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Ottawa (Ontario), le jeudi 27 juin 2013
Je vous remercie de me recevoir si chaleureusement. Je suis absolument ravi de prendre part à cette conversation sur le 150e anniversaire du Canada — un événement des plus merveilleux pour notre pays.
La rencontre d’aujourd’hui marque la fin d’une série de conférences qui ont été tenues sur ce thème d’un bout à l’autre du Canada, au cours des derniers mois. En tant que gouverneur général, j’ai moi aussi le privilège de rendre visite à différentes collectivités de toutes les régions du pays. Alors, je tiens d’emblée à dire ce que nous savons tous très bien :
Quel pays remarquable que le nôtre!
Malgré les véritables défis auxquels nous faisons face, le Canada est l’une des fédérations les plus accomplies et les plus durables du monde. C’est vraiment un grand privilège que d’être Canadien.
C’est dans cet esprit que j’ai développé trois questions primordiales qu’il convient de nous poser dans la perspective du 150e anniversaire de la Confédération, qui sera célébré en 2017.
Premièrement, la question qui nous intéresse tous : comment honorer le mieux notre pays à l’occasion de cet anniversaire important?
Deuxièmement, posons-nous la question suivante : quel rôle les collectivités peuvent-elles jouer pour célébrer cette occasion et miser sur les promesses qu’elle permet d’entrevoir?
Enfin, comment pouvons-nous tirer profit de nos célébrations de ce cent-cinquantenaire et établir un lien entre elles et notre volonté de créer une nation plus avertie et plus bienveillante pour l’avenir?
Ceux et celles d’entre nous qui sommes assez vieux se rappelleront à quel point le centenaire du Canada en 1967 avait suscité l’optimisme et la fierté au pays. Les célébrations avaient été initiées à l’échelle des collectivités, et je crois que nous avons tout intérêt à continuer de compter sur l’énorme potentiel de cette démarche pour guider nos efforts.
Si je dis cela, c’est pour plusieurs raisons.
Entre autres, parce que cela correspond à notre histoire et à nos traditions multiculturelles. Le Canada a été bâti entièrement par des gens vivant et travaillant ensemble dans des circonstances particulières et dans le cadre de cultures et d’environnements divers.
Le Canada est essentiellement le fruit d’une expérience audacieuse de la diversité, ce qui fait qu’une approche fondée sur les collectivités pour les célébrations du 150e anniversaire est tout à fait conforme à cette réalité.
Les collectivités peuvent également nous aider à faire de cet événement un legs durable, grâce à leurs incroyables réserves de talent, de compassion et d’énergie.
Lors de mon installation à titre de gouverneur général, j’ai lancé un appel au devoir à tous les Canadiens, les invitant à participer à l’édification d’une nation avertie et bienveillante, composée d’esprits vifs et de cœurs généreux. J’ai trouvé très intéressant et très inspirant de voir à quel point ce message a résonné à l’échelle locale aussi bien que régionale.
Mon appel a certainement été bien accueilli par Fondations communautaires du Canada, une organisation qui, outre l’appui qu’elle fournit, avec d’autres, au présent événement, a donné une toute nouvelle portée à son programme déjà bien établi de soutien communautaire.
Pareil développement me réjouit et m’inspire. En effet, c’est en créant des collectivités plus averties et plus bienveillantes que nous bâtissons un Canada plus averti et plus bienveillant. À leur tour, ces collectivités nous aident à renforcer nos valeurs, à enrichir et à renouveler nos institutions, et à solidifier notre nation. Il y a maintenant plus de 191 fondations communautaires au pays.
Il importe de souligner que les effets plus larges du changement à l’échelle de la collectivité sont exponentiels. Car les bonnes idées et les initiatives intéressantes se répandent à travers le pays, améliorant des vies dans d’autres villes et municipalités, souvent à un degré que nous n’aurions jamais pu imaginer.
