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Ottawa, le mercredi 26 octobre 2005
La vision que nous propose l'histoire est toujours partielle, parfois même partiale. Il importe d'y revenir de temps en temps et d'y jeter un nouvel éclairage. La tournée spirituelle autochtone sur les champs de bataille des Première et Deuxième Guerres mondiales nous donne enfin l'occasion de rétablir justement et pleinement le rôle vital qu'ont joué les peuples autochtones dans l'avènement de plusieurs pays à la liberté.
La liberté dont notre pays est si riche ne doit pas être l'apanage de certains au détriment des autres. J'irais jusqu'à dire que cette liberté commence au Canada avec ces grands espaces et ces terres généreuses dont les peuples autochtones nous ont communiqué le génie. Ce sont ces femmes et ces hommes qui en ont d'abord célébrer les richesses et qui nous ont appris à nous enraciner en ce continent. Les peuples autochtones sont nos racines les plus profondes en terre d'Amérique.
Aussi est-il indigne d'un pays comme le nôtre, si fier de ses réalisations et de son rayonnement dans le monde, de ne pas reconnaître à juste titre la contribution inestimable des peuples autochtones à notre histoire, à notre originalité et à nos projets d'avenir.
En cette Année de l'ancien combattant, l'occasion idéale nous est offerte de rendre hommage aux membres des communautés inuit, métisse et des Premières nations, qui ont combattu aux côtés de leurs compatriotes canadiens et des Forces alliées lors des deux grands conflits du siècle dernier. C'est aussi l'occasion de rappeler haut et fort, tant à la population canadienne qu'au monde entier, leurs gestes héroïques.
Que jamais on n'oublie leurs sacrifices consentis au nom de liberté et de la justice. Il m'apparaît inacceptable que des citoyennes et des citoyens de ce pays soient laissés pour compte dans nos livres d'histoire et dans notre mémoire collective.
C'est pourquoi je suis si heureuse de constater que des jeunes font partie de votre délégation et qu'ils iront avec vous sur les lieux de bataille et de sépulture. Leur présence parmi vous servira à perpétuer la mémoire de ces temps douloureux mais lointains, où des femmes et des hommes ont tout laissé derrière eux, familles et amis, pour franchir l'océan et libérer d'autres femmes et d'autres hommes de la tyrannie.
Je partage avec vous la conviction que la guérison vient de notre capacité à reconnaître et à transcender nos peines et nos pertes. Et de notre volonté de faire triompher les forces de la création des forces de la destruction. C'est en ce sens que les cérémonies spirituelles que tiendront vos aînés en vue de rapatrier l'esprit de tant de guerriers morts au combat prend toute leur valeur pour nous et pour les générations à venir.
Je me réjouis de constater que vous tiendrez d'autres cérémonies spirituelles dans vos communautés d'origine à votre retour d'Europe. Ainsi, chacune et chacun pourra accueillir chez lui l'esprit des guerriers qui n'ont pas pu faire le voyage de retour.
Cette tournée spirituelle autochtone revêt, à mes yeux et dans mon cœur, une importance capitale. Car elle répare une injustice de l'histoire et inscrit à jamais dans notre mémoire notre gratitude à l'endroit de nos anciens combattants autochtones. Nous avons encore tant à apprendre des oublis de l'histoire, et cette première étape que nous marquons aujourd'hui vers le voyage de la reconnaissance est un geste d'ouverture et d'espoir pour l'humanité entière.
C'est pourquoi je tenais absolument à vous accompagner et vivre avec vous cette page décisive de l'histoire de notre pays.
Merci beaucoup.
