Le 9 février 2023
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Bonjour,
Aujourd’hui, nous abordons un enjeu primordial auquel nous sommes tous confrontés. Je suis reconnaissante de voir autant d’étudiants et de jeunes dans le public. L’un des aspects les plus importants de nos efforts consiste à mobiliser les générations qui seront maîtres de leur propre destinée, et nous devons garder cela en tête.
Je suis ravie d’être de retour en Finlande.
Pendant mes activités professionnelles antérieures, j’ai visité la Finlande à de nombreuses reprises pour travailler avec des partenaires de l’Arctique, à la fois en tant que représentante des Inuits au Canada et en tant qu’ambassadrice au Danemark et aux Affaires circumpolaires.
Aujourd’hui, je suis ici à titre de gouverneure générale du Canada pour représenter mon pays, pour célébrer les liens qui nous unissent et pour renforcer notre amitié. Je suis également ici comme une Autochtone qui considère l’Arctique comme sa maison.
En novembre, nos pays ont célébré 75 ans de relations diplomatiques. Ensemble, nous nous appliquons à renforcer notre coopération scientifique, culturelle et économique. Nous sommes des partenaires de longue date dans l’Arctique, une région confrontée à de nombreux défis. Aucun n’est plus urgent que celui des changements climatiques.
Nous devrons déployer des efforts communs pour rester centrés sur la voie à suivre.
Les scientifiques suivent depuis des années les impacts des changements climatiques dans l’Arctique. Certains impacts sont déjà bien visibles.
Les peuples autochtones résidant dans l’Arctique sont témoins de ces changements, ils ont ressenti et vécu les répercussions des changements climatiques bien avant qu’elles soient portées à l’attention de la communauté internationale. Dans les faits, l’Arctique est l’endroit qui vivait les changements les plus dévastateurs.
Les températures se réchauffent. La glace de mer fond. Le rythme naturel du Nord est bouleversé.
Depuis des millénaires, les Inuits du Canada vivent dans les milieux nordiques, près de l’eau et de la glace.
Lors de premières années d’existence du Conseil de l’Arctique, il était essentiel que les peuples autochtones deviennent des participants permanents de ce forum international. Nous relations les répercussions sur les vies de ces communautés. Nous devons nous rappeler qu’il s’agit d’un enjeu humain.
Aujourd’hui, les pratiques traditionnelles – y compris les modes de déplacement et les lieux de chasse, de pêche et de cueillette – sont bouleversées par le réchauffement de l’Arctique.
Les pratiques traditionnelles ne permettent plus de déterminer si l’épaisseur de la glace est suffisamment sécuritaire pour les pêcheurs et chasseurs, ce qui entraîne des décès et d’autres incidents.
Les Inuits ne sont pas les seuls à en subir les conséquences, et le Canada n’est pas le seul pays affecté – le réchauffement de l’Arctique a des répercussions de grande portée.
Nos actions en tant qu’intendants de l’Arctique, que l’on soit autochtone ou non-autochtone, ont une incidence directe sur la planète.
Récemment, au Canada, nous avons annoncé une stratégie nationale d’adaptation. J’en suis ravie, car l’atténuation n’est plus une option. À l’heure actuelle, nos communautés nordiques ont besoin de soutien pour s’adapter aux changements.
Nous devons nous assurer que lorsque nous pensons à l’adaptation aux changements climatiques, les peuples autochtones et les membres des régions arctiques font partie de la discussion.
Et n’oublions pas que la façon d’agir est aussi importante que les actions elles-mêmes.
Notre collaboration doit se faire sans frontières, entre les nations arctiques et non arctiques, et avec la pleine participation des habitants du Nord, notamment les peuples autochtones.
Les peuples autochtones – les gardiens du savoir planétaire – vivent sur ces terres et en prennent soin depuis des millénaires. Ils peuvent nous apprendre beaucoup de choses sur la conservation, la réduction des émissions, le mode de vie durable et la vie en harmonie avec la terre.
