Son Excellence madame Sharon Johnston - Cérémonie d’investiture à titre de capitaine de vaisseau honoraire

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Kingston, le lundi 6 juin 2016

 

Merci de votre accueil chaleureux.

J’ai été très honorée, il y a un an, lorsque Christine m’a demandé de devenir capitaine de vaisseau honoraire du Commandement du personnel militaire. J’ai hâte de me retrousser les manches et de me rendre utile comme membre civile des forces militaires.

Les forces militaires ont influencé ma vie de manières inhabituelles. Mon grand-père maternel, qui était ingénieur royal, est mort durant la Grande Guerre. Je ne l’ai jamais connu. Ma grand-mère était une infirmière britannique qui, malgré sa propre perte, s’est occupée des blessés. À la fin de la guerre, elle a immigré au Canada et est devenue chef d’un hôpital en Alberta, où elle a continué à s’occuper des blessés. Mon père a été incapable de s’enrôler durant la Deuxième Guerre mondiale à cause d’un problème de rein, et ce, malgré toutes les astuces auxquelles il a eu recours. Déçu, il est resté à la maison, a fait de l’argent avec une entreprise familiale et est devenu un coureur de jupons, question de prouver sa virilité. Je ne comprenais pas cette forme d’autodestruction à laquelle il s’adonnait, jusqu’à ce que je lise un article d’opinion dans le Globe and Mail écrit par un ancien directeur d’Upper Canada College qui avait souffert de dépression. Il écrivait que la guerre définit la virilité. Comme mon père, il avait été incapable de s’enrôler pour des raisons médicales et il ne se sentait pas à la hauteur. Il s’en est toutefois remis après avoir consulté un psychologue.

Durant mes voyages au pays, souvent avec mon mari, David, votre commandant en chef, j’ai découvert l’impact de la vie militaire sur les familles en visitant les centres de ressources pour les familles des militaires. Cela m’a profondément touchée.

J’ai eu le privilège de visiter des bases et de rencontrer de nombreux membres des Forces armées canadiennes ainsi que leurs familles.

C’est donc un grand honneur pour moi de devenir capitaine de vaisseau honoraire.

J’ai grandi avec des femmes, et notre famille s’entendait pour dire qu’aucun homme n’en valait la peine. Jusqu’à ce que je rencontre David, qui nous conseille d’ailleurs de réserver notre jugement, car les dés ne sont pas encore jetés!

Mes cinq filles sont nées dans un intervalle de sept ans. (C’est un mode de reproduction rapide que je ne recommande pas!) Nous attendons notre treizième petit-enfant. Mon mari était pleinement engagé et n’était pas toujours à la maison pour sortir les poubelles, alors je comprends quel genre d’incidence une carrière chargée et concurrentielle peut avoir sur une famille. Je pourrais ajouter que mes cinq filles, qui sont toutes mariées, vivent la même chose aujourd’hui.

Avec cinq filles et tout ce que cela implique ainsi qu’un mari à la carrière en plein essor, notre famille avait ses défis. Nous n’hésitions pas à demander de l’aide et avons profité de counselling professionnel axé sur les enfants et les adultes. Il n’y a rien de mal à avoir besoin d’aide. Ce qui est mal, c’est de ne pas en demander.

Le Commandement du personnel militaire supervise les soins aux malades et aux blessés. Notre façon de soigner leur santé physique et mentale et celle de leurs familles est un sujet qui m’importe.

Ma carrière en physiothérapie et ergothérapie a été plutôt courte, à cause du mode de reproduction rapide. Cependant, j’ai commencé ma carrière en psychiatrie infantile, puis j’ai fait mon doctorat en sciences de la réadaptation à l’Université McGill. Je me suis toujours intéressée à la santé mentale, tant chez les enfants que les adultes.

Durant mes cinq années à Rideau Hall, j’ai voyagé partout au pays, pour me renseigner entre autres sur l’innovation dans le domaine de la santé mentale.

Notre façon de soigner les blessés et les malades, ainsi que leurs familles, nous définit en tant que nation.

Récemment, après avoir visité le centre intégré de soutien du personnel à Petawawa, j’ai suggéré une façon de rendre l’endroit plus accueillant pour les personnes qui viennent y chercher de l’aide. J’ai joué un petit rôle dans l’établissement d’un plan pour faire venir, de la Banque d’œuvres d’art gérée par le Conseil des arts du Canada, des objets d’art reconnus et inspirants qui convenaient au centre. Le ministère de la Défense n’a rien eu à débourser et les soldats blessés et malades, de même que leurs familles, peuvent maintenant en profiter. Le centre est devenu une galerie d’art que tous les gens de la base peuvent apprécier. J’aimerais que nous puissions amasser des fonds pour faire de même dans d’autres centres intégrés de soutien du personnel.

Je vous remercie de me donner la chance de servir en tant que civile. Je suis impatiente de vous rencontrer durant la réception et de continuer de vous appuyer dans mes nouvelles fonctions.