Son Excellence la très honorable Michaëlle Jean - Discours à l’occasion du dévoilement de la Batterie Prince Edward pour la célébration du 150e anniversaire de l’incorporation de Charlottetown

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Charlottetown, le mardi 8 novembre 2005

Nous sommes venus ici aujourd’hui pour le re-dévoilement d’un élément important du patrimoine de l’Île-du-Prince-Édouard, et de Charlottetown.

Pendant des années, les canons de la Batterie Prince Edward ont protégé la ville contre les possibilités d’invasion. Ils ont également servi à souligner les dates importantes de l’année et à saluer les dignitaires de passage. Grâce à cet armement, les canonniers qui étaient stationnés ici vers la fin des années 1800 et le début des années 1900 ont pu remporter de nombreux prix nationaux d’artillerie.

Ces canons et les soldats dévoués qui ont servi ici ont joué un rôle non négligeable dans l’histoire de cette province, et dans l’histoire du Canada. Et aujourd’hui, c’est à la PEI Colonial Militia Association que l’on doit la renaissance de cet important lieu historique.

Je tiens à féliciter les membres de cette association pour leur détermination et pour les efforts qu’ils ont déployés afin de recueillir les fonds nécessaires à la réalisation de ce projet. Votre fierté civique est non seulement digne de louanges; elle est aussi une source d’inspiration pour toutes les Canadiennes et tous les Canadiens qui ont à cœur de se donner pour le bien de leurs collectivités.

Vous avez vu juste en nous permettant de marquer de cette façon particulière le 150e anniversaire de l’incorporation officielle de Charlottetown, qui avait eu lieu en 1855. Ce lieu même où nous célébrons cet anniversaire a connu sa part d’histoire.

Il y a eu tout d’abord les premiers Mi’kmaqs venus s’établir ici, il y a plusieurs milliers d’années, dans ce qui est aujourd’hui l’Île‑du‑Prince‑Édouard.

Beaucoup plus tard, les premiers Européens à y installer une colonie ont été les Français, en 1720, à Port La Joye, qu’on peut voir au loin, de l’autre côté du port.

En 1758, les Britanniques se sont emparés de Port La Joye et de toute  l’île. Ils y ont construit le fort Amherst sur l’emplacement de Port La Joye, et la capitale de la nouvelle colonie a été implantée là où se trouve aujourd’hui Charlottetown.

Évidemment, Charlottetown n’en avait pas fini avec la guerre. En 1775, deux corsaires américains ont pillé la petite colonie, s’emparant du sceau official de la colonie et prenant des habitants en otage.

Et voici ce qui nous ramène à la Batterie Prince Edward. En 1805 – il y a deux cents ans – les Britanniques ont édifié cet ouvrage ici, au « fort Edward », afin de renforcer la défense du port.

Tout cela pour dire que, même si Charlottetown a été officiellement incorporée en 1855, c’est une collectivité qui est évidemment beaucoup plus ancienne.

Certes, aucun récit historique ne saurait rendre justice à la valeur des réalisations d’une collectivité. Ce ne sont pas les dates dans un livre d’histoire qui peuvent refléter les peines et les victoires des premiers fermiers qui se sont installés ici pour commencer à travailler la terre, après l’arpentage qu’avait effectué Samuel Holland dans les années 1760.

En cette année d’anniversaire toute spéciale, les gens de Charlottetown et même de l’île tout entière, ont bien des raisons d’être fiers. Vous avez su, au cours des siècles, vous bâtir un chez-soi remarquable et en faire un lieu  prospère et progressif, qui est axé sur l’agriculture, cette activité traditionnelle de longue date, mais qui est en même temps résolument tourné vers l’avenir.

J’aimerais profiter de l’occasion pour remercier les gens de l’Île‑du‑Prince-Édouard pour le chaleureux accueil que vous nous avez réservé, à moi et à ma famille.

Je suis venue ici avec le sentiment d’avoir un lien avec ce lieu, étant moi-même originaire d’une île, et je dois avouer que je n’ai pas été déçue. Autant votre province est magnifique, autant j’y ai trouvé les gens intéressants, agréables et attachants.

J’ai apprécié les conversations que j’ai eues durant mon bref séjour ici avec des représentants élus, avec de nouveaux citoyens canadiens, avec des chefs de file communautaires et avec les habitants de l’Île-du-Prince-Édouard.

Je n’oublierai pas les points de vue et les expériences humaines dont vous avez bien voulu me faire part et qui aiguiseront et influenceront ma pensée sur de nombreuses questions. Ce que j’ai entendu ici aura également une influence sur le dialogue que je compte engager avec d’autres Canadiennes et Canadiens.

Je vois cela comme un dialogue entre citoyens égaux.

Je veux donner voix à celles et à ceux qui n’ont pas nécessairement la chance de prendre part à la conversation nationale. Parce que j’ai moi-même vécu des moments pénibles dans ma jeunesse et que plus tard, comme journaliste, j’ai fait des enquêtes sur des cas d’injustice, je sais à quel point il peut être difficile pour les plus vulnérables de trouver une voix. C’est là que je veux me rendre utile.

Je voudrais également inviter les Canadiennes et les Canadiens à prendre part au dialogue. Chacune et chacun de nous a des expériences à partager, a des idées à apporter, a un rôle à jouer pour faire du Canada un pays encore meilleur.

J’ai bon espoir que vous accepterez cette invitation. Que vous vous joindrez à moi pour briser les solitudes qui divisent encore les Canadiens, et que vous travaillerez à l’édification d’une société où toutes les citoyennes et tous les citoyens jouiront des mêmes droits et des mêmes perspectives d’avenir.

J’espère que je peux compter sur vous dans les semaines et les mois qui viennent pour que, ensemble, nous puissions écrire une autre page de l’histoire de cette ville, de cette province et de ce pays.

Merci beaucoup!