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Discussion table ronde pour souligner le premier anniversaire
de la présentation par le gouvernement du Canada d’excuses
officielles aux anciens élèves des écoles résidentielles
Ottawa, le jeudi 11 juin 2009
L’Histoire retiendra les paroles de contrition et de profond regret prononcées il y a un an, jour pour jour, dans l’enceinte du Parlement du Canada.
Ces paroles nées de l’indignation suscitée par la tragique histoire des pensionnats autochtones, où s’entassaient des enfants arrachés à leurs familles et dépouillés de leurs cultures et de leurs langues.
Ces paroles qui témoignaient d’un chapitre douloureux de notre histoire collective, où non autochtones ont été aussi dépossédés d’un héritage qui représente nos racines les plus profondes sur ce continent.
Ces paroles ont résonné à la grandeur du pays pour faire place à des expressions d’espoir.
Ce jour-là, tous « ensemble », pour reprendre le mot du Chef de l’Assemblée des Premières Nations, M. Phil Fontaine, nous avons fait le vœu de combler le fossé que des années d’injustice avaient creusé entre nous.
Nous avons fait le vœu d’inscrire la vérité, si pénible et, osons le mot, infâme soit-elle, dans notre histoire collective, pour ensuite mieux cheminer ensemble vers la réconciliation.
Nous avons fait le choix de miser sur la promesse lumineuse de la vérité, plutôt que de se complaire dans l’oubli et de perpétuer ainsi l’obscurantisme.
Et nos yeux, nos cœurs et nos esprits se sont ouverts à de nouvelles possibilités.
L’Histoire, on le sait, est toujours partielle et souvent partiale.
Il importe d’y revenir à l’occasion et d’y jeter un nouvel éclairage.
La force de notre vivre ensemble ne tient qu’à notre volonté de faire la lumière sur nos zones d’ombres.
Car, j’oserais dire, quand le présent ne reconnaît pas les torts du passé, le futur se venge.
Car avant même de se reconnaître en son histoire, il faut aspirer à en connaître toutes les perspectives, surtout celles injustement et injurieusement occultées.
C’est d’ailleurs en quête d’une même vérité que j’ai moi-même entrepris mon premier voyage à l’étranger, en 2005, à titre de gouverneur général du Canada, pour accompagner d’anciens combattants autochtones sur les champs de bataille des Première et Deuxième Guerres mondiales.
Il m’apparaissait crucial de rappeler le rôle qu’ont joué alors des membres des communautés inuit, métisse et des Premières Nations dans l’avènement de plusieurs pays à la liberté.
Tout comme il m’apparaissait inacceptable que des citoyennes et des citoyens de ce pays, dont les ancêtres nous ont appris à nous enraciner en terre d’Amérique, soient laissés pour compte dans nos livres d’histoire et dans notre mémoire collective.
Il ne faut jamais reculer lorsque l’occasion se présente de réparer une injustice de l’histoire.
Établir la vérité correspond à briser les solitudes entre nous, que trop d’oublis ont accentué.
C’est avec le même esprit d’ouverture et de partage que j’allais récemment à la rencontre de femmes, d’hommes et de jeunes du Nord et de l’Arctique, dont les traditions et les réalisations enrichissent notre territoire depuis des millénaires et imprègnent notre âme nationale.
Chers amis, un an après la présentation des excuses officielles aux anciens élèves des pensionnats autochtones, l’occasion nous est donnée, non pas d’oublier les outrages du passé, mais de les transcender et de créer ensemble une histoire qui nous rassemble et qui nous ressemble.
Oui, la vie nous donne aujourd’hui l’occasion de changer le cours de l’histoire.
Saisissons-la pour que se déploie à la grandeur du territoire toute l’étendue du possible entre nous.
Ce possible est l’expression la plus juste et la plus haute de notre dignité humaine.
