Saint-Jean-sur-Richelieu, le samedi 24 mai 2008

C’est un beau jour que nous vivons aujourd’hui. Un jour qui rappelle celui du 13 novembre 1952.

Il y a 56 ans, mon prédécesseur, le gouverneur général Vincent Massey, inaugurait, comme nous le faisons ce matin, le Collège militaire royal de Saint-Jean.

Ce jour-là, Vincent Massey parla de valeurs.

« Vous allez acquérir ici certaines qualités qui sont peut-être négligées ailleurs, a-t-il dit, à savoir les vertus classiques du devoir, de la discipline et des bonnes manières. »

Ces vertus «classiques» qu’évoquait Vincent Massey peuvent paraître démodées en 2008, mais faisons l’exercice et remplaçons, si vous le voulez bien, devoir par engagement, discipline par souci de contribuer au bien de l’ensemble, bonnes manières par respect et intégrité.

Si le vocabulaire change, l’esprit demeure.

Ce sont des valeurs intemporelles. Des valeurs qu’incarnent encore de nos jours les hommes et les femmes qui font carrière dans les Forces et qu’il m’est permis de côtoyer au quotidien à titre de commandante en chef.

Comme l’a souligné un peu plus tôt votre Commandant, vous, les élèves-officiers du Collège militaire royal, n’avez pas choisi la voie de la facilité.

Les heures sont longues, l’entraînement ardu, les études exigeantes et la discipline constante.

En tout temps, vous devez donner le meilleur de vous-mêmes. Vos supérieurs n’attendent rien de moins de vous.

Pourquoi?

Parce qu’ils savent que vous aurez à mener par l’exemple.

Et mener par l’exemple peut vouloir dire faire passer les intérêts des autres avant les vôtres. Et, parfois, la vie des autres avant la vôtre.

La vie de vos collègues militaires et des soldats sous vos ordres, que vous ne laisserez jamais derrière, quel que soit le danger.

Celle aussi des civils — ces femmes, ces enfants et ces hommes — qui sont privés de leurs droits les plus fondamentaux et que vous assisterez dans le cadre de vos missions.

Ce que vous poursuivez ici, c’est une tradition d’excellence.

La tradition d’excellence qui a fait la réputation de cette institution pendant des années.

Demandez aux anciens de vous parler du Collège avant sa fermeture en 1995, et vous verrez avec quelle fierté ils vous décriront ces années d’études qui ont marqué leur parcours et leur vie.

Plusieurs se souviennent de ces années avec émotion.

L’un d’eux, le général Richard Évraire, qui est parmi nous aujourd’hui, a même écrit une pièce de théâtre inspirée de son passage au Collège militaire royal de Saint-Jean.

Dans cette pièce, qu’il a intitulé Chambre 204, le général parle de la vie au Collège.

De la camaraderie, celle qui rend l’aventure inoubliable et qui réchauffe les coeurs. Vous savez de quoi je parle.

Du bilinguisme aussi, de l’importance de la tolérance et de l’ouverture d’esprit.

Et enfin, de l’égalité des chances pour les francophones.

Permettez que je cite Richard, l’un des personnages principaux de Chambre 204 : « On a encore du chemin à faire, dit-il, mais le francophone peut entreprendre une carrière militaire très profitable, sans compromettre sa langue et sa culture. »

La réouverture du Collège militaire royal de Saint-Jean marque un jalon important dans ce chemin vers l’égalité des chances dans les Forces.

C’est, à mes yeux, une promesse d’avenir.

Une promesse d’avenir que nous faisons à ces jeunes qui choisissent de servir leur pays dans les Forces canadiennes, au nom d’un idéal de justice et de liberté.

Nous leur devons bien cela, vous ne trouvez pas?

Que le Collège militaire royal de Saint-Jean, qui renaît aujourd’hui, soit à la mesure de leur engagement, du souci qu’ils ont d’apporter leur contribution, du respect qu’ils ont pour leur pays et les valeurs qu’il défend.

Que cette institution remarquable, sise dans ce lieu privilégié et chargé d’histoire, soit à la mesure de ce qu’elle a été à ses plus beaux jours, pour notre bénéfice à tous et à toutes.

Et que chacun et chacune d’entre vous soyez à la mesure de votre devise : « Vérité, devoir, vaillance / Truth, Duty, Valour ».

Je vous remercie.