Gala Cuvée 2006

Le 4 mars 2006

Je veux vous dire très sincèrement le plaisir et l’honneur que je ressens à être devant vous ce soir, après ces deux journées de visite des vignobles et de dégustation des vins ontariens.

Je viens d’une culture du vin. Dans mon éducation en France, la vigne a fait partie de mon enracinement au même titre que les livres de littérature, de géographie, de sociologie, de psychologie et de philosophie. Mes grands-parents et mes arrière-grands-parents cultivaient la terre et produisaient leur vin. Et mon père traitait avec le même soin et le même amour sa bibliothèque et son cellier. Il me rappelait ainsi avec fierté que la civilisation, l’humanisation de l’humanité, s’étaient développés avec la circulation du savoir et l’échange du vin. La culture du vin contient une philosophie du partage, une façon singulière de briser les solitudes, dans le respect de l’identité de chacun.

Au cours des dernières décennies, le Canada, l’Ontario et la Colombie-Britannique en particulier, à une moindre échelle d’autres provinces, a su développer une production de vin qui atteint aujourd’hui sa pleine maturité.

Au cours de mes six premiers mois à Rideau Hall, j’ai pu apprécier largement et partager avec nos invités la qualité et la diversité de nos vins. Mon prédécesseur John Ralston Saul a mis beaucoup d’énergie pour donner à notre cave ses lettres de noblesse. Nos collaborateurs aujourd’hui poursuivent ce travail avec passion et savoir-faire. Claude Lepage qui m’accompagne est un expert passionné, un grand connaisseur qui illumine de ses choix chacun de nos repas.

J’ajoute que mon épouse, la gouverneure générale Michaëlle Jean est une excellente dégustatrice, un intérêt qui s’est développé lors de ses études en Italie d’où, par coïncidence, nous nous sommes rentrés d’une visite officielle la semaine passée. Elle a hâte de se trouver parmi vous dans une prochaine année, quand son horaire permettra sa présence. Je vous transmets ses salutations cordiales.

Demain en tant que Commandante en chef des Forces canadiennes, elle sera à Trenton pour le rapatriement du caporal Paul Davis, soldat canadien qui est mort cette semaine en Afghanistan.

Elle part lundi pour sa première visite officielle en Colombie-Britannique, puis au Chili pour l’assermentation de la présidente Michelle Bachelet.

Une des fonctions du gouverneur général est de faire connaître le Canada aux Canadiens et de le représenter à l’étranger. Rideau Hall est le premier lieu officiel que les ambassadeurs étrangers visitent. D’emblée, le vin canadien fait partie de ces célébrations.

Cependant, il me semble qu’il convient aussi – et rapidement – de développer une meilleure connaissance des vins canadiens au Canada, et d’en faciliter la circulation et l’accessibilité.

Il n’est pas possible de se placer sur le marché international si l’on ne développe pas une fierté canadienne des vins à l’échelle nationale.

Je connais bien le Chili, j’ai suivi de près le développement du marché des vins chiliens. Il est allé de pair avec le développement d’une fierté nationale de leurs vins.

On ne peut pas développer à l’extérieur le goût de ce que l’on ne célèbre pas chez soi.

Ainsi, dès cette première année de mandat, la Gouverneure générale et moi-même, nous allons visiter toutes les provinces et territoires canadiens. Nous ferons la promotion de nos vins comme une partie intégrale de la culture et de l’identité canadiennes. Parallèlement, nous développerons le contact déjà établi avec les ambassades étrangères à Ottawa, avec bien sûr, une participation renouvelée à la cuvée 2007.

Enfin, il me reste un souhait à formuler. Les prix du Gouverneur général célèbrent chaque année la littérature, les arts de la scène, les arts médiatiques – tous ses éléments font partie de la culture de notre pays. Un prix des arts culinaires qui célèbre aussi nos meilleurs vins, aurait toute la place qui lui revient.