Lord Byng est bien connu des Canadiens avant sa nomination comme Gouverneur général. En 1916, durant la Première Guerre mondiale, il prend le commandement du corps d'armée canadien sur le front ouest. Il remporte son plus grand titre de gloire avec la victoire canadienne du Plateau de Vimy en avril 1917, une victoire militaire historique pour le Canada, qui exalte le sentiment national au pays. Lorsqu'il voyage à travers le Canada durant son mandat, il est accueilli avec enthousiasme par les hommes qu'il a dirigés.
La nomination de lord Byng fut moins controversée que celle de son prédécesseur, le duc de Devonshire. C'est en partie à cause de sa popularité, mais aussi parce qu'il est nommé après consultation directe du gouvernement canadien. Lord Byng s'acquitte de sa charge avec enthousiasme, affermissant encore nombre des traditions établies par ses prédécesseurs. Il rompt également avec la tradition puisqu'il est le premier gouverneur général à nommer des aides de camp canadiens, dont l'un est Georges Vanier, qui occupera plus tard la charge de gouverneur général, de 1959 à 1967.
Lord Byng a toujours été un passionné de sport, et lui et son épouse aiment en particulier le hockey sur glace. Il lui arrive rarement de manquer un match disputé par les Sénateurs d'Ottawa. En 1925, lady Byng présente à la Ligue nationale de hockey un trophée qui, depuis, récompense l'esprit sportif et l'excellence au jeu.
Lord et lady Byng voyagent également davantage qu'aucun de leurs prédécesseurs. Ils font des excursions prolongées dans l'Ouest canadien et dans le Nord, et ils en profitent pour rencontrer de nombreux Canadiens. Lord Byng institue la Coupe du gouverneur général à la Foire royale agricole d'hiver, et lady Byng conçoit à Rideau Hall une rocaille, qui ravit encore les visiteurs aujourd'hui.
L'événement le plus notable à survenir durant le mandat de lord Byng est l' «affaire King-Byng» -- une crise politique qui éclata entre le Gouverneur général et le premier ministre Mackenzie King. Cette affaire, qui fut observée avec attention à la fois par le gouvernement canadien et par le gouvernement britannique, a contribué à redéfinir le rôle du gouverneur général.
Le gouverneur général avait toujours représenté à la fois le roi ou la reine du Canada et le gouvernement britannique, situation qui s'était transformée avec les prédécesseurs de lord Byng, et le gouvernement canadien ainsi que le peuple canadien, en une tradition de non-ingérence dans les affaires politiques canadiennes.
En septembre 1924, le premier ministre Mackenzie King demande à lord Byng de dissoudre le Parlement afin de déclencher des élections. Le Gouverneur général répond favorablement à la demande. Aux élections de 1925, le Parti conservateur remporte le plus grand nombre de sièges, mais sans obtenir la majorité. Comptant sur le soutien du Parti progressiste pour venir à bout de la minorité conservatrice, Mackenzie King, chef du Parti libéral, ne résigne pas ses fonctions de premier ministre et reste au pouvoir à la Chambre des communes jusqu'en 1926.
Éclate alors un scandale politique au ministère des Douanes et de l'Accise, puis, en plein Parlement le Parti conservateur affirme que la corruption s'étend aux plus hauts niveaux de l'administration, y compris le Cabinet du premier ministre. Mackenzie King renvoie le ministre des Douanes et promptement le nomme au Sénat, semant encore davantage la consternation parmi les membres du Parti progressiste, qui ont déjà retiré leur appui au gouvernement libéral.
Devant la menace d'un troisième vote sur la question de la corruption gouvernementale, et ayant déjà perdu deux votes antérieurs sur des points de procédure, M. King demande au Gouverneur général de dissoudre le Parlement. Lord Byng refuse, ce qui marque le début de la crise. Le premier ministre King demande qu'avant de prendre une décision, le Gouverneur général consulte le gouvernement britannique, qu'il représente. Lord Byng refuse de nouveau, alléguant le principe de non-ingérence dans les affaires canadiennes.
Le lendemain, M. King présente à lord Byng un décret de dissolution du Parlement, que celui-ci refuse de signer. Le Canada est donc temporairement sans premier ministre et sans gouvernement, jusqu'à ce que le Gouverneur général invite Arthur Meighen à former un gouvernement. M. Meighen forme un gouvernement, mais perd la semaine suivante un vote de censure à la Chambre des communes. Le premier ministre Meighen demande la dissolution du Parlement, demande qui est acceptée par le Gouverneur général Byng, puis de nouvelles élections sont déclenchées.
Politiquement, il est fait grand cas de l'affaire Byng-King durant la campagne électorale. Les Libéraux sont ramenés au pouvoir avec une nette majorité, et Mackenzie King comme premier ministre. Une fois au pouvoir, le gouvernement de Mackenzie King cherche à redéfinir le rôle du gouverneur général comme un rôle de représentation du souverain et non du gouvernement britannique, et cette nouvelle règle prend effet peu après.
Lorsqu'ils quittent le Canada le 30 septembre 1926, les Byng retournent en Angleterre avec de nombreuses amitiés intimes qu'ils avaient nouées durant leur charge au Canada. Lord Byng s'est employé à représenter les intérêts des Canadiens autant qu'il était possible et, malgré la crise politique, le souvenir qu'il laisse est celui d'un homme très respecté.
La vie avant et après Rideau Hall
Après des études à Eton, lord Byng entreprend une carrière militaire au cours de laquelle il sert aux Indes et en Afrique du Sud, durant la guerre de 1899-1900. Durant cette campagne, il demande la main de Marie Evelyn Moreton, fille unique de sir Richard Charles Morton, contrôleur à Rideau Hall durant le mandat du marquis de Lorne. Il est si impatient de connaître sa réponse qu'il lui demande de la lui envoyer par câble. Lord Byng encadre sa réponse, formulée ainsi «Oui, revenez immédiatement s'il vous plaît», et la conservera sur son bureau durant toute sa vie. Ils se marient le 30 avril 1902 et n'auront pas d'enfant.
Lorsqu'éclate la Première Guerre mondiale, lord Byng fait d'abord campagne en France, avec le Corps expéditionnaire britannique, en tant que commandant du corps de cavalerie. Plus tