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Minneapolis (Minnesota), lundi 27 avril 2015
Je suis ravi de me joindre à vous, ici, dans les villes jumelles.
L’allocution d’aujourd’hui est judicieusement intitulée : « Les étoiles du Nord ». Voilà une description sur mesure pour le Canada et le Minnesota!
Compte tenu de nos positions géographiques semblables – le Minnesota, dans le Nord des États-Unis, et le Canada, en tant que pays nordique – et de notre frontière commune, nous sommes liés de près par nos efforts et nos réussites.
Mais, au Minnesota, l’expression « Stars of the North » revêt une tout autre signification si on l’inverse pour évoquer les regrettés et inoubliables North Stars du Minnesota!
Vous connaissez sans doute Lou Nanne?
Lou et moi avons grandi en jouant au hockey à Sault Ste. Marie, et j’ai eu la chance de le rencontrer plus tôt aujourd’hui. Quelle formidable histoire de réussite canadienne, ici, au Minnesota!
Parlant de l’époque où je jouais au hockey, je serais bien mal avisé de ne pas reconnaître le rôle que le regretté Don Peddie a joué dans ma vie. Don était un fier habitant du Minnesota et un recruteur de l’Université Harvard. C’est grâce à lui que j’ai pu étudier à Harvard – une expérience qui a transformé ma vie.
Parlons-en des étoiles du Nord!
Il a su voir l’avenir prometteur d’un jeune joueur de hockey canadien et m’a offert la chance d’une vie.
Le fait de vivre et d’étudier aux États-Unis m’a permis de prendre conscience des possibilités et des avantages qui nous sont offerts quand nous élargissons nos horizons. En fait, je représente bon nombre de ces Canadiens qui ont reçu une éducation internationale de qualité grâce à la générosité et à l’appui d’Américains.
Ici, les affinités sont nombreuses!
Remontons à l’époque de la traite des fourrures – du Québec, le long du fleuve Saint-Laurent, en passant par les Grands Lacs, jusqu’à la frontière du Minnesota. Tel fut le périple de nombreux commerçants. Une fois rendus à destination, est-ce surprenant que certains aient décidé de s’y établir?
Prenez, par exemple, le voyageur canadien et commerçant de whisky, Pierre Parrant, connu sous le nom de Pig’s Eye, la première personne d’ascendance européenne à s’établir, en 1832, là où l’on trouve maintenant St. Paul.
On observe encore aujourd’hui de nombreuses traces de la présence du Canada ici, dans les villes jumelles, et dans l’État. Plus d’un quart de million de citoyens du Minnesota peuvent prétendre à une ascendance francophone, y compris franco-canadienne.
Bien entendu, nos liens ne se limitent pas à l’aspect culturel. Nos liens commerciaux sont aussi florissants.
Laissez-moi vous donner un exemple. J’ai cinq filles et onze petits-enfants. S’il y a une chose que les enfants aiment, ce sont bien les Cheerios!
Les Cheerios, ces simples petits « o » que nous dégustons au déjeuner, sont un bel exemple de réussite partagée entre le Minnesota et le Canada. Bien entendu, les Cheerios ont été créés ici, et ils sont fabriqués ici. Mais depuis longtemps, ce produit contient de l’avoine canadienne.
Les entreprises du Minnesota comme General Mills, 3M et Best Buy assurent une présence importante au Canada. Pour sa part, le Canada fournit au Minnesota 75 % de son pétrole brut. Par ailleurs, l’énergie hydroélectrique renouvelable du Manitoba fournit plus de 10 % de l’alimentation électrique au Minnesota.
Plus d’un million de Canadiens visitent le Minnesota chaque année et près de 175 000 emplois dans cet État dépendent des échanges et des investissements avec le Canada.
Je pourrais continuer ainsi longtemps, mais comme vous le voyez, le Minnesota, les villes jumelles et le Canada font rapidement de nouvelles connexions!
Et nous pouvons encore apprendre beaucoup les uns des autres. Aujourd’hui, j’aimerais partager avec vous quelques-unes des leçons que j’ai apprises dans le cadre de mes fonctions de gouverneur général du Canada.
Depuis 2010, j’ai eu la chance d’être immergé dans des cultures des quatre coins du globe. J’ai visité 31 pays et j’ai pu observer les nombreux liens de collaboration du Canada avec le monde.
Le Canada tisse non seulement des liens dans le milieu des affaires, mais aussi dans les domaines de la recherche, de l’innovation et de l’éducation.
En fait, j’ai pu observer les différents avantages tangibles qui découlent de l’échange des connaissances à l’échelle transfrontalière, ce que je me plais à appeler la diplomatie du savoir.