En d’autres termes, on pourrait comparer cet impact à une multiplication plutôt qu’à une simple addition. Comme vous le savez, une collectivité dynamique et bienveillante peut avoir des répercussions qui vont bien au-delà de ses limites géographiques, tout comme un seul individu peut, sans en être conscient, changer les choses pour le mieux au profit d’une multitude de gens, et non pas seulement de sa famille, de ses amis et de ses collègues.
C’est la raison pour laquelle je suis convaincu que nos collectivités peuvent nous guider sur le bon chemin en vue des célébrations de 2017 et après.
Parlons maintenant de nos défis. Bien que nous soyons plutôt comblés dans ce pays, il n’en demeure pas moins que beaucoup trop de Canadiens sont démunis et vivent dans le besoin. Sans vouloir énumérer la longue liste des problèmes auxquels nous sommes confrontés, je tiens toutefois à rappeler que nous nous concentrer sur nos quartiers et nos collectivités pour savoir quel travail il nous reste à faire.
Ayant visité chaque province et chaque territoire de notre vaste pays, j’ai été frappé de constater que, bien souvent, les plus grands besoins ont donné lieu aux plus grandes réussites.
Le Canada jouit d’une richesse considérable, mais la pauvreté y est encore beaucoup trop présente. Notre nation est axée sur l’apprentissage, mais nous sommes loin de l’accès universel à une éducation de qualité. Nous sommes un pays d’une énorme diversité, et pourtant l’égalité des chances n’est pas encore acquise pour tous.
Nous connaissons nos forces, mais nous sommes également conscients des défis auxquels nous faisons face. Le 150e anniversaire de la Confédération est certes une occasion unique pour les Canadiens de célébrer leur pays, mais également de jeter un regard lucide sur ce que nous pouvons et devons améliorer.
J’aimerais vous raconter l’une de mes histoires préférées de mise en commun des efforts, où une collectivité a su utiliser ses forces et sa générosité pour surmonter l’adversité.
Cette histoire s’est déroulée dans une petite collectivité agricole du sud-ouest de l’Ontario, où mon épouse, Sharon, et moi avons vécu avant de déménager à Ottawa. Un jour, notre voisin, Edgar — un membre aimable et généreux de la communauté mennonite locale — était chez nous pendant que Sharon passait en revue le budget de notre ferme. À un moment donné, elle a demandé à Edgar combien il en coûterait pour remplacer la grange. Il lui a répondu : « Pourquoi voulez-vous savoir ça? » Alors Sharon lui a expliqué qu’elle essayait de réduire les coûts d’exploitation de notre ferme et qu’elle était en train d’examiner la police d’assurance.
À cette fin, elle devait définir un prix au cas où la grange prendrait en feu. Edgar lui a répondu que ce n’était pas nécessaire, car si la grange brûlait, les voisins et les membres de la collectivité offriraient leur temps ainsi que du bois d’œuvre recyclé et se rassembleraient pour la remplacer et ce, gratuitement. Après quelques secondes d’hésitation, il a ajouté : « Inscrivez 2 000 $, parce qu’il faudra de nouveaux bardeaux. »
Dans un certain sens, cette histoire est extraordinaire. Or, partout où je vais dans notre pays, je suis témoin de ce désir d’aider autrui d’une manière généreuse et pratique. J’en suis venu à considérer la « corvée de construction de grange » comme une métaphore de la façon dont nous pouvons bâtir ensemble un Canada plus averti et plus bienveillant.
Notre 150e anniversaire pourrait donc rivaliser, en tant qu’événement donnant une impulsion à l’édification de la nation, avec le centenaire de 1967, année de la création de l’Ordre du Canada et de notre régime canadien de distinctions honorifiques, année d’Expo 67 et de célébrations multiculturelles à travers le pays, pour ne nommer que quelques-uns des héritages de 1967.
Que ce soit en tant qu’individus, collectivités ou nation, nous pouvons tirer profit de cet événement marquant pour entreprendre des « corvées de construction de grange » là où subsistent le besoin et la privation.
En participant à des initiatives locales qui honorent notre passé, qui répondent aux besoins présents et qui sont axées sur l’avenir, nous pourrons rendre un hommage durable au Canada, ce territoire qui nous rassemble.
Merci.
