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30 octobre 2008
par Son Excellence Michaëlle Jean
Les pays de la Francophonie se sont retrouvés du 16 au 19 octobre dernier à Québec, pour leur XIIième Sommet. Les répercussions de la crise économique mondiale étaient évidemment au cœur des préoccupations mais la rencontre a aussi été l’occasion de discussions sur des questions tout aussi cruciales comme l’environnement, la démocratie et la gouvernance, la coopération, l’engagement autour du rayonnement de la langue française. Il apparait clairement que la Francophonie évolue bien au-delà du simple fait de rassembler ces pays ayant en partage et en héritage la langue et la culture française. La Francophonie se présente de plus en plus comme un espace élargi et diversifié de communautés qui désirent marier leurs intérêts, leur vision et leurs valeurs.
Étaient réunis pour l’occasion des chefs d’État et de gouvernement, des ministres, des ambassadeurs mais aussi de nombreux représentants des sociétés civiles des 55 pays membres et 13 pays observateurs.
Le 19 octobre 2008, à la Citadelle, j’ai été l’hôte d’une cérémonie spéciale au cours de laquelle le Conseil international des organismes des jeunes de la Francophonie (CIJEF) a présenté une déclaration officielle à l’administrateur de la Francophonie, M. Clément Duhaime, ainsi qu’au premier ministre du Nouveau-Brunswick, M. Shawn Graham, et à moi-même. Intitulé L’appel des jeunes de la francophonie, ce document énonce une vision convaincante d’une francophonie plus forte au sein de laquelle les idées et les aspirations des jeunes résonnent clairement. J’ai été ravie d’accueillir le CIJEF et de voir ses membres de nouveau engagés dans l’échange extrêmement riche et dynamique que nous avions entamé en juin, lorsque j’avais invité le Conseil à la Citadelle à l’occasion de son assemblée générale annuelle.
Je vous invite de nouveau à prendre connaissance de la déclaration. Vous y retrouverez l’essence même de l’engagement de la jeunesse des pays francophones du Nord au Sud. Ils rappellent l’importance de l’éducation civique et citoyenne; ils réclament une meilleure intégration des jeunes dans le processus démocratique et dans la gouvernance; ils soulignent l’urgence de voir au respect des droits et libertés surtout dans les zones où des conflits font rage; ils souhaitent la mise en place de partenariats et de stratégies économiques favorisant l’entreprenariat et débouchant sur des perspectives d’emplois pour les jeunes; ils considèrent l’éducation, le partage des compétences et le transfert des connaissances comme une priorité; Ils réaffirment leurs préoccupations environnementales pour un développement durable. La réflexion qui a nourri cet «Appel des jeunes» s’appuie sur des actions concrètes qu’ils mènent sur le terrain, dans leurs pays respectifs. Leur déclaration témoigne d’un désir profond d’unir leurs efforts et leurs voix au sein de la Francophonie.
Le Secrétaire général de la Francophonie, le président Abdou Diouf et moi-même tenons à faire reconnaître la contribution essentielle des jeunes et à faire en sorte que leurs voix soient entendues. Le Premier ministre du Nouveau-Brunswick, Shawn Graham était lui aussi ravi de voir l’énergie déployée par ces jeunes délégués car, l’Unité jeunesse de la Francophonie est née dans sa province, lors du sommet de Moncton en 1999.
Nous avons d’un même élan, ce 19 octobre, et pour la première fois dans l’histoire des sommets de la Francophonie accueilli et salué solennellement deux journalistes lauréats des Prix décernés conjointement par Reporter Sans Frontières (RSF), Radio France Internationale (RFI) et l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF). Monsieur Virgil Houessou (Bénin) a été primé pour son reportage intitulé Dans l’univers de la MACA (Maison d’Arrêt et de Correction d’Abidjan), et Monsieur Cheick Yvhane (Côte d’Ivoire) pour son article, intitulé Des bébés prisonniers à l’hôpital. Je vous invite à lire et entendre ces reportages car au-delà des récits et de l’information, tout dans la façon de travailler de ces journalistes force l’admiration. Pensez aux maigres moyens dont ils disposent en comparaison de ceux que nous avons ici et dans d’autres pays de la Francophonie comme nous mieux pourvus. Rien ne semble pourtant ébranler la conviction qu’ils ont que leurs efforts parviendront à éveiller les consciences et à transformer la société. Je mesure le courage, voire la témérité, qu’il faut aux journalistes pour accomplir leur travail dans des régions du monde où sévissent la misère, les conflits et l’horreur.
Ces jeunes journalistes et les délégués des CIJEF que nous avons rencontrés saisissent les moyens de communication modernes à leur disposition (médias, internet), pour eux ces outils sont un puissant vecteur d’action et de prise de conscience. Ils nous montrent concrètement par leurs reportages ou sur le portail internet des jeunes de la Francophonie combien ils ont a cœur d’agir pour renforcer les solidarités, multiplier les opportunités de coopération, réfléchir ensemble aux solutions face aux enjeux et aux défis de l’heure. Cette jeunesse avide de possibilités trouve dans la Francophonie l’expression d’une solidarité qui ne connait aucune frontière. Ils sont déjà à pied d’œuvre sur le terrain et pour le prochain Sommet en 2010 à Madagascar. D’ici là on se retrousse toutes et tous les manches.