J’ai appris à regarder la réalité sous différents angles et à garder l’esprit ouvert face aux nouvelles possibilités.
Par exemple, quelles leçons pouvons-nous tirer ici même, au Minnesota?
La réponse réside dans l’importance que vous accordez à la collectivité.
Il y a bien entendu le fameux « Minnesota Miracle » des années 1970, qui a changé la destinée de nombreuses personnes. Certains d’entre vous, ici même, sont sans aucun doute les bénéficiaires de ce courant de pensée novateur. Et jusqu’à ce jour, les gens d’ici se sont efforcés d’édifier une collectivité plus sensible et plus intelligente.
Le partage des ressources au profit de la collectivité dans son ensemble est une idée facile à concevoir, mais difficile à mettre en pratique.
Toutefois, si je dois retenir une chose qui m’impressionne des citoyens du Minnesota, c’est bien leur nature généreuse et intègre.
Et ce n’est pas quelque chose que j’ai appris durant ma présente visite. Il y a plusieurs années, mon ami Donald Love, un entrepreneur immobilier canadien, voulait que son entreprise prenne de l’expansion au Minnesota. Les projets qu’il a accomplis ici ont en fin de compte mené à la construction du centre municipal du centre-ville de Minneapolis.
À son arrivée, il a immédiatement été invité à se joindre à ce qu’on appelait alors le « Club des 1 % », dont les membres acceptent de verser chaque année 1 % de leur valeur nette ou 5 % de leur revenu, pour le bien commun.
Don a été vivement impressionné par cette initiative à laquelle il a participé avec empressement. Les Canadiens aussi se sont montrés généreux et innovateurs par leurs contributions, et il a constaté avec ravissement que le fait de donner en retour faisait partie de la culture ici, au sud de la frontière.
L’innovation, l’éducation, le bénévolat, la philanthropie, des familles épanouies – voilà les ingrédients d’un monde meilleur.
Je viens d’expliquer comment nous bâtissons le capital social. Mais comment pouvons-nous le maintenir et le renforcer?
La réponse réside dans notre quête pour l’égalité et l’inclusion sociale.
Laissez-moi vous expliquer.
Au Canada, nous nous efforçons de travailler ensemble et avec les autres – et nous avons la chance de vivre dans l’un des pays les plus diversifiés du monde. Il y a quarante ans, le Canada est devenu le premier pays à se doter officiellement d’une politique sur le multiculturalisme. Aujourd’hui, cette diversité est devenue l’essence de notre identité nationale et une source de grande fierté pour les Canadiens. Elle nous procure aussi un solide avantage sur la scène internationale.
Une chose est certaine : notre réussite future en tant que nation prendra source dans la force que nous puisons de la diversité. Et pour comprendre nos forces, nous devons faire preuve d’écoute les uns envers les autres, et communiquer de façon assidue et durable.
J’ajouterai ceci : nous devons aussi collaborer de façon assidue et durable.
Et il n’y a aucune excuse pour ne pas collaborer. Les communications sont plus rapides, plus faciles et plus abordables que jamais. Nous devons tirer parti de l’époque dans laquelle nous vivons, une époque caractérisée par d’innombrables changements, risques et possibilités, où tout se joue à l’échelle internationale.
Nous devons repousser les limites de notre savoir et aiguiser nos modes d’apprentissage et de partage des connaissances.
Les nouvelles découvertes sont rarement faites en isolement, comme ce fut peut-être le cas pour la génération précédente. Aujourd’hui, elles sont plus souvent le fruit d’une collaboration entre les écoles et les établissements de recherche, le secteur privé et les gouvernements, et, de plus en plus, entre les nations.
Les nombreux liens qui nous unissent sont historiques, culturels et économiques. Mais ce sont le dialogue et les liens entre les personnes qui susciteront de nouvelles réussites et qui renforceront nos collectivités.
C’est par la mise en commun de nos connaissances que nous devenons non seulement des partenaires, mais aussi des amis.
Je crois que le Minnesota est un terreau fertile en innovations et en solutions créatives. On y observe à la fois la réussite économique et un riche capital social. Je vois dans cet État le berceau d’un monde meilleur, qui donne à chacun la chance de réaliser son véritable potentiel. Je vois le Minnesota comme une source d’espoir et d’inspiration, pour les autres États et les autres pays.
Le Canada et le Minnesota sont les « étoiles du Nord ». En tant qu’étoiles, il est naturel d’unir nos efforts pour que le Canada et les États-Unis deviennent plus équitables et justes, plus avertis et bienveillants.
Cela étant dit, continuons à échanger, à forger de nouveaux liens et à apprendre les uns des autres.
Merci.