Cinquantième anniversaire du Bureau canadien de l’éducation internationale (BCEI)

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Ottawa (Ontario), le lundi 14 novembre 2016

 

Quel bonheur d’être ici avec autant de passionnés de l’éducation ouverts sur le monde!

Cette rencontre est exceptionnelle pour au moins deux raisons :

Tout d’abord, il s’agit du 50e congrès annuel du Bureau canadien de l’éducation internationale.

Je suis extrêmement fier de parrainer cet organisme remarquable, qui célèbre aujourd’hui 50 ans d’existence!

Ensuite, c’est la Semaine de l’éducation internationale, l’occasion de réfléchir au chemin parcouru et de réaffirmer notre détermination à adopter une approche internationale de l’apprentissage.

Cette rencontre arrive à point nommé pour une autre raison : je suis revenu du Moyen-Orient la semaine dernière, au terme d’une visite fortement axée sur l’éducation et l’innovation.

Nous nous sommes entre autres arrêtés à Haïfa, en Israël, pour visiter le Technion-Israel Institute of Technology.

Beaucoup d’entre vous connaissent cet institut, qui est l’un des établissements d’enseignement les plus novateurs de la planète. Cette visite m’a rappelé tout ce qu’il est possible de réaliser lorsque l’apprentissage se poursuit au-delà des frontières internationales.

L’une des clés du succès de Technion – et de ceux qui y étudient – réside dans un profond attachement à l’éducation internationale.

Il joue également un rôle central dans le démarrage d’entreprises en Israël. Chaque année, des étudiants, des chercheurs et des enseignants du monde entier passent par celui-ci.

J’ai été heureux d’apprendre que Technion avait conclu de nombreuses ententes de coopération avec des établissements d’enseignement canadiens, dont les universités de Waterloo, de Montréal, de Toronto et de l’Alberta, Polytechnique Montréal, ainsi que les universités York, Concordia et McMaster. Le Réseau universitaire en santé de l’Ontario collabore également directement avec des chercheurs et des cliniciens à Technion. À cela s’ajoutent des programmes d’échanges d’étudiants avec de nombreux autres établissements universitaires canadiens.

Tout cela donne lieu à des réalisations remarquables.

À titre d’exemple, l’année dernière, le Hotchkiss Brain Institute et Campus Alberta Neuroscience ont organisé le symposium Israël-Alberta sur la neuroscience, à Banff, en Alberta. À cette occasion, six neuroscientifiques de Hotchkiss et de l’Université hébraïque de Jérusalem ont rencontré des chercheurs des universités de l’Alberta, de Calgary et de Lethbridge.

C’est tout un symbole : les esprits les plus brillants d’Israël et du Canada qui se rencontrent au cœur des Rocheuses pour mieux comprendre l’une des grandes merveilles de la nature qu’est le cerveau humain!

Bien entendu, ce n’est là qu’un exemple de ce qui devient possible lorsque nous nous ouvrons sur l’extérieur et que nous étudions à l’étranger ou au Canada avec nos partenaires internationaux.

Ils ont tant à nous offrir, et vice versa.

Permettez-moi de vous dire combien je suis heureux que le BCEI ait annoncé, hier soir seulement, la tenue d’un dialogue national sur l’éducation internationale, sous le thème « Apprendre au-delà des frontières ». Voilà une initiative qui tombe plutôt bien.

En fait, nous trouvons cette idée si intéressante que Rideau Hall sera l’hôte de l’une de ces séances au début de 2017! Je compte d’ailleurs présider une table ronde à cette occasion.

Il est tellement important que les Canadiens puissent discuter de cette question, à tous les niveaux du système éducatif.

Ce débat doit avoir lieu dans nos foyers, nos commissions scolaires et nos écoles – de la maternelle à la 12e année –, y compris nos écoles de langues, nos collèges, nos instituts polytechniques, nos cégeps et nos universités.

Le système d’éducation canadien est l’un des plus grands atouts de notre pays, mais il faut notamment encourager et aider les étudiants du niveau postsecondaire à faire au moins une partie de leurs études à l’étranger.

Selon Universités Canada, à peine plus de 3 % des étudiants canadiens du premier cycle étudient à l’étranger pendant leurs études. Différents facteurs expliqueraient cette situation, y compris les coûts, les programmes de cours, le manque d’intérêt pour les études à l’étranger ou la méconnaissance des avantages qui en découlent.

Par opposition, à l’heure actuelle, 17 % des étudiants australiens étudient à l’étranger à un moment donné.

En Allemagne, ce sont plus de 30 % des étudiants qui le font. Et l’objectif est que 50 % d’entre eux le fassent un jour!

Ensemble, l’Australie, l’Allemagne et d’autres pays continuent à promouvoir les avantages découlant des études à l’étranger, créent des possibilités et élaborent des options pour les étudiants qui tiennent compte d’obstacles comme les coûts et les contraintes de temps.

Le Canada doit leur emboîter le pas.

Pourquoi?

