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20 novembre 2009
par Son Excellence Jean-Daniel Lafond
Pour cette 43e édition du Points des arts, nous explorerons l’identité de notre littérature et, conséquemment, l’identité canadienne. Qu’est-ce qui fait que notre littérature en langue anglaise ne peut être confondue avec celle des États-Unis ou de l’Angleterre, et qu’ en langue française, elle ne peut être confonduee avec celles de la France ou de la Belgique ? Dans quelle mesure le territoire, l’histoire et le peuple façonnent-ils notre littérature ? Comment les écrits et les projections de nos écrivains participent-ils activement à la construction de notre vivre ensemble?
Comme je l’ai dit à plusieurs reprises, je suis intimement convaincu que ce qui se créé au Canada créé le Canada. Il était donc temps de se poser la question suivante : En quoi votre écriture est-elle « canadienne »? Nous ne répondrons pas de façon définitive à cette question au terme d’une soirée, mais j’espère bien entendre ce qu’en pensent les lauréats des Prix littéraires du Gouverneur général, les panélistes de ce forum, Serge Bouchard et Noah Richler, et la modératrice de la discussion, Roseann O’Reilly Runte, présidente de l’université Carleton et spécialiste en littérature. Nous attendons aussi les réflexions du public car ce forum, qui se tiendra à Rideau Hall, est ouvert à toutes et à tous ; et ceux qui ne peuvent se rendre à Ottawa pourront exprimer leur opinion sur la thématique de la soirée sur ce site grâce au forum sur le même sujete(lien).
La littérature porte l’universel mais aussi le particulier, la singularité de nos histoires, le récit de notre aventure collective, une vision pour l’avenir. Ce qui fait la richesse du Canada, c’est sa diversité ; ce qui fait la richesse de notre littérature, c’est aussi sa diversité, une diversité de propos, de points de vue, de récits, de narrations, etc. Margaret Atwood, dans son livre Survival: A Thematic Guide to Canadian Literature, écrit « (…) how literature is made: it’s made by people living in a particular space and at a particular time ». Chaque auteur apporte à la littérature canadienne sa part d’histoire et construit cette littérature qui n’est en rien figée ou définitive. Notre littérature a raconté l’immensité du territoire, l’Histoire du pays. Aujourd’hui il est intéressant de voir comment la littérature en français au Québec et portée par des auteurs nés ailleurs est saluée sur la scène internationale. Dany Laferrière, Catherine Mavrikakis, Edem Awumey, la liste est longue, confirment par leur talent et leur engagement que cette littérature canadienne, qui s’ouvre aujourd’hui sur d’autres imaginaires, trouve son essence même dans la diversité.
Cependant, peut-on vraiment établir « une carte d’identité » pour notre littérature? L’idée même d’un tel enfermement est contraire à l’esprit libre de la création. Bien entendu, on peut tenter de qualifier la citoyenneté de notre littérature, de définir son caractère, mais il ne faut cependant pas oublier que la littérature ne connait pas de frontières, qu’elle se moque des nationalismes, des dérives identitaires, des fascismes et qu’elle est toujours là pour résister et garder vivante l’âme des peuples, car on ne peut pas tuer l’imaginaire. Alors posons-nous ensemble toutes ces questions sans oublier de garder vivant l’élan de la création et notre capacité d’enchantement.