier et forestier, mais n’en demeure pas moins un joueur de premier plan dans l’économie du savoir.

Et que dire de ses habitants? Il y a les communautés des Premières nations dont les racines remontent à au moins 8 000 ans. Il y a la population francophone de l’Ontario qui, après plus de 350 ans ici, s’élève à plus d’un demi-million. C’est d’ailleurs la plus grande communauté francophone en dehors du Québec. Je profite de cette occasion pour les saluer chaleureusement, tous ces Franco-Ontariens et Franco-Ontariennes.

Et bien sûr, il y a cette merveilleuse diversité que représentent les communautés ethnoculturelles de l’Ontario.

Depuis plus d’un siècle, des gens sont venus ici de tous les coins du globe à la recherche d’une vie meilleure pour eux et pour leurs familles. En poursuivant leurs rêves, ils ont enrichi cette province et notre pays tout entier.

Maintenant, tous ces gens d’origines diverses se côtoient dans l’harmonie : oui, jouant dans les mêmes parcs, faisant leurs emplettes dans les mêmes magasins, étudiant dans les mêmes écoles.

C’est ici, à Toronto, que le modèle canadien se manifeste au reste du monde. Rares sont les sociétés qui ont pu réaliser un tel exploit, un exploit que nous, Canadiens, prenons souvent pour acquis.

Et c’est malheureux, car n’est-ce pas par nos actions et par nos attitudes que nous cherchons tous à encourager le respect, le dialogue et la coopération? Nous prenons donc tous part à la réalisation de cet exploit et c’est pourquoi, nous devons tous célébrer notre succès.

Cela dit, il reste encore beaucoup à faire. Il ne faut pas s’arrêter là, nous devons continuer d’avancer sur cette voie afin d’assurer à toutes les citoyennes et à tous les citoyens la place qui leur revient au sein de notre société.

Les récents incidents de violence armée dans cette ville nous rappellent qu’il y a encore des lacunes dans notre société, et c’est notre tâche à tous de les corriger.

Pour lutter efficacement contre le crime, il est essentiel de s’attaquer aux causes profondes. Il y a ici à Toronto, dans le Nord de l’Ontario et ailleurs au pays, trop de Canadiennes et de Canadiens délaissés par la société et laissés pour compte.

Comme je l’ai souligné dans mon discours d’installation, rien n’est plus indigne de nos sociétés que la marginalisation de certains jeunes conduits à l’isolement et au désespoir. Nous ne devons pas, nous ne pouvons pas tolérer de telles dérives. J’ai la conviction profonde que nos jeunes sont, oui, notre avenir, mais aussi notre présent. Nous avons le devoir de les encourager et de les appuyer dans leurs efforts pour nous aider à créer un monde meilleur.

Fort heureusement, nous possédons au Canada les ressources financières requises pour redresser ces problèmes. Mais ce qui compte le plus, à mon sens, c’est l’esprit communautaire, la solidarité, qui rassemble les gens et les incite à trouver des solutions.

Je répète et j’insiste : il nous incombe de trouver des solutions, car le monde entier voit dans le Canada un modèle de société où il est possible pour des communautés diversifiées de vivre et de prospérer ensemble. C’est notre responsabilité collective la plus cruciale dans le nouvel environnement mondial, où règnent encore trop souvent l’incompréhension et la violence. Les incompréhensions des uns risquent de mener à l'exclusion des autres.

Comme vous le savez, j’ai mis énormément l’accent sur l’importance de briser les solitudes. Je dis bien toutes les solitudes, quelles que soient les barrières à éliminer : l’âge, le sexe, l’ethnie, la langue, la religion, la pauvreté ou autre.

C’est en brisant les solitudes qui nous séparent encore que nous montrerons au reste du monde comment il est possible pour plusieurs cultures de vivre ensemble dans une communauté unie.

C’est un rêve que je chéris et que je poursuis avec ardeur. J’ai la profonde conviction que, avec votre soutien et l’aide d’autres Canadiens, nous ferons de ce rêve une réalité.

Je suis impatiente, au cours de cette première visite officielle en Ontario, et à Toronto, de m’entretenir avec vous et avec vos concitoyens sur plusieurs enjeux qui nous tiennent à coeur.

Je tiens à le répéter : cette première tournée officielle du Canada, je veux qu’elle constitue le premier chapitre d’un dialogue permanent, d’un dialogue entre citoyens égaux. Je sais déjà que vous, et celles et ceux que vous représentez, avez d’importantes questions à discuter, des expériences et des leçons qu’il est nécessaire de partager.

Je remercie donc Toronto ainsi que tous les Ontariens pour votre très chaleureux accueil. J’ai bien hâte de connaître davantage cette ville et cette province tout au long de ma visite qui, je le souhaite de tout cœur, sera suivie de plusieurs autres.

Merci.