Ouverture officielle du Centre mondial du pluralisme

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Ottawa, Ontario, le mardi 16 mai 2017

 

Le monde est mon pays /
La race humaine est ma race

Ces vers sont tirés du grand poème Creed, du poète et juriste canadien F. R. Scott.

Je crois que ces mots saisissent bien les principes du Centre mondial du pluralisme.

Le monde est votre pays.

La race humaine est votre race.

J’ai eu le plaisir de recevoir à Rideau Hall quelques-uns d’entre vous, membres du conseil du Centre, à plusieurs occasions pendant mon mandat. Et tout ce que vous accomplissez ici m’inspire.

Ce Centre est vraiment un phare d’internationalisme et d’humanisme. Il brille avec intensité.

Merci à vous tous, en particulier à Son Altesse l’Aga Khan, d’avoir fait preuve d’autant de dévouement envers le pluralisme et le renforcement des engagements du Canada à l’égard de cet important enjeu ainsi que du leadership du pays à ce chapitre.

Votre Altesse, la fondation du Centre dans notre capitale est un cadeau merveilleux pour le Canada.

Je parle souvent de l’importance de la diplomatie du savoir dans notre monde. Je la définis comme le processus par lequel des peuples et des cultures distincts améliorent la vie des leurs en partageant leur savoir au-delà des frontières et des disciplines.

L’Aga Khan est un sage apôtre de ce type de diplomatie. Il sait que le succès de notre monde de plus en plus interdépendant se fonde sur des gens de différentes fois, cultures et valeurs qui prônent la tolérance, l’ouverture et la compréhension envers autrui.

L’engagement de Son Altesse envers la diplomatie et le pluralisme est très profond. Je le sais par expérience personnelle. Nous nous sommes rencontrés pour la première fois il y a 36 ans, à l’occasion d’une autre ouverture officielle, à Karachi, au Pakistan. Le cadre était peut-être différent, mais le thème sous-jacent était le même : des gens différents travaillant ensemble pour améliorer la vie des autres.

À l’époque, j’étais principal de l’Université McGill, et j’ai eu le privilège d’assister à la naissance d’un fabuleux partenariat entre l’Université Aga Khan et un certain nombre d’universités nord-américaines, dont McGill.

Ce partenariat a permis au réputé épidémiologiste Walter Spitzer et à son équipe de collaborer étroitement avec leurs homologues pakistanais pour mettre en place un modèle de médecine communautaire fructueux à partir des enseignements tirés par McGill.

Grâce à cette collaboration, le nouvel hôpital de l’Université Aga Khan a pu prendre appui sur l’expérience de McGill pour offrir des services de santé publique au sein de la collectivité.

J’ai été très impressionné par l’audace de cette initiative. Le but était ambitieux : amener le meilleur de la médecine occidentale dans un pays ayant des coutumes et des traditions distinctes.

Cet objectif ne peut être atteint qu’en faisant preuve d’une très grande sensibilité culturelle.

Essentiellement, il s’agit d’un enjeu de pluralisme.

Comment assurer le respect de la diversité tout en partageant des idées et des ressources en vue d’améliorer nos vies et nos sociétés?

Votre mission au Centre mondial du pluralisme est de promouvoir le respect de la diversité comme nouvelle éthique mondiale et comme base d’une citoyenneté inclusive.

J’aimerais prononcer quelques mots sur l’importance de cette mission, ainsi que sur l’occasion unique qu’a le Canada de se poser en tant que chef de file.

D’abord, pourquoi le pluralisme est-il important?

La réponse est aussi simple qu’elle est urgente.

Le pluralisme est essentiel à la paix et à la prospérité à long terme des sociétés du monde entier. Sans engagement envers le pluralisme, la diversité risque de se transformer trop facilement en source de conflit et de division.

Nous avons été trop souvent témoins de ces conflits et de ces divisions.

Alors, que faire?

Formulons un scénario et des démarches pour veiller à ce que la diversité soit bien comprise comme une source de force et de prospérité.

En d’autres mots, (1) nous devons écrire et raconter une histoire captivante.

Et (2) nous avons besoin d’idées et de plans d’action qui permettront à cette histoire de se dérouler.

Si nous voulons faire de la diversité un actif et non un passif, nous devons permettre aux différents peuples d’atteindre leur plein potentiel et de contribuer à la société en tant que partenaires égaux et à part entière. Nous devons donner les moyens aux gens de réussir.

Bref, nous devons nous montrer inclusifs.

