BLOGUE : Aider les artistes urbains, c'est la meilleure chose à faire!

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14 août 2009

par Son Excellence Michaëlle Jean

Le 31 juillet 2009, j’ai passé des heures très émouvantes au studio d’art de l’ihuman Youth Society, au centre-ville d’Edmonton.

J’ai été renversée de voir comment, à travers le programme artistique de cet organisme, le personnel bienveillant offre de la compassion, de l’amour, du soutien et de la compréhension à des jeunes, dont beaucoup ont été victimes de viol, d’attaques ou qui ont connu la mort violente d’un être cher.

Ces jeunes m’ont dit que c’est grâce aux arts urbains qu’ils ont retrouvé confiance en eux et qu’ils ont pris l’engagement de rester sur le droit chemin, malgré les nombreuses tentations.

Et ce que je peux faire, réellement, à titre de gouverneure générale, c’est prendre le temps de les écouter. Ils veulent en fait que les gens leur fassent confiance et prennent leurs idées et leurs questionnements au sérieux, qu’ils les encouragent et valident leurs efforts. Ces jeunes réalisent des choses merveilleuses avec leur travail artistique.

Et enfin, c’est faire part de leurs préoccupations aux décideurs de tous les niveaux, car ils m’ont dit franchement : nous voulons que le gouvernement entende tout ce que nous avons à dire.

À mes yeux, c’est cela la gouvernance.

Car partout au pays — particulièrement dans des espaces de vulnérabilité et de marginalisation — les jeunes Canadiennes et Canadiens puisent leur espoir dans les arts urbains.

Que ce soit le rap, le multimédia, la sculpture, le spoken word, la poésie, le slam, le film, le graffiti, l’animation, la peinture, le théâtre, le locking ou popping, ou les arts urbains, l’art leur donne une nouvelle voix, une occasion de ré-imaginer et de réinventer leur vie, de même qu’un espace où redéfinir et renforcer notre citoyenneté.

Mais ne vous méprenez pas.

Je ne dis pas que toutes les formes d’art urbain possèdent des propriétés aussi miraculeuses que cela.

Pensons seulement au hip-hop commercial ou « gangsta » pour voir que le crime, la violence, la misogynie et l’homophobie sont encore glorifiés dans notre société.

Or, ce que je veux dire, c’est que partout au Canada, des centaines d’artistes urbains nous offrent à toutes et à tous une solution valable à l’attitude trop répandue du « chacun pour soi, chacun pour son clan ». Sans oublier l’espoir qu’ils offrent à notre pays, particulièrement à celles et ceux qui ont été confrontés à de graves circonstances durant leur vie.

En tant que pays, nous devons nous montrer solidaires de ces artistes, car chaque fois qu’un enfant échoue, c’est un échec pour nous en tant que société.

Nous avons cette responsabilité ainsi que les outils nécessaires entre nos mains.

Alors, changeons les choses.