65e Conférence parlementaire du Commonwealth

Le 23 août 2022

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Bonjour,

C’est avec un grand respect que je tiens d’abord à rendre hommage au peuple mi’kmaq, qui a habité cette région du monde et en a pris soin pendant des milliers d’années. Je le remercie de nous accueillir dans sa patrie.

Je vous remercie également de m’avoir invitée à prendre la parole à cette 65e Conférence parlementaire du Commonwealth. À toutes celles et à tous ceux qui sont venus ici, d’un bout à l’autre du Canada et du monde, c’est un plaisir de vous voir en personne.

Ce rassemblement est historique. Il est historique, car nous n’avons pu nous réunir de cette façon depuis très longtemps et car nous nous trouvons à un point crucial de l’Histoire. Et les mesures que nous prendrons dicteront la voie à suivre.

Nous sommes confrontés à de nombreux défis, en particulier aux conflits qui sévissent dans le monde. Dernièrement, l’invasion de l’Ukraine par la Russie a retenu notre attention, à juste titre. Mais il y a de nombreux autres pays dans lesquels la guerre, l’oppression et la discrimination chassent les gens de leurs foyers.

Je nous encourage toutes et tous à réfléchir aux populations qui souffrent des répercussions de ces conflits qui se déroulent en Ukraine et dans d’autres régions. Nous devons unir nos efforts pour veiller à ce que les crises qu’elles vivent ne soient pas oubliées et à leur offrir davantage d’aide humanitaire.

Nous devons également en faire plus pour favoriser le dialogue et la paix. Parce que nous avons besoin de stabilité pour lutter contre des problèmes comme l’insécurité alimentaire. L’invasion de l’Ukraine nous a montré à quel point nous dépendons les uns des autres. L’Ukraine et la Russie fournissent à trente-six pays plus de la moitié de leurs importations en blé.

En fait, moins de dix pays fournissent environ 90 pour cent des exportations de produits de base de première importance, comme le blé, le maïs, le riz et les fèves de soja.

Récemment, le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, nous annonçait que nous nous trouvons devant une crise alimentaire mondiale sans précédent. Au cours des deux dernières années seulement, le nombre de personnes touchées par l’insécurité alimentaire dans le monde a doublé.

Nous avons vu que, lorsque le système subit un choc, l’impact se fait sentir dans le monde entier. Avec pour résultat que la nourriture devient moins disponible et que les prix augmentent.

Nous avons du travail à faire nous-mêmes, ici, au Canada. Voici d’ailleurs quelques statistiques sur notre pays :

  • Sept millions de Canadiennes et de Canadiens vivent de l’insécurité alimentaire.
  • Au Canada, les visites dans des banques alimentaires ont augmenté de 20 pour cent depuis le début de la pandémie. Un tiers des personnes qui accèdent à ces banques sont des enfants.
  • Dans le territoire nordique canadien du Nunavut, le taux d’insécurité alimentaire est huit fois plus élevé que la moyenne nationale.

Que faisons-nous pour résoudre ce problème complexe? Nous comptons sur l’innovation et sur l’espoir que les gens font naître chaque jour.

Il y a par exemple des gens qui relèvent le défi posé par les changements climatiques.

En Colombie-Britannique, l’entreprise Dicklands Farms aide à concevoir et à développer une étable laitière à faible taux d’émission qui émettra moins de gaz à effet de serre.

Ici même, à Halifax, l’entreprise CarbonCure, qui a reçu un Prix du gouverneur général pour l’innovation en 2022, s’emploie à recycler et à éliminer le dioxyde de carbone produit par l’industrie du béton, afin de réduire son empreinte carbone.

En plus de l’innovation, on doit aussi être disposé à tenir compte du savoir traditionnel.

Les Mi’kmaq ont un mot. Ce mot est Netukulimk.

Ce mot évoque l’utilisation du monde naturel pour favoriser l’autosuffisance et le bien-être des personnes et de la communauté. On doit pouvoir établir des normes adéquates de nutrition et de bien-être économique sans mettre en péril l’intégrité, la diversité et la productivité de l’environnement.

Autrement dit, ce mot signifie durabilité, au sens traditionnel.

D’un bout à l’autre du pays, nous commençons à écouter les figures autochtones, et il s’agit là d’une étape importante sur la voie de la réconciliation. Les peuples autochtones sont toujours en train de guérir des blessures laissées par des politiques néfastes qui ont ravagé leurs langues, leurs cultures et leurs identités. Le système des pensionnats faisait partie de ces politiques visant à les priver de leur croyance en eux-mêmes.

Il nous reste encore beaucoup de travail à accomplir, mais les peuples autochtones, comme notre planète, comme l’humanité, sont résilients.

Chaque pays est unique, mais je crois que la réconciliation se manifeste partout, car, au fond, la réconciliation signifie écouter les gens.

Il y a une grande diversité de points de vue dans ce monde et, trop souvent, on nous définit selon la couleur de notre peau, la langue que nous parlons, les personnes que nous aimons et notre identité. Nous devons aller au-delà des jugements et donner l’exemple en faisant preuve de compréhension et de respect envers tout le monde.

On doit permettre aux personnes marginalisées, aux personnes qui sont laissées pour compte, aux minorités et aux communautés autochtones de s’exprimer. Tout comme aux personnes déplacées, rejetées, oubliées ou ignorées.

Écoutez-les. Comprenez ce dont elles ont besoin.

Dans vos politiques et vos processus décisionnels, préoccupez-vous des personnes touchées par ce que vous faites. Demandez-vous dans quelle mesure vos actes profiteront non seulement à la majorité, mais bien à la totalité de vos populations.

Avec l’insécurité alimentaire, avec les changements climatiques et avec l’intolérance ambiante, nous ne pouvons pas attendre. Les discussions et les rencontres sont essentiels, mais il est aussi essentiel de passer à l’action. Pour que le travail s’accomplisse, on doit le faire. De nombreuses personnes, dont certaines qui sont dans cette salle, ont déjà commencé à agir. Puissions-nous tous suivre leur exemple. Nous ne pouvons faire ce travail seuls.

Tournez votre attention vers vos voisins d’outre-mer.

Tendez une main amicale à ceux avec qui vous n’avez jamais travaillé auparavant. Le Commonwealth n’est pas qu’un nom, c’est également un but. Une société de nations qui travaillent ensemble et poursuivent des objectifs communs.

Comme je l’ai dit, il s’agit d’un moment important de notre histoire, un moment lors duquel nos balances peuvent pencher d’un côté comme de l’autre. En vous voyant tous ensemble, dans cette salle, j’ai bon espoir que nous pourrons sortir de cette situation plus forte, en meilleure santé, plus unis, plus diversifiés, plus inclusifs et plus accessibles. Nous le devons à notre planète et à nos enfants, la prochaine génération qui racontera notre histoire, le bon comme le mauvais. Chacun de nous a un rôle à jouer pour rendre ce monde meilleur pour tous.

Puissions-nous tous renforcer les liens qui nous unissent au cours des prochaines années.

Merci.