Ce contenu est archivé.
North Bay (Ontario), le jeudi 31 mars 2016
Permettez-moi de commencer en mentionnant que cette rencontre se tient sur le territoire traditionnel de la Nation de Nipissing.
Quel bonheur de revenir à North Bay!
J’ai de bons souvenirs de cette ville. J’ai grandi à Sault Ste. Marie et je venais jouer au hockey et au football ici, quand j’étais à l’école secondaire. North Bay était toujours un opposant de taille, voire imbattable parfois!
C’est un plaisir d’être ici ce soir avec autant de bénévoles et de membres de clubs philanthropiques de North Bay et des environs. J’ai beaucoup de respect pour ce que vous faites.
J’ai aussi une association personnelle et familiale avec le Club Rotary.
Ma fille aînée, en tant que boursière Rotary, a étudié à l’Université de Hong Kong, tandis que mon neveu a eu une bourse pour l’Université de Genève.
Quant à moi, je serai toujours redevable à la Fondation Rotary, dont la bourse m’a permis d’étudier le droit en Angleterre.
En tant que boursier, j’étais appelé à visiter les clubs Rotary de l’Angleterre, une responsabilité fort agréable. Durant les congés scolaires, je pouvais visiter sept ou huit villes en une semaine pour aller parler du Canada. Quand j’y pense, ça ressemble beaucoup à mon emploi actuel!
J’ai plus d’une dette à rembourser, alors!
J’avais l’habitude de terminer mes allocutions par une vieille chanson de Terre-Neuve-et-Labrador qui, selon moi, illustre toujours une vérité essentielle du Canada. Je ne vous ferai pas souffrir en chantant et dansant, mais le refrain va comme suit :
When I first came to this land
I was not a wealthy man
But the land was sweet and good
And I did what I could.
Ce pays était agréable et bon / Et j’ai fait ce que j’ai pu, dit la chanson. Ces vers pourraient très bien s’appliquer aux gens qui ont vécu à North Bay et dans les environs, à commencer par les peuples des Premières Nations jusqu’à aujourd’hui.
Nous sommes tous très chanceux de vivre dans un pays agréable et bon. Voilà pourquoi il est important de pouvoir dire, quand la nuit tombe, « j’ai fait ce que j’ai pu. »
En tant que citoyens de North Bay dévoués à servir les autres, vous le savez d’instinct.
J’aimerais parler brièvement de votre devoir envers cette ville, et je veux le faire dans le contexte du 150e anniversaire du Canada, en 2017, parce que des plans sont en branle à l’échelle du pays pour célébrer ce jalon.
Si je vous demandais d’offrir un cadeau au Canada pour son 150e anniversaire, ce serait celui-ci :
Jetez un regard nouveau sur vos forces et vos atouts uniques en tant que communauté et imaginez des moyens novateurs de les exploiter.
Comme vous le savez, North Bay possède des forces remarquables, et j’ai pu le constater aujourd’hui en visitant la ville.
Ce matin, j’ai visité la 22e Escadre North Bay, le Secteur de la défense aérienne du Canada.
Ensuite, pendant que Sharon visitait le Centre régional de santé de North Bay et La place des enfants, j’ai participé à une discussion sur l’éducation autochtone à l’Université Nipissing.
Dans l’après-midi, nous avons visité l’École publique Héritage pour en apprendre sur la communauté francophone de North Bay, puis j’ai rencontré des maires et des chefs de la région pendant que Sharon visitait le North Bay Indian Friendship Centre.
Voici mes trois principaux constats après une journée à North Bay :
-
Cette ville est diversifiée et pleine de gens bienveillants et dynamiques qui veulent faire une différence.
-
Cette ville est avertie, et on y trouve des institutions de pointe et des initiatives en lien avec l’éducation, la santé et les forces militaires.
-
Cette ville est unique par son histoire, sa géographie et ses gens, et elle a quelque chose d’unique à offrir au Canada.
Parfois, en jetant un regard neuf sur notre environnement, on trouve des bassins de créativité inexploités. À maintes et maintes reprises dans ma vie, j’ai vu ce processus en action.
Je l’ai vu à Waterloo, où la présence d’universités, de collèges et d’un programme d’enseignement coopératif solide a donné naissance au secteur de la haute technologie de la ville.
Je l’ai vu dans la région de la Chaudière-Appalaches, au Québec, qui est devenue un chef de file dans la production du sirop d’érable grâce à son esprit d’innovation, son sens de l’entrepreneuriat et ses ressources naturelles uniques.
Je l’ai aussi vu sur la Transcanadienne, à Sudbury, avec le SNOLAB, un laboratoire de physique réputé situé deux kilomètres sous terre, au fond d’une mine de nickel!
North Bay a déjà commencé à innover et à exploiter ses forces de façons uniques.
Mais je vous demande ceci : y a-t-il des partenariats que vous n’avez pas encore explorés?
Des projets dont vous n’avez pas encore rêvé?
Des forces créatives qui attendent en coulisse?
Cela me rappelle une histoire que j’ai entendue à propos de Tom Thomson, qui a peint bon nombre de ses tableaux non loin d’ici, dans le parc Algonquin.
Aujourd’hui, Tom Thomson et le Groupe des sept jouissent d’une renommée internationale, mais leur première exposition en Angleterre n’a pas été très bien accueillie.
Elle s’est déroulée dans une galerie d’art sélecte de Londres.
Les peintures ont été vigoureusement descendues en flammes par un éminent critique d’art de Londres.
Il citait l’une des œuvres de Tom Thomson en particulier, le tableau emblématique d’un pin solitaire poussant dans le roc à un angle précaire. Le critique avançait que le tableau n’avait rien de la douceur champêtre, des couleurs apaisantes et de l’élégance d’un Turner ou d’un Constable, les grands peintres paysagistes anglais. Il décrivait le travail de Thomson comme étant cruel, surréaliste et grotesque.
En réponse, un critique moins connu, mais plus perspicace, qui avait contemplé les paysages canadiens de ses propres yeux et en connaissait l’essence, avait déclaré : « c’est exactement l’idée. »
Ce pin solitaire a émergé du granit, a-t-il poursuivi.
Il a dû résister à des températures excessives, de la chaleur intense de l’été aux froids glaciaux de l’hiver.
Il a poussé et s’est épanoui au milieu des coups de vent.
Il est solide, créatif et résilient.
Telle est la nature du Canada, a dit le critique, et cette peinture représente l’essence même du phénomène canadien.
Comme vous le savez, la plupart des critiques se sont éventuellement ralliés à l’idée que Tom Thomson était un génie! Comme son pin, il avait la solidité, la créativité et la résilience nécessaires pour faire quelque chose d’audacieux et différent.
Quand je pense aux villes et villages de notre vaste pays, je pense parfois à ce pin et à toutes les difficultés qu’il connaît, à la créativité et à la résilience dont il fait preuve.
Je pense au Canada.
Maintenant, je vous demande de poser un regard tout neuf sur cette ville et de la voir à nouveau pour la première fois.
Merci.