Sommet sur la croissance – Forum des politiques publiques du Canada

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Ottawa, Ontario, le mercredi 12 octobre 2016

 

Bonjour à tous.

Je vais commencer par une question :

sommes-nous innovateurs?

Les Canadiens sont-ils innovateurs?

Certains diront que oui et d’autres diront que non. Il existe beaucoup d’articles, de rapports et d’anecdotes qui vont dans un sens comme dans l’autre.

Pour ma part, je constate que les Canadiens sont innovateurs, mais qu’au Canada, il nous manque une culture de l’innovation.

Je pense que le développement d’une telle culture, réalisé en misant sur la mobilisation des talents, nous aidera à dépasser les deux p. 100 de croissance au Canada.

Je vais d’abord vous expliquer ce que j’entends par « innovation ».

Je ne parle pas des inventions.

L’innovation est un processus économique et social, un moyen par lequel la société améliore sa productivité, son organisation et son fonctionnement.

L’innovation apporte de nouvelles façons de faire et crée de la valeur, une valeur qui stimule la croissance.

Aujourd’hui, je veux vous expliquer le processus en six étapes qui, selon moi, permettra de créer une culture de l’innovation au Canada et, par là même, de stimuler la croissance.

Premièrement, nous devons donner une dimension internationale à l’enseignement et à la recherche.

Deuxièmement, nous devons veiller à ce que le Canada soit un centre international pour le talent.

Troisièmement, nous devons aider les personnes laissées pour compte.

Quatrièmement, nous devons avoir des attentes plus élevées pour l’excellence au niveau international.

Cinquièmement, nous devons célébrer nos réalisations ici, chez nous.

Sixièmement, nous devons accorder une place centrale à l’innovation à tous les stades du développement des talents.

C’est simple, n’est-ce pas?

Permettez-moi maintenant d’élaborer.

Premièrement, lorsqu’il s’agit de donner une dimension internationale à l’enseignement et à la recherche.

Nous devrions aider les étudiants à poursuivre une partie de leurs études post-secondaires à l’étranger.

Au Canada, de nombreuses améliorations sont encore possibles en ce domaine.

En effet, selon le tout dernier sondage d’Universités Canada, 3 p. 100 seulement des étudiants canadiens de premier cycle ont étudié à l’étranger durant leur programme d’études.

Selon les répondants, différentes raisons expliquent cette situation, y compris les coûts, les programmes de cours, le manque d’intérêt ou le fait de ne pas comprendre l'utilité les études internationales.

En Australie, 17 p. 100 des étudiants font une partie de leurs des études à l’étranger.

Ce succès découle de l’effort concerté de différents acteurs.

Ensemble, ils font connaître les avantages des études à l’étranger, créent des possibilités et trouvent des options qui tiennent compte des obstacles, comme les contraintes financières et de temps.

Étant donné la solidité de notre système  public d’éducation, je pense que nous pouvons aller plus loin.

Pourquoi est-ce important?

En plus de tout le bagage de connaissances et d’expérience qu’apporte par un tel parcours, les études à l’étranger comportent des avantages pour le Canada.

À l’heure actuelle, le Canada n’est pas une destination de premier choix pour les étudiants étrangers. La présence d’un plus grand nombre d’étudiants canadiens à l’étranger contribuera à rehausser notre image et à établir des réseaux internationaux, contribuant ainsi à attirer plus d’étudiants de l’étranger au Canada.

Il nous aidera aussi à attirer les meilleurs talents, ce qui m’amène à la deuxième étape :

faire du Canada un centre mondial pour le talent.

Selon moi, une avenue prometteuse consiste à soutenir les personnes de talent, à les attirer et à les amener à rester : canadiennes ou non.

Il y a tant de personnes brillantes, créatives et compétentes dans ce pays.

Et il y a tant de personnes talentueuses, dotées de l’esprit d’entreprise dans le monde, qui cherchent un endroit pour donner libre cours à leur talent.

De nombreuses améliorations sont encore possibles.

Prenons par exemple l’ALENA, une question qui nous concerne de près.

Dominic Barton prononcera une conférence en soirée et, comme il l’a souligné, l’ALENA aurait besoin d’une nouvelle « impulsion ».

