BLOGUE : ¡Viva las Americas!

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6 décembre 2009

par Son Excellence Michaëlle Jean

Nous sommes des Amériques. De l’extrême où nous nous trouvons, il nous arrive de ne pas mesurer dans sa pleine dimension notre appartenance culturelle, historique, géographique, économique à l’ensemble du continent et notre apport à sa riche diversité. Le sud latin est dans le prolongement de notre nordicité et nous avons beaucoup plus en commun que nous ne le croyons. Voilà ce qu’il nous sera donné de dégager et d’apprécier lors des trois prochaines visites d’État au Mexique, au Guatemala, au Costa Rica, que nous effectuerons du 6 au 16 décembre prochain, à la demande du premier ministre du Canada.

Le Canada veut s’engager davantage et formuler une vision hémisphérique de coopération renforcée, de partenariats économiques plus audacieux, diversifiés, équitables, qui génèrent un développement durable et une plus grande responsabilité sociale des entreprises. Une vision hémisphérique qui encourage des échanges culturels et institutionnels, des liens de peuple à peuple, une plus grande circulation des savoirs et des pratiques, la mise en commun des expériences qui favorisent le maillage des organisations de la société  civile. Une vision hémisphérique qui tienne compte de l’urgence d’établir  des stratégies communes face à des défis majeurs qui affectent grandement nos communautés, notamment la sophistication des puissantes organisations criminelles tentaculaires à l’œuvre sur tout le continent.

La dernière visite d’État du Canada au Mexique date d’il y a une vingtaine d’années. Il était grand temps d’aller célébrer 65 années de relations diplomatiques avec le Mexique, partenaire majeur au sein de l’Accord de Libre Échange Nord Américain. À l’invitation du président Felipe Calderon, je prendrai la parole au Sénat qui, au Mexique comme aux États-Unis, est élu et a un rôle constitutionnel fort et déterminant dans la mise en place de toutes les politiques gouvernementales.

Au-delà de l’irritant que constitue actuellement la question des visas d’entrée au Canada pour les citoyens mexicains, le dialogue n’est pas rompu et les relations restent chaleureuses et substantielles. Il reste encore un immense potentiel à développer, de nombreux secteurs de coopération à explorer et d’occasions de partenariat à saisir. Voilà qui sera au cœur des discussions bilatérales, de la participation de notre délégation qui représente divers secteurs de la société civile canadienne et dont le ministre d’État des Affaires étrangères responsable des  Amériques, l’honorable Peter Kent, fera partie au Mexique et au Guatemala.

Dans l’esprit de la diplomatie à échelle humaine et culturelle que nous pratiquons, nous irons, mon mari Jean-Daniel Lafond et moi, ainsi que les délégués, à la rencontre des autorités mais aussi d’organisations non gouvernementales, des représentants du milieu culturel, des jeunes, des associations citoyennes où les femmes sont très actives en milieu urbain à Mexico et dans des communautés rurales et indigènes au Chiapas. 

Au Guatemala, sous les auspices du bel oiseau mythique, le Quetzal, nous entrerons plus en profondeur en territoire Maya. Il s’agit d’une première visite d’État du Canada dans ce pays que nous avons solidairement et fraternellement appuyé dans des temps durs et éprouvants, durant ces 30 années de guerre civile qui ont décimé la population et ses institutions. Le Canada est fier d’avoir contribué au processus et aux discussions qui ont amené à la signature de l’accord de paix et de tous ces projets vitaux pour les communautés guatémaltèques que nous soutenons aujourd’hui encore. L’un d’eux, la Commission internationale contre l’impunité au Guatemala (CICIG) est capital à l’heure de la réconciliation. Le Canada met beaucoup l’accent sur l’accès à la justice, une meilleure prise en compte des femmes, des communautés indigènes et de toutes celles et ceux que la pauvreté exclut. L’insécurité reste un enjeu de taille, il s’agit des violences à une culture du dialogue.
De la capitale aux autres communautés du sud et du nord du Guatemala où nous nous rendrons, nous serons partout à l’écoute des réalités des Guatémaltèques et nous constaterons l’impact des projets soutenus et financés par l’Agence canadienne de développement international (ACDI). Nous aurons aussi l’occasion de nous réunir avec les responsables de l’Organisation des États Américains (OÉA) alors que nous irons à la rencontre de la population dans la zone frontalière internationale entre le Guatemala, le Belize et le Costa Rica.

Au Costa Rica, la visite d’État est aussi une première. La première communauté où je me rendrai là-bas est celle de Puerto Limón où la diversité inclue une large population noire, indigène et métissée. Le gouvernement costaricain a mis de l’avant des mesures pour combattre la marginalisation des minorités.

Le Costa Rica est souvent reconnu comme un chef de file dans la région pour avoir notamment démantelé ses forces armées à l’heure où, partout ailleurs en Amérique latine, les régimes militaires régnaient. Également pour ses positions d’avant-garde en matière de protection de l’environnement et de la biodiversité. Le Costa Rica s’est fixé l’objectif de devenir le premier pays neutre en carbone d’ici 2021.

À l’invitation du président Oscar Arias Sánchez, je prendrai solennellement la parole devant les parlementaires au congrès.

Là comme ailleurs, de la capitale nous irons vers les régions prendre connaissance de projets communautaires et de développement.

Discussions bilatérales avec les gouvernants, Point des Arts, forums avec les jeunes, rencontres avec des ONG, des leaders d’associations de la société civile et des chefs d’entreprises, les visites d’État permettront de rassembler dans chaque pays l’éventail des perspectives et des points de vue. Les délégués joueront un rôle crucial dans ce programme de diplomatie culturelle et à échelle humaine et feront quotidiennement des compte rendus de leurs constats et impressions sur ce site où les Canadiennes et les Canadiens auront la possibilité de suivre pas à pas ces visites, de s’informer, de s’exprimer et de réagir.

¡Hasta luego!