BLOGUE : Partenariats sino-canadiens

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2 juin 2010

par Son Excellence Michaëlle Jean

Placée sous le signe de l'amitié, c'est dans l'esprit  et l'éclat de la spectaculaire exposition universelle EXPO SHANGHAI 2010 que démarre la visite officielle que j'entreprends en Chine. Appuyée par mon mari Jean-Daniel Lafond, passionné de diplomatie culturelle, et d'une très dynamique délégation composée d'une douzaine de représentants d'institutions et d'organisations non gouvernementales engagées dans une panoplie de secteurs, économiques et sociaux dont la santé, académiques et culturels. Le ministre Jim Prentice de l'environnement a volontiers accepté, à mon invitation, d'être du voyage. Les accords récents de coopération entre la Chine et le Canada sur des projets énergétiques et environnementaux méritent qu'on s'y attarde, tout comme d'aller sur le terrain vérifier l'impact socio-économique et culturel des partenariats sino-canadiens.

Nous sommes reçus de façon extrêmement chaleureuse, bien au-delà de mes attentes. Le courant passe partout avec les Chinoises et les Chinoises que nous rencontrons de façon officielle ou informelle et le dialogue est vite engagé. Il y a un réel désir de dialogue, de coopération, de partenariats diversifiés dans des secteurs stratégiques, de compréhension mutuelle, d'échanges de peuple à peuple entre la Chine et le Canada. Une belle façon de célébrer 40 ans de relations diplomatiques solidaires et d'envisager l'avenir.
Dès le premier jour, le 30 juin, nous avons démarré par une intervention à l'université Fudan, l'une des plus prestigieuses en Chine, avec plus de 250 étudiants et professeurs. Bien au-delà d'une écoute attentive et polie, il y avait de l'enthousiasme dans les questions posées par les jeunes et un réel intérêt pour notre singularité canadienne, notre charte des droits et liberté, la situation des femmes, la diversité culturelle et ethnique, mon propre parcours, l'importance de multiplier les jumelages entre nos universités pour une plus grande circulation des idées et des projets à mener en étroite collaboration.

Jean-Daniel accompagné des délégués du secteur des arts et de la culture sont allés à la rencontre d'artistes contemporains et émergents dans trois galeries de Shanghai. Leurs préoccupations sont assez semblables aux nôtres à la différence que le marché de l'art ici explose dans la surenchère sous la pression des nouveaux collectionneurs fortunés.

EXPO 2010 SHANGHAI a fait du développement urbain son thème central. Comment mieux vivre dans nos villes ? Comment contrer la déshumanisation dans nos centres urbains dont l'étalement et l'explosion est un phénomène mondial ? Comment en faire des lieux de vie où le citoyen, la famille restent au coeur des aménagements, des préoccupations, des espaces, et du plan architectural ?  Comment résister aux standards et aux critères de plus en plus imposants et homogènes? Comment ne pas y laisser notre âme,  et préserver l'esprit, l'histoire, la mémoire, et la dimension humaine de nos villes ? Faut-il céder à tout prix au phénomène des constructions en hauteur qui isolent et nous détachent du lien avec le sol, la terre? Comment gérer et transformer la somme de déchets que produisent nos villes ? Autant de questions passionnantes débattues par plusieurs architectes, promoteurs, investisseurs, urbanistes chinois et canadiens que nous avons rassemblés au pavillon de Vancouver qui propose le bois comme matériau de construction noble, fiable et durable en revanche du béton et où les poutres de cèdre de la Colombie- Britannique exhalent et nous gardent au frais alors que la chaleur  plombe à l'extérieur. Juste avant nous avions parcouru celui de Montréal qui raconte la formidable aventure de la  revitalisation du tissu social et communautaire du quartier St-Michel construit autour d'une ancienne carrière devenue décharge publique et qui a été transformée depuis en un grand espace vert, viable où en plus on a réussi de façon ingénieuse à convertir en énergie propre les biogaz produits par les déchets astucieusement  enfouis dans le sol.    L'exposition universelle de Shanghai propose des prouesses architecturales des plus contemporaines et futuristes, mais elle est aussi un espace fabuleux de rencontre, de  réflexion, d'idées, de prise de conscience des grands défis et enjeux de l'heure où des millions de visiteurs se retrouvent. Elle se s'étale sur des kilomètres au coeur d'une ville de tous les superlatifs où la démographie est galopante, la forêt de gratte-ciels  vertigineuse, chaque immeuble voulant dépasser et  faire concurrence à l'autre en hauteur, en génie, en effets de lumière, dans des formes, des lignes et  des couleurs défiant l'imagination. Et la vie cherche partout à triompher à se montrer avec ces vêtements qui sèchent suspendus à des fils aux fenêtres et sur tous les balcons. L'intime se révèle et le quotidien également de façon émouvante.
Je me souviendrai longtemps de ce 1er juillet, cette fête du Canada à Shanghai, unique en son genre où nos artistes autochtones de l'ouest, Acadiens des maritimes, acrobates du cirque du soleil, rockers des rocheuses, soul de l'Ontario, ont vraiment donné le ton et transporté jusqu'en Chine nos rythmes, nos langues, nos accents, nos regards et nos coeurs.

Guangzhou dans la province de Guangdong, d'où la grande majorité des Canadiennes et des Canadiens d'origine chinoise (1,300,000) sont originaires nous attend. À voir : 26 années de coopération entre hôpitaux, spécialistes de la santé, chinois et canadiens; les investissements de capitaux et la présence de compagnies du Canada; les appuis aux travailleurs migrants pour une meilleure prise de conscience et la  reconnaissance de leurs droits.

À suivre...