Le cadre stratégique de la Finlande pour l’Arctique couvre la promotion du bien-être et des droits du peuple sami, l’atténuation des changements climatiques et l’adaptation à ceux-ci, les infrastructures, et plus encore. Ces priorités rejoignent celles du Canada.
La Finlande cherche à atteindre la carboneutralité d’ici 2035, et fait figure de leader en matière de lutte contre les changements climatiques. Le Canada a adopté une loi fixant un objectif de carboneutralité d’ici 2050. Nous continuerons à regarder la Finlande comme source d’inspiration, tout en nous efforçant de toujours faire mieux et d’agir plus efficacement pour l’avenir de l’Arctique.
L’arrêt actuel des travaux du Conseil de l’Arctique apparaît comme l’un des principaux obstacles à la réalisation de nos objectifs. Au cours de son histoire relativement courte, le Conseil a relevé de nombreux défis, en devenant par exemple le premier forum international à prendre des mesures contre les émissions de méthane et de carbone noir.
Le président a parlé de la Stratégie de protection de l’environnement arctique (SPEA), qui était en place avant la création du Conseil de l’Arctique. Lorsque nous avons élaboré la SPEA, chaque pays a estimé que nous devions aborder les enjeux de développement durable et de coopération internationale avec les états arctiques. C’est ainsi que nous avons pu négocier le Conseil de l’Arctique, et la Finlande a toujours soutenu le leadership du Canada.
Mais l’invasion de l’Ukraine par la Russie a fait sentir ses effets sur la façon dont nous mettons ce forum international au service du changement. Malheureusement, nous arrivons au premier anniversaire de cette agression inadmissible. Anniversaire qui marque une année de souffrances, de déplacements et de destructions. Qui a donné lieu à une crise humanitaire qui se prolonge et se fait ressentir partout dans le monde. Je vous invite tout de même à l’espoir de retrouver la paix et de mettre fin au conflit.
Cette crise et l’instabilité qui en découle amènent des pays comme le nôtre à trouver de nouvelles façons de faire avancer les questions arctiques. Nous cherchons à concevoir des solutions créatives, en tant que nations arctiques et en tant que leaders dans le domaine des énergies renouvelables et de la durabilité. Cette tendance renforce la nécessité d’un effort collectif et inclusif de la part des gouvernements, des scientifiques, des peuples autochtones et de toutes les personnes qui vivent dans le Nord et qui s’en soucient. Nous avons tous et toutes une part de responsabilité dans l’édification du monde auquel nous aspirons, c’est pourquoi chaque personne doit pouvoir participer à ce processus.
J’aimerais terminer par deux mots dont les sens se rejoignent : sisu, en finnois, et ajuinnata, en inuktitut, ma langue maternelle.
Le mot finlandais sisu peut évoquer la volonté, la détermination, la persévérance et le fait d’agir de manière rationnelle face à l’adversité. Et j’emploie souvent le mot ajuinnata, qui renferme une notion similaire et très importante pour les Inuits.
Quand j’étais enfant, à la fin des discussions entre Aînés de notre communauté, ils se regardaient et disaient ajuinnata, et c’est quelque chose qui est resté gravé depuis mon enfance.
Cela signifie de persévérer face aux obstacles. De ne jamais abandonner. Ces deux mots transcendent la langue et la culture – ils nous relient à notre mission et ils nous rapprochent les uns des autres.
En embrassant les notions d’ajuinnata et de sisu, nous devons trouver des moyens de progresser.
Pour agir maintenant, à un moment où la situation est la plus cruciale.
Pour lutter contre les changements climatiques à la source, en traitant à la fois les symptômes et la maladie.
Pour susciter la collaboration entre les nations arctiques et non arctiques, entre les peuples autochtones et non autochtones.
Je vois en vous les citoyens et citoyennes d’un Arctique rempli de fierté et nos alliés dans les missions exigeantes, mais nécessaires qui nous attendent.
Je suis ici, le Canada est ici, pour cheminer avec vous vers un avenir meilleur.
L’avenir est entre vos mains. Et nous avons confiance en vous. Passons à l’action.
Merci.