Eh bien, parce que c’est extrêmement bénéfique pour les étudiants et les jeunes.

Pour illustrer mon propos, je cite parfois en exemple mes cinq filles, qui, dès l’âge de 12 ans, ont commencé découvert l’éducation internationale.

Or, pendant ces séjours d’études à l’étranger, quatre choses merveilleuses se sont produites.

Premièrement, cette expérience a stimulé leur curiosité naturelle. Au contact de nouveaux peuples, de nouvelles cultures et de nouvelles langues, elles ont continué à se poser cette simple question que nous nous posons tous de manière innée : « Pourquoi? »

Deuxièmement, elles font preuve d’une plus grande tolérance à l’égard de la diversité. N’ayant d’autre choix que d’affronter l’inconnu, elles en sont venues à apprécier et à respecter le changement et les personnes ayant d’autres coutumes et convictions que les leurs.

Troisièmement, leur jugement s’est affiné. Elles ont pris conscience des limites de leurs connaissances, ce qui les a amenées à ne pas tirer de conclusions trop rapidement. Elles ont gagné en sagesse.

Enfin, il leur est arrivé quelque chose de très humain : elles sont devenues plus empathiques. Non seulement elles sont plus sensibles à la douleur des autres, mais elles ont aussi appris à se mettre dans leur peau.

Il se peut que j’aie un parti pris, en tant que fier parent! Toutefois, en raison des défis et de l’expérience qui s’y rattachent, le fait de vivre et d’étudier à l’étranger peut vous aider à acquérir ces qualités que sont la curiosité, la tolérance, le jugement et l’empathie.

Pour les universités, les séjours d’étudiants à l’étranger présentent aussi des avantages importants. Outre le bagage acquis par ces étudiants, l’éducation internationale implique des échanges dans les deux sens.

À l’heure actuelle, le Canada ne fait pas partie des principales destinations internationales choisies par les étudiants étrangers. La présence d’un plus grand nombre d’étudiants canadiens à l’étranger aidera à rehausser notre visibilité et à renforcer nos réseaux internationaux, ce qui ne fera qu’attirer encore plus d’étudiants et de talents étrangers, à la faveur d’un « cercle vertueux », comme on l’appelle.

Notre pays y gagnera au change si plus d’étudiants canadiens vont à l’étranger, et que plus d’étudiants étrangers viennent ici. Pour faire face aux enjeux complexes du monde d’aujourd’hui, il est essentiel d’adopter une perspective mondiale.

Et, si vous êtes un employeur qui recrute, vous pouvez vous imaginer l’utilité de disposer d’une plus longue liste de candidats sensibles au contexte international et capables de s’adapter facilement aux différences culturelles.

Les leaders des milieux d’affaires insistent constamment sur l’importance du « savoir-être » en milieu de travail : l’entregent, la compétence transculturelle, la capacité d’adaptation, la conscience de soi et la capacité à communiquer. Or, ce sont justement les compétences que développe une personne qui étudie et vit à l’étranger.

J’ai aussi mentionné le talent.

Selon moi, l’un des domaines les plus prometteurs pour le Canada consiste à aider les personnes talentueuses – canadiennes ou non – à se réaliser, en plus de les attirer et de veiller à ce qu’elles restent ici. Nous pouvons faire du Canada une plaque tournante internationale pour le talent, par exemple en nous positionnant comme une nation d’apprenants ouverts sur le monde.

Permettez-moi maintenant de conclure sur le thème de l’espoir, en vous expliquant comment l’éducation internationale peut nous aider à bâtir un monde plus bienveillant et coopératif. Je sais que le BCEI, lui aussi, a pour objectif fondamental de renforcer les liens et l’amitié entre les peuples.

En fait, les bases mêmes de cette organisation ont été jetées bien avant sa création, il y a 50 ans, lorsque des étudiants inspirés de l’Université de Toronto, y compris les professeurs Thomas Symons et Alan Earp, ont créé une organisation visant à promouvoir « les relations d’amitié avec les étudiants étrangers ».

La promotion de l’amitié entre les peuples constitue en soi un argument convaincant pour accroître notre présence dans le monde. Or, existe-t-il un meilleur moment pour le faire qu’à la veille du 150e anniversaire de la Confédération, lorsque nous avons décidé de nous unir en tant que Canadiens?

Pour terminer, permettez-moi de remercier le BCEI de son soutien aux établissements d’enseignement canadiens qui souhaitent contribuer à ces efforts.

Mon message à tous les participants réunis ici est le suivant : mettez à profit l’expertise dans cette salle. En vous attachant ensemble à relever ce grand défi, vous réaliserez plus de progrès qu’en agissant seuls.

Enfin, j’adresse mes plus sincères remerciements à tous ceux qui ont rendu possible la tenue de ce congrès : les bénévoles, les employés, les membres du conseil d’administration et les praticiens de l’éducation qui aident le BCEI à poursuivre avec succès sa mission depuis 50 ans.

Je vous souhaite à tous un congrès et des échanges enrichissants.

Merci.