Ce contenu est archivé.
Rideau Hall, le mardi 22 novembre 2005
Marie-Éden, son papa et moi-même sommes heureuses de vous accueillir à Rideau Hall pour célébrer les livres destinés à la jeunesse. Grâce aux histoires qu’ils nous racontent et aux illustrations qui nous font rêver, ces livres nous transportent dans un monde merveilleux où tout est possible et à notre portée. Marie-Éden me disait l’autre soir : « Regarde, maman, j’entre dans un livre ».
Entrer dans un livre, c’est pénétrer dans un monde où les animaux parlent la même langue que nous, où nous pouvons marcher sur la lune avec Tintin, ou visiter de nouvelles planètes avec le Petit Prince. Je me souviens que, lorsque j’étais moi-même enfant, mon père et moi lisions ensemble les aventures de ce petit prince pour qui « l’essentiel est invisible pour les yeux » et je me rappelle encore de la fascination qu’exerçait sur moi le dessin du boa ayant avalé un éléphant. C’est tout un nouveau monde qui s’ouvrait à moi par le seul pouvoir des mots et des images.
C’est un monde de l’imagination auquel les enfants accèdent avec une si belle spontanéité et que nous, adultes, aurions intérêt à retrouver de temps à autre. Les lectures d’enfance sont parmi les plus prenantes. Elles ont le pouvoir de nous apprendre des choses en nous divertissant, de nous faire franchir les limites de l’espace et du temps en tournant les pages. Parfois, elles ont même le pouvoir de changer le cours d’une vie. Parler de ses lectures d’enfance, c’est souvent parler de ses premiers émerveillements.
En Haïti, le pays où Marie-Éden et moi-même sommes nées, les livres sont rares, et les bibliothèques presque inexistantes. La rareté des livres les rendent d’autant plus précieux. Nous étions souvent plusieurs penchés sur un même livre dont chacun des mots et chacune des images étaient un appel vers l’ailleurs. C’est-à-dire vers un monde que nous étions libres d’imaginer à notre guise.
Au Canada, ne pas avoir accès aux livres et à la lecture est dénoncé comme une injustice. Et nous ne voulons pas, et avec raison, que des enfants chez nous en soient privés. Je salue le travail de nombreux groupes et de toutes ces personnes qui cherchent à contrer l’analphabétisme et qui consacrent temps et énergie à éveiller chez les autres le goût de la lecture, un mot à la fois. Et chaque nouveau mot est une conquête. Lire est une merveilleuse aventure.
Je suis heureuse que plusieurs élèves des écoles Francojeunesse, Bayview, Samuel Genest et Frank Ryan soient ici aujourd’hui. Tous ces enfants vont participer ce matin, ici-même, à des ateliers au cours desquels ils exploreront différents aspects de la production des livres.
C’était le souhait de Marie-Éden que vous soyez de cette fête du livre pour célébrer celles et ceux qui ont mérité cette année les Prix littéraires du Gouverneur général pour la jeunesse. Joignez-vous à moi pour féliciter Camille Bouchard et Pamela Porter qui ont écrit respectivement Le ricanement des hyènes et Crazy Man. De même que Isabelle Arsenault et Rob Gonsalves qui ont illustré respectivement Le cœur de monsieur Gauguin et Imagine a day. Je suis sûre que, comme Marie-Éden et moi, vous aurez envie de découvrir leurs histoires captivantes et leurs illustrations saisissantes.
Les livres sont des compagnons de liberté. Parce qu’il n’y a pas plus grande liberté que celle que nous procurent les livres. Que vous soyez à la maison, au parc ou dans votre lit, vous pouvez ouvrir un livre et vous échapper dans un autre monde. Là, entre les pages, personne ne vous empêchera de voler au sommet des arbres, de vaincre les pirates, de vous lier d’amitié avec l’abominable homme des neiges ou de changer le monde d’un coup de baguette magique.
Les livres sont ainsi faits qu’ils nous permettent de rêver ce que l’on veut en toute liberté sans que personne ne puisse nous en empêcher. C’est pourquoi Marie-Éden et moi-même les aimons tant et que nous aimerions beaucoup que vous les aimiez aussi. De plus, la lecture crée entre les adultes et les enfants une grande complicité où s’abolit la frontière entre le réel et le merveilleux.
Nous vous souhaitons de belles lectures et de belles découvertes. Et nous disons : « Bravo! » à celles et ceux qui conçoivent et publient les livres pour notre plus grand bonheur.
Merci.
