Chaque année, le jour du Souvenir, nous prenons un moment pour souligner le sacrifice, le courage et le service extraordinaire de nos vétérans. Nous nous arrêtons pour leur dire merci, pour ce qu’ils ont fait pour notre pays et pour ce qu’ils font encore.
Soixante-quinze ans ont passé depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Nos vétérans y ont gagné de nombreuses batailles, au prix d’immenses sacrifices. Plus de 43 000 Canadiens ont péri et encore plus nombreux sont les hommes qui sont revenus à la maison blessés et meurtris de cicatrices psychologiques que ces années de conflit leur ont infligées et dont on parlait peu à l’époque.
Je suis content d’avoir traversé ce que j’ai traversé, parce que j’en ai plusieurs que j’ai laissés, comme à Caen, à Caen surtout. On a perdu plusieurs compagnons, et on pense à eux souvent.
On est restés amis pour la vie. On formait une famille. J’ai assisté à chacune de leurs funérailles, du Nouveau-Brunswick à Vancouver. On connaissait leurs familles, et ils connaissaient les nôtres.
C’est alors que j’ai découvert que nous sommes tous semblables. Peu importe où on se trouve dans le monde. On rit des mêmes choses. On pleure pour les mêmes raisons.
C’est une chose à laquelle on finit par s’habituer; nos amis qui meurent, et nos connaissances qui se font tuer de manière atroce.
Moi j’avais seulement 17 ans quand je me suis enrôlé. Je me suis fait passer pour 19. À 17 ans, on pense pas à ça, au danger. On ne pense pas à grand-chose.
On avait 20 tonnes d’explosifs dans l’avion. Notre avion a été frappé, puis après ça il est tombé en feu. C’est là que j’ai perdu ma jambe. Mes décisions, c’était toujours, j’ai fait mon possible au moment. C’est tout ce qu’on peut faire.
J’étais le commandant de peloton par intérim. Et à vrai dire, je n’étais qu’un gamin encore. Tout d’un coup, je regarde autour de moi, et il y a tous ces enfants, qui étaient cachés depuis des années parce que si les Allemands les avaient trouvés, ils les auraient malmenés. Mais regarder autour de moi et voir tous ces enfants souriants, ce fut l’un des moments les plus marquants de la guerre pour moi.
On nous a surnommés les Canadiens bienveillants. Je pense que c’est un merveilleux héritage à recevoir. Je trouve que c’est tellement juste.
Parfois, j’étais tellement terrifié que je pouvais à peine voir. Je ne sais pas ce qu’est le courage, vraiment. C’est d’avoir peur. Avoir peur, mais continuer à faire son boulot, même si on est terrifié.
On pensait pas d’être un héros ou de faire le héros. C’était un peu l’aventure.
On est privilégiés d’être Canadiens. Et je ne pense pas qu’on s’en rende compte. On le tient pour acquis.
Meilleur pays du monde. Et ça vaut tout ce qu’on peut faire pour le protéger.
Alors, au fil des ans, on a raconté notre histoire, et je pense que le Canada fait très bien dans la commémoration de la Seconde Guerre mondiale. Et je ne manque jamais une cérémonie du jour du Souvenir, et je participe toujours au défilé.
Nous nous souvenons d’eux.
Aujourd’hui et toujours.