Ce contenu est archivé.
France, le dimanche 30 octobre 2005
Nous sommes ici réunis sur les lieux du sacrifice ultime. Celui qui consiste à risquer sa vie pour que d'autres puissent retrouver la liberté. Mon cœur se serre quand je pense que, sous chacune de ces pierres tombales, reposent les corps de tant de nos soldats canadiens, dont l'esprit continue de vivre dans la mémoire des femmes et des hommes libérés par eux et dans notre mémoire à nous qui les honorons aujourd'hui. C'est toute une jeunesse qui repose ici. Certains n'avaient pas vingt ans.
Parmi eux, des membres des communautés inuit, métisse et des Premières nations ont joué un rôle vital pour contrer la tyrannie dans une Europe alors ravagée. Celles et ceux qui ont été libérés par eux ne l'ont pas oublié. Leurs descendants non plus, qui nous rappellent que pour leurs grands-parents, le mot « Canadien » était souvent synonyme de « libération ».
C'est le 6 juin 1944 que commença l'invasion de la Normandie et la violente campagne qui s'ensuivit. Une campagne dont les cicatrices sont encore apparentes autour de nous et qui a entraîné la mort de près de 20 000 Canadiennes et Canadiens, dont plus de 2 000 se trouvent ici, au cimetière de Bény-sur-Mer.
Il importe pour vous, pour nous et pour les générations à venir, de rapatrier l'esprit de tant de guerriers morts au combat. Ces cérémonies spirituelles émouvantes que tiennent vos aînés servent justement à ramener chez nous l'esprit de celles et ceux qui n'ont pas pu faire le voyage de retour.
Je crois comme vous que la guérison vient de notre capacité à reconnaître et à transcender nos peines et nos pertes. Il va aussi de notre volonté de faire triompher les forces de la création des forces de la destruction. Cette tournée spirituelle que nous effectuons ensemble est une occasion rare de rappeler haut et fort, à la population canadienne comme au monde entier, les gestes héroïques de nos anciens combattants autochtones. Je serai toujours à vos côtés.
Je suis si touchée d'être ici. Que jamais on n'oublie la somme des sacrifices consentis au nom de la liberté et de la justice. Et que les plus jeunes parmi vous préservent à jamais la mémoire de ces temps douloureux mais lointains, où des femmes et des hommes ont tout laissé derrière eux, pays, familles et amis, pour franchir le grand océan et aider d'autres femmes et d'autres hommes qu'ils ne connaissaient même pas à sortir de la tyrannie. Il est juste que l'histoire rende compte de la grandeur de leur contribution.
Ils étaient dans la fleur de l'âge … Ils ont servi et donné leur vie.
Nous promettons de porter leur flambeau et de ne jamais oublier, malgré la fuite du temps.
Grâces leur soient rendues aujourd'hui.
