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Ottawa (Ontario), le jeudi 23 avril 2015
C’est un véritable honneur de participer à l’ouverture de cette conférence inaugurale des éducateurs sur la santé mentale. Au cours des cinq dernières années, depuis que mon mari est gouverneur général, j’ai eu le privilège d’observer des dizaines de pratiques novatrices conçues pour aider nos jeunes à traverser l’enfance. Ce n’est pas toujours une étape facile. Les jeunes d’aujourd’hui doivent composer avec des messages sociaux qui peuvent changer leur monde en un instant.
Laissez-moi vous raconter comment des enseignants ont influencé ma propre vie à l’âge vulnérable de cinq ans. J’ai commencé l’école avec un handicap : mes parents venaient de divorcer. À l’époque, c’était une chose rare et difficile à endurer.
En plus, j’ai commencé l’école avec une semaine de retard, après avoir fait enlever mes amygdales.
Dans le temps, tous les enfants devaient prendre une pilule pour le goitre. Je me suis tenue près de la buvette, alors que les enfants faisaient la file, et j’ai pris leur pilule pour eux!
Non, je n’ai pas le goitre inversé depuis, mais je suis devenue populaire malgré un début difficile.
Une enseignante m’a frappée avec une règle pour me punir d’avoir avalé les pilules de mes camarades. Une autre, cependant, m’a fait asseoir et m’a demandé comment je me sentais et ce qui se passait. Je me rappelle des coups, mais c’est la professeure à qui je pouvais parler qui a vraiment changé ma vie. À l’âge de cinq ans, j’étais bien partie pour comprendre la bonne santé mentale. Les éducateurs sont importants.
Imaginez : une fautrice de troubles comme moi devenue l’épouse du gouverneur général. Croyez-moi, c’est en partie grâce à de bons enseignants!
L’un des appels au clairon que mon époux a lancés dans son discours d’installation nous incitait à « chérir nos enseignants », qui jouent un rôle si essentiel dans notre bien-être et notre développement. Tous ceux qui ont remporté du succès dans la vie peuvent nommer une dizaine d’enseignants, de mentors et d’entraîneurs qui ont fait d’eux de meilleures personnes. C’est certainement le cas de mon mari, et il parle souvent de ces gens avec une larme à l’œil.
Dans son discours d’installation, il a révélé les trois piliers sur lesquels il désirait travailler. Celui qui appuyait le bien-être des familles et des enfants est devenu axé sur la santé mentale.
Laissez-moi vous donner deux exemples de ce que j’ai vu et appris au croisement de la santé mentale et de l’éducation, bien qu’il en existe beaucoup.
L’une des initiatives s’appelle Walkalong.ca.
Il s’agit d’un site Web qui vise à aider les jeunes adultes à prendre leur propre bien-être mental en charge. Il a été développé par des chercheurs et des praticiens à l’Université de la Colombie-Britannique, d’après des sondages et des entrevues approfondies avec des jeunes.
Si vous n’avez jamais visité le site Walkalong.ca, vous devriez le faire. Cette communauté permet aux jeunes Canadiens d’échanger, d’établir des liens et de réaliser qu’ils ne sont pas seuls. Il contient même un outil d’auto-évaluation. Le site est régulièrement mis à jour en fonction des commentaires des jeunes, et tout son contenu est approuvé par des chercheurs et des psychiatres de l’Institute of Mental Health. C’est un outil simple et pratique qui fait une véritable différence.
Southeast Collegiate de Winnipeg offre aussi un programme merveilleux aux élèves ojibwe, oji-cris et cris du Manitoba qui ont souffert des effets de l’abus de drogue et d’alcool et du dysfonctionnement familial.
Le programme s’appelle Mino Bimaadiziwin ou « la bonne vie ». David et moi avons visité Southeast Collegiate au début de son mandat. Le directeur d’école de l’époque avait demandé aux élèves de nous faire part de leurs expériences. Nous avons quitté l’établissement avec le sentiment d’avoir été témoins de la relation profonde entre des élèves et des enseignants-facilitateurs. C’était très émouvant de voir comment des élèves ayant vécu de tels traumatismes avaient réussi à développer une si belle estime d’eux-mêmes et à comprendre leur environnement.
Le docteur Stanley Kutcher s’adressera à vous sous peu. En attendant, laissez-moi vous dire que son approche à la fois simple, compréhensible et universelle permet d’améliorer grandement la santé mentale des jeunes. Elle m’a aussi amenée à sortir des sentiers battus.
Il faut de l’imagination pour changer le visage de la santé mentale.
Cette conférence sera une occasion parfaite d’échanger et de découvrir des pratiques exemplaires.
Je terminerai en reprenant les mots de mon mari dans son discours d’installation pour inciter tout un chacun à « chérir nos enseignants ». C’est certes ce que lui et moi faisons. Merci.