Discours devant les nouveaux étudiants à l’Université Carleton

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Ottawa, le mercredi 7 septembre 2011

 

J’aimerais d’abord vous souhaiter la bienvenue à l’Université Carleton.

C’est tellement bon de voir une salle remplie de jeunes gens brillants, prêts à plonger dans un univers nouveau et stimulant.

En 1979, j’ai été nommé vice-chancelier et recteur de l’Université McGill; je dois dire que j’étais un très jeune et naïf recteur.

On m’a alors demandé de prononcer un bref, chaleureux et inspirant discours de remerciement. Je me suis donc dit, voilà ce que je dois faire : me lever pour parler, parler pour être entendu, puis m’asseoir pour être apprécié.

Dès le premier mois, l’Université a dû faire face à un train de réductions budgétaires draconiennes. Or, Hydro-Québec offrait à ce moment-là de généreuses subventions d’équipement pour remplacer des appareils manuels par des appareils utilisant l’électricité, une ressource qui était très économique à l’époque. Nous avons donc sauté sur cette occasion en or et remplacé, entre autres, les distributeurs d’essuie-mains dans toutes les salles de toilettes par des sèche-mains électriques.

Fier de cette brillante décision digne du meilleur leadership, je suis allé inspecter ces appareils. Le premier que j’allais voir était installé dans les toilettes pour hommes de l’édifice de la faculté de génie. Je vois donc ce superbe appareil, tout neuf et d’un blanc éclatant. Cependant, je remarque qu’il y a déjà un graffiti au-dessus du bouton d’activation. Voici ce qui était inscrit : « Appuyez sur ce bouton pour un bref, chaleureux et inspirant message de votre recteur. »

En fait, la vie universitaire est pour moi une telle passion que je ne l’ai presque jamais quittée; en tant qu’étudiant, professeur, puis administrateur, j’ai passé la plus grande partie de ma vie et de ma carrière dans des universités. J’avais 69 ans et demi, lorsqu’on m’a demandé de délaisser ce milieu pour devenir un serviteur public à titre de gouverneur général du Canada. Vous ne choisirez sans doute pas tous de faire carrière à l’université, mais c’est vraiment un endroit qui offre de nombreuses possibilités.

Et quel merveilleux choix vous avez fait en optant pour l’Université Carleton!

Depuis près de 70 ans, cette institution est un prestigieux centre d’apprentissage et d’innovation. Partout au pays et à travers le monde, ses anciens diplômés œuvrent dans les arts et les sciences et au service du bien public. Certains apportent même leur appui au gouverneur général quotidiennement! Peu importe où ils sont, tous ces diplômés mettent à profit ce qu’ils ont appris ici pour le plus grand bien de tous.

Après tout, l’expérience universitaire nous permet essentiellement d’évoluer, c’est-à-dire de devenir de meilleurs étudiants, de meilleurs professeurs et de meilleurs citoyens.

En 2017, le Canada célébrera le 150e anniversaire de la Confédération, l’année même du 75e anniversaire de Carleton. Ce seront d’excellentes occasions de nous interroger sur le type de pays que nous désirons, d’en dessiner le parcours pour y arriver et d’exprimer notre gratitude à l’égard de ce qui nous tient à cœur.

Je vous demande donc, aujourd’hui, alors que vous commencez vos études à l’Université Carleton, de porter attention à ce qui est important.

Ayant été président d’universités pendant des années, j’avais l’habitude de raconter l’histoire suivante aux nouveaux étudiants.

Un professeur est devant sa classe, et a en face de lui quelques objets : un grand bocal vide, quelques pierres, une boîte de petits cailloux, une boîte de sable et une cannette de Coke. Au début du cours, il prend le bocal, dans lequel il place les pierres. Il demande ensuite aux étudiants si le bocal est plein. Ils lui répondent que oui.

Le professeur prend ensuite la boîte de petits cailloux qu’il verse dans le bocal, et il secoue un peu le bocal. Bien sûr, les cailloux glissent jusque dans les espaces entre les pierres. Puis il demande à nouveau aux étudiants si le bocal est plein. Encore une fois, ils lui disent oui.

Le professeur prend ensuite la boîte de sable et la verse dans le bocal. Et voilà que le sable remplit l’espace qui reste.

Cette démonstration, dit-il, c’est comme dans la vie. Les pierres sont les choses importantes — la famille, le conjoint, la santé, les enfants et, oui, même l’éducation — tout ce qui est tellement important que si vous le perdiez, ce serait un désastre. Les cailloux, ce sont les autres choses qui comptent, par exemple une maison ou une voiture. Le sable, c’est ce qui reste, les petites choses de la vie.

Si l’on met d’abord le sable dans le bocal, il n’y a plus de place pour les cailloux ni pour les pierres. C’est la même chose dans la vie. Si vous consacrez tout votre temps et votre énergie, aux petites choses, vous n’aurez jamais de place pour ce qui est important pour vous. Prêtez attention à ce qui est essentiel à votre bonheur. Il restera toujours du temps pour les petites choses. Faites d’abord de la place aux pierres, à ce qui est véritablement important. Fixez-vous des priorités. Le reste, ce n’est que du sable.

Il restait un objet sur le bureau du professeur. Un étudiant un peu plus hardi demande : « Et la cannette de Coke? »

Le professeur répond avec un sourire : « N’oubliez jamais de prendre une boisson bien fraiche avec un ami. »

Ce sont vous, les étudiants d’aujourd’hui, qui aurez un impact considérable sur notre avenir. La générosité, la créativité et l’ingéniosité de notre population sont les plus grandes richesses de notre pays. Depuis des générations, les Canadiens font des découvertes qui changent le monde et se donnent sans compter pour le bien d’autrui, améliorant ainsi le monde autour d’eux. Maintenant, c’est à votre tour de laisser votre empreinte sur le Canada, de susciter le changement et d’édifier un pays dont nous continuerons d’être fiers.

Quel que soit votre domaine d’études et quel que soit votre cheminement par la suite, je suis impatient de voir comment vous allez aider à créer un pays toujours plus averti et plus bienveillant, au sein duquel nous pouvons tous travailler ensemble pour le bien de la collectivité.

En terminant, j’aimerais vous donner trois conseils que vous pourriez suivre pour accomplir n’importe lequel de vos buts :

Apprenez. Je n’insisterai jamais assez sur le fait que l’apprentissage se fait tout au long de la vie et que nous devons chercher à accroître nos connaissances là et où l’occasion se présente.

Faites du bénévolat. Découvrez votre collectivité et aidez ceux qui sont dans le besoin; vous ne serez pas déçus par les résultats.

Innovez. Pensez et rêvez grand, car l’avenir du Canada dépend de notre façon de concevoir des idées et des technologies nouvelles.

Pour m’inspirer de l’illustre auteur britannique, George Bernard Shaw, « Certains regardent les choses comme elles sont et demandent ‘Pourquoi?’. Nous rêvons de choses comme elles devraient être, et demandons ‘Pourquoi pas?’ ».

Merci.