Le 29 avril 2022
Sous réserve de modifications
Bonjour,
Permettez-moi de reconnaître que je me joins à vous aujourd’hui depuis Rideau Hall, qui se trouve sur le territoire non cédé du peuple algonquin Anishinabe.
Chacun et chacune d’entre nous a sa propre histoire au Canada.
Nos histoires nous définissent. Elles influencent la manière dont nous interagissons avec nos communautés, notre pays et le monde. Et notre pays est le fruit de toutes ces histoires uniques.
Ma propre histoire englobe ma langue, l’inuktitut, dans laquelle je viens de parler. J’ai dit que nos histoires nous définissent. Elles influencent la manière dont nous interagissons avec nos communautés, notre pays et le monde. Et notre pays est le fruit de toutes ces histoires uniques.
L’histoire de certaines personnes est marquée par le racisme systémique et la discrimination. Ce n’est certainement pas le Canada que nous voulons faire connaître, mais il faut reconnaître ces réalités.
C’est au Nunavik, dans le Nord-du-Québec, où j’ai grandi selon le mode de vie traditionnel des Inuits, que j’ai été confrontée pour la première fois à la discrimination.
Les politiques mises en place par les gouvernements précédents visaient ouvertement à détruire la culture, la langue et les croyances des peuples autochtones, y compris dans mon village en Arctique. Des enfants étaient arrachés à leur famille pour être envoyés dans des pensionnats. Pour d’autres, comme moi, qui fréquentaient les externats fédéraux, il était interdit de parler inuktitut. On nous faisait sentir inférieurs aux autres.
Aujourd’hui encore, les traumatismes générationnels hantent les peuples autochtones.
On peut citer d’autres exemples, d’autres histoires. Les juifs sont victimes d’antisémitisme depuis de nombreuses années dans le monde entier. Les musulmans subissent l’islamophobie. Les Noirs sont jugés pour la couleur de leur peau. Et les sentiments anti-asiatiques se sont intensifiés ces dernières années. Les membres de la communauté LGBTQ2+ sont ostracisés en raison de leur identité et de leur choix amoureux. Les femmes luttent toujours pour l’égalité sur le lieu de travail et dans la société. Et les personnes handicapées peinent à être reconnues, entendues et valorisées.
Tant de minorités visibles et non visibles luttent pour se faire entendre, pour avoir leur place dans la société. Elles veulent avoir les mêmes possibilités que tout le monde. Il est de notre responsabilité de les aider.
Et il y a de l’espoir.
Les Canadiens et les Canadiennes sont conscients de la nécessité d’agir. Nous formons un pays diversifié et notre diversité s’enrichit chaque année. De nombreuses organisations ont entrepris de diversifier leurs effectifs. Et nous nous engageons à soutenir des politiques inclusives et la réconciliation.
Mais beaucoup reste à faire. Et nous devons unir nos efforts.
Ces derniers jours, vous avez discuté du thème du partenariat pour un avenir inclusif. En effet, la collaboration est essentielle à la création de lieux de travail inclusifs et d’espaces sûrs où les gens peuvent assumer pleinement leur identité.
Et je crois en vous, en votre volonté de faire avancer les choses.
Tout au long de l’année écoulée, j’ai fréquemment utilisé un mot en inuktitut – ajuinnata; et je me suis efforcée d’expliquer aux Canadiens et Canadiennes qu’il renferme un concept important et vital pour les Inuits. Et ce mot illustre parfaitement ce que vous faites ici aujourd’hui et ce que vous ferez dans les années à venir.
L’engagement à agir, peu importe la complexité de la situation. À ne jamais abandonner.
À continuer à avancer. À tendre la main. À travailler.
Je tiens à vous remercier tous et toutes pour votre dévouement et votre détermination. Vous personnifiez l’esprit d’ajuinnata dans votre travail.
Un jour, j’espère voir un Canada où les gens vivent en harmonie sans crainte de jugement. Où chaque personne a les mêmes chances d’accéder à l’éducation, à l’emploi ou à des services qui peuvent être tenus pour acquis.
Et j’espère que nous continuerons à favoriser des espaces sûrs pour que nous puissions raconter nos histoires, et enseigner à nos enfants notre véritable histoire, qui n’est peut-être pas toujours réjouissante, mais qui reste fidèle à la vérité.
Œuvrons ensemble à promouvoir une plus grande compréhension et à nous montrer plus ouverts à l’égard des différents peuples qui composent notre pays. Cheminons main dans la main sur la voie de la réconciliation avec les peuples autochtones. Et efforçons-nous de faire du Canada un lieu où chaque personne a sa place sans avoir à renoncer à son identité ou à se sentir inférieure aux autres.
Merci.