Louise Arbour a parlé récemment de son nouveau poste de représentante spéciale du Secrétaire général des Nations Unies pour la migration internationale.

Elle insiste, elle aussi, sur l’importance d’un nouveau scénario en matière de pluralisme.

En entrevue, elle a confié :

« Il faut changer le discours qui exagère le prétendu fardeau de la migration pour mettre en évidence tous les bienfaits que les pays en ont tirés. »

Le pluralisme triomphera si nous sommes en mesure de raconter l’histoire la plus convaincante. Pourquoi? Parce qu’une bonne histoire, c’est bien davantage que des mots.

Une bonne histoire reflète la réalité tout en la construisant.

Une bonne histoire nous permet de repenser nos vies et notre société, d’imaginer des possibilités.

Et une bonne histoire peut nous guider vers les bonnes mesures à prendre pour stimuler le changement — des mesures qui vont dans le sens de notre histoire.

Ici, au Canada, lorsque nous observons et entendons ce genre d’histoire de pluralisme, nous nous rendons compte que, en fait, nous n’avons pas besoin d’une nouvelle histoire, mais bien de nous inspirer de celle, très ancienne, qui se poursuit.

C’est une histoire de partenariat : équilibré, réciproque et respectueux.

Cette histoire ancienne est antérieure au Canada et remonte au moins à l’époque de la Proclamation royale de 1763, qui a posé les fondements des relations découlant des traités entre les Autochtones et les non-Autochtones.

Cette année marque le 150e anniversaire du Canada, mais, comme la Commission royale sur les peuples autochtones nous l’a rappelé il y a un quart de siècle :

« C’est avec les Premières nations que fut négociée la première forme d’entente confédérative. »

Cette négociation reconnaissait que nous devions travailler ensemble pour survivre et prospérer sur ce territoire vaste et difficile. Et c’est ainsi que certaines vérités fondamentales ont commencé à s’inscrire dans la législation :

Nous sommes tous ici pour de bon.

Nous gagnons tous à être des partenaires.

Ces vérités, cette histoire, sont le cœur de notre société moderne et pluraliste.

Écoutez-les, et vous entendrez les débats de la Confédération qui ont eu lieu avant 1867 au sein des assemblées législatives coloniales ainsi que dans les maisons et les lieux de rencontre des gens ordinaires.

Écoutez-les, et vous entendrez les quelque 200 langues d’ici et d’ailleurs qui sont parlées de nos jours au Canada, dont quelque 65 langues autochtones.

Écoutez-les, et vous entendrez un appel à l’action :

Le Canada a l’occasion — peut-être même la responsabilité — de montrer que le pluralisme est viable et qu’il s’agit probablement de la seule voie pour atteindre une paix et une prospérité durables.

Une confédération n’est-elle pas justement un exercice de pluralisme entre une diversité de peuples?

Certains jugent parfois que l’engagement en faveur de la diversité n’est fondé que sur un idéalisme utopique.

C’est tout à fait le contraire. Dans un univers hétérogène, mondialisé et hyper technologique, rien n’est plus pragmatique qu’une société inclusive et pluraliste. La diversité nous permet d’enrichir notre société, de mieux comprendre les autres pays et d’établir des liens avec des gens de partout dans le monde.

Je n’ai pas besoin de vous dire que la complaisance n’a pas de raison d’être ici au Canada. Des actes terribles et violents de rejet du pluralisme se produisent ici.

Lorsque le Canada a connu l’échec par le passé — pensons à la politique désastreuse des pensionnats indiens — c’est parce qu’il a tenté de réduire la diversité et de limiter l’inclusion.

Et, lorsque le Canada a connu le succès, c’est par son engagement en faveur de l’inclusivité — du pluralisme.

La société canadienne est à son meilleur lorsqu’elle reflète sa géographie : vaste, immense et diversifiée.

Le Canada est une expérience en constante évolution pour ce qui est d’assurer le succès de l’inclusivité et du pluralisme. C’est la raison pour laquelle nous sommes bien placés pour raconter l’histoire du pluralisme, non seulement au Canada, mais aussi ailleurs dans le monde.

Et c’est la raison pour laquelle votre travail au Centre mondial du pluralisme est si essentiel à l’expérience canadienne et à la capacité des gens du monde entier de vivre dans la différence — de vivre le pluralisme.

Je vous adresse tous mes vœux de réussite pour votre magnifique quête dans votre superbe nouvelle maison.  

Merci.