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Montréal (Québec), le lundi 6 juin 2016
Je vous remercie de me décerner ce grade honorifique. Votre noble établissement est reconnu pour son caractère innovateur, et je suis profondément touché par cet hommage.
Je suis honoré d’être un ami de l’Université Concordia, l’un des établissements d’enseignement les plus créatifs, avant-gardistes et engagés au pays.
Je suis honoré d’être ici à Montréal et dans cette merveilleuse province où j’ai vécu pendant longtemps avec ma famille.
Et je suis honoré d’être associé à un groupe de professeurs et d’étudiants qui, ensemble, font des choses remarquables pour notre pays et notre planète.
J’ai également l’honneur d’avoir à mes côtés la Dre Nora Volkow qui, comme moi, reçoit aujourd’hui un diplôme honorifique.
Je tiens à vous dire que je suis ravi d’être ici avec vous, les diplômés — mes pairs de la cohorte de 2016. Vous êtes prêts à prendre en main tout ce que l’avenir vous réserve et à forger cet avenir pour le meilleur. Je vous remercie de m’inclure dans ce moment si important dans vos vies.
Northrop Frye — l’un des plus éminents professeurs et érudits de notre pays — a souligné que de recevoir un diplôme d’un établissement d’enseignement supérieur est l’un des quatre moments charnières dans la vie d’une personne — les trois autres étant la naissance, le mariage et la mort. Je crois bien qu’il a raison.
Or, si je suis un enseignant de métier, je ne vais pas vous donner de leçons. Vous en avez probablement assez reçu au cours des dernières années!
Non. La meilleure façon d’enseigner et d’apprendre a toujours été de raconter une histoire. Donc, voici la mienne.
Un professeur de philosophie est devant sa classe et a en face de lui quelques objets : un grand bocal vide, quelques pierres, une boîte de petits cailloux, une boîte de sable et une cannette de Coke Diète.
Il prend le bocal et y place les pierres. Il demande ensuite aux étudiants si le bocal est plein. Ils lui répondent que oui.
Le professeur prend ensuite la boîte de petits cailloux, qu’il verse dans le bocal, puis il secoue légèrement le bocal. Bien sûr, les cailloux se glissent entre les pierres. Puis, il demande à nouveau aux étudiants si le bocal est plein. Encore une fois, ils lui disent que oui.
Le professeur prend ensuite la boîte de sable et la verse dans le bocal. Et voilà que le sable remplit l’espace qui reste.
Cette démonstration, dit-il, c’est comme dans la vie. Les pierres sont les choses importantes — la famille, le conjoint, les enfants, la santé et, oui, même l’éducation — tout ce qui est si important que vous ne pourriez supporter de le perdre. Les cailloux sont les choses qui comptent aussi, mais un peu moins, comme une maison, une voiture ou un emploi. Le sable, c’est ce qui reste, explique-t-il. Ce sont les petites choses de la vie.
Si l’on met d’abord le sable dans le bocal, il n’y a plus de place pour les cailloux ni pour les pierres, poursuit le professeur. C’est la même chose dans la vie. Si vous consacrez tout votre temps et votre énergie aux petites choses, vous n’aurez jamais de place pour ce qui est important pour vous.
Faites attention à ce qui est essentiel à votre bonheur, conclut le professeur. Il restera toujours du temps pour les petites choses. Faites d’abord de la place aux pierres, à ce qui est véritablement important. Établissez vos priorités. Le reste, ce n’est que du sable.
Il restait un objet sur le bureau du professeur. Un étudiant demande alors : « Et la cannette de Coke Diète? » Le professeur répond, avec un sourire : « N’oubliez jamais de prendre une boisson bien fraîche avec un ami. »
Mon histoire est simple et sa leçon aussi. Pourtant, il est bon, régulièrement, d’y revenir et d’y réfléchir.
Le parcours que vous entreprendrez sera rempli de promesses incroyables. Vous débordez de connaissances, de compétences et d’expériences que vous avez acquises ici, dans ce prestigieux établissement d’enseignement supérieur.
Tout comme moi, vous avez le privilège de vivre dans un pays qui valorise la paix, la liberté, la démocratie, la justice, l’équité et l’égalité des chances pour tous. Ces valeurs canadiennes, que nous chérissons et nous tenons souvent pour acquises, vous seront utiles tout au long de votre vie.
Pourtant, tout ce que vous avez acquis ici, à l’Université Concordia, ainsi que ces valeurs canadiennes durables constituent une voie à double sens. Vous devrez donner autant que vous recevrez.
Je vous pose donc la question suivante en vous invitant à y réfléchir : Comment mettrez-vous à profit vos connaissances, vos compétences et vos expériences, ainsi que les valeurs fondamentales sur lesquelles elles reposent, pour bâtir un pays plus averti et bienveillant, pour créer un Canada où vivent les cerveaux les plus brillants et les cœurs les plus compatissants?
Vous vous demandez sans doute : « Pourquoi me pose-t-il cette question? Je commence à peine ma vie professionnelle. »
Je vous réponds ceci : Oui, et vous possédez en vous ce mélange d’énergie, d’ambition et d’idées dont notre pays a besoin. Oui, vous n’en êtes qu’à vos débuts, mais votre pays a besoin que vous utilisiez vos talents dès aujourd’hui. Très prochainement, vous vous engagerez à le faire.
Pour ma part, je me suis donné comme mission, en tant que gouverneur général du Canada, d’amener les Canadiens et les Canadiennes de tous les âges, toutes les régions, toutes les cultures et tous les milieux à s’unir pour mener le Canada sur cette voie de la compassion, de l’inclusivité, de l’innovation et de l’excellence.
Je vous prie donc de vous joindre à moi pour réaliser cette noble mission en trouvant la meilleure façon pour vous de faire de notre pays un lieu plus averti et bienveillant pour toutes les Canadiennes et tous les Canadiens.
Considérez cela comme l’une des pierres à placer dans votre bocal.
Merci.