Nous pourrions faire beaucoup plus pour recruter et retenir les meilleurs talents nord-américains.

Nous pourrions simplifier nos processus d’immigration et assouplir les restrictions à la réinstallation et à la libre circulation des personnes.

Nous pourrions faire preuve de stratégie et cibler par exemple les diplômés du Mexique ou les Canadiens qui vivent à l’étranger.

Nous pourrions améliorer la formation de la main-d’œuvre pour combler les lacunes en matière de compétences.

Nous pourrions nous montrer plus ambitieux dans nos efforts pour bâtir un pays dynamique, éclairé et bienveillant, et apprendre à mieux faire connaître nos réalisations à l’étranger.

Nous pourrions faire tout cela pour qu’un plus grand nombre de gens talentueux viennent au Canada et se rendent à l’étranger à titre d’ambassadeurs du talent canadien.

L’an dernier, après la remise des Prix Innovation du gouverneur général – sur lesquels nous reviendrons plus tard – nous  avons tenu un forum sur l’innovation auquel a collaboré notamment Neil Turok, directeur de l’Institut Périmètre de physique théorique de Waterloo.

Neil a souligné que l’Institut Périmètre a un programme de maîtrise auquel sont inscrits 30 étudiants issus de 21 pays différents.

Ce n’est pas rien : 21 nationalités pour 30 étudiants!

Cet exemple montre comment le Canada peut être un haut lieu du savoir pour des candidats talentueux du monde entier.

« Le Canada doit devenir un aimant qui attire les jeunes gens talentueux, dit Neil. Le monde a besoin de lieux où les gens peuvent réfléchir aux grands enjeux. »

Je suis d’accord avec lui. Le Canada devrait être un endroit où les gens viennent se rassembler pour étudier, faire des découvertes et innover.

Cela ne fera qu’accroître notre prospérité.

Passons maintenant à mon troisième point : un pays bienveillant.

Nous avons certes beaucoup de raisons d’être fiers, mais il nous reste aussi beaucoup de chemin à parcourir.

Revenons à l’éducation, si essentielle à tout ce que nous souhaitons réaliser.

Il y a quelques années, l’OCDE a publié une étude qui classait les pays selon l’accès à l’éducation.

Plus spécifiquement, l’étude permettait de savoir si le niveau de scolarité des enfants était égal ou supérieur à celui des parents.

Il s’agit d’un indicateur de progrès clé.

Le classement était présenté par quintiles. Pour 80 p. 100 des étudiants de la tranche supérieure, le Canada arrivait en tête quant au nombre d'enfants ayant un niveau de scolarité égal ou supérieur à leurs parents.

Toutefois, pour les 20 p. 100 restants, le Canada se situe dans le tiers inférieur.

Par conséquent, un pourcentage important de Canadiens ne bénéficient pas d’un meilleur accès à l’éducation que leurs parents.

Une grande partie de notre population recule.

Nous pouvons faire mieux. Nous devons faire mieux.

Ce n’est pas seulement la bonne chose à faire, mais aussi la chose la plus intelligente à faire. Dans le monde d’aujourd’hui, la seule vraie prospérité est la prospérité commune.

Quatrièmement, nous devons élever les attentes et faire concurrence aux autres pays pour l’excellence internationale.

Qu’est-ce que j’entends par « excellence internationale »?

Quelle que soit la discipline, il faut simplement que les Canadiens tentent de remporter les plus grands honneurs internationaux.

Tout comme aux Olympiques, nous devrions nous mesurer à l’élite mondiale dans tout ce que nous faisons, afin de relever la barre et d’attirer l’attention du monde sur le Canada.

En fait, les chercheurs canadiens ont fait une belle remontée. L’an dernier, 24 Canadiens ont remporté des prix internationaux prestigieux dans le domaine des sciences, du génie, de la santé, de la médecine, des sciences sociales et des lettres et sciences humaines.

Pour l’année de référence 2012, ils avaient remporté 11 prix!

C’est important, car le coût et la complexité de la recherche contemporaine impliquent souvent une collaboration internationale.

Les prix revêtent aussi de l’importance dans un univers mondialisé où la concurrence pour les talents et les ressources est intense.

Rien n’attire mieux les talents et les ressources que le succès sur la scène mondiale et rien ne les incite plus à rester.

Par conséquent, de concert avec les organismes subventionnaires du Canada et des partenaires en recherche et innovation, nous avons créé l’Initiative en faveur de l’excellence mondiale, pour que le travail des Canadiens les plus talentueux soit pris en considération dans l’attribution des honneurs et des prix internationaux.

Comme le dit l’adage : qui ne risque rien n’a rien. Il faut oser.

Cinquièmement : nous devons faire connaître nos réalisations ici, chez nous.

Comme je l’ai dit précédemment, cette année, à Rideau Hall, nous avons procédé à la première remise des prix du gouverneur général pour l’innovation. Six personnes ont été récompensées.

Pourquoi cette remise de prix?

Parce que nous rêvons d’un pays qui rende hommage à ses citoyens les plus créatifs et les plus empathiques et à ceux qui manifestent le plus grand esprit d’entrepreneuriat.

Parce que nous rêvons d’un pays qui rende hommage à ceux et celles qui créent de la valeur, qui bâtissent des collectivités humaines et inclusives et qui améliorent la qualité de vie.

Parce que nous rêvons d’un pays qui rende hommage à ceux qui refusent la suffisance et qui se servent de leur créativité et de leurs compétences.

Nous voulons renforcer la culture de l’innovation au Canada. Certains des meilleurs innovateurs demeurent au Canada et pourtant, nous ne les faisons pas connaître ou nous ne le faisons pas assez. Nous voulons qu’ils soient largement connus, bien au-delà des limites d’une communauté d’innovation ou de technologie.

En les faisant connaître à grande échelle et en soulignant leurs réalisations, nous bâtissons une culture d’innovation, nous la nourrissons. Nous voulons aider tous les Canadiens à adopter une culture au sein de laquelle l’innovation est considérée comme partie intrinsèque de l’identité canadienne, de notre ADN.

En faisant connaître les talents à grande échelle et en soulignant leurs réalisations, nous aidons les gens à comprendre ce que signifie « créer de la valeur » et à dire : « Oui, je peux faire ça, moi aussi. »

En faisant connaître les talents à grande échelle et en soulignant leurs réalisations, nous montrons aux gens que l’innovation apporte du bon, que le changement est un ami et non pas un ennemi et qu’ils peuvent appuyer les initiatives qui améliorent notre vie et notre société. En soulignant la créativité au Canada dans maints domaines, nous voulons montrer que l’innovation est au cœur du progrès de l’humanité.

Trouvez des façons de favoriser et de souligner l’excellence quand vous la voyez. Aidez-nous à passer le message aux Canadiennes et aux Canadiens. Faisons de l’innovation un pilier de la culture canadienne.

Sixièmement et dernièrement : mettre l’innovation au cœur de notre système de perfectionnement des talents.

Qu’est-ce que cette étape sous-entend?

Elle sous-entend tout ce que je viens d’expliquer et plus encore.

Inviter les Canadiens à voir le monde comme leur podium tout en amenant le monde au Canada.

Rechercher les gens les plus talentueux et les intéresser à venir au Canada.

Rehausser le niveau de scolarité et les possibilités d’emploi des Canadiens qui sont les plus vulnérables et qui sont marginalisés.

Se mesurer aux meilleurs sur la scène internationale.

Célébrer nos réalisations chez nous, au Canada.

Tous ces éléments devraient faire partie de notre système de perfectionnement des talents à chaque étape de l’apprentissage et du travail.

Une culture de l’innovation n’est pas le fruit du hasard. Elle résulte d’innombrables gestes quotidiens et d’efforts soutenus au fil du temps. Elle existe parce que nous la rendons vivante. Elle est vivante parce que nous croyons que l’innovation se trouve au cœur de notre identité canadienne. Se demander comment améliorer les choses, puis passer à l’action, fait partie des fondements de notre pays.

En fait, voilà ce que chacun de vous est en train de faire en étant ici aujourd’hui.

Je vous remercie de votre engagement indéfectible envers la croissance et la prospérité du Canada.

Je vous souhaite un sommet des plus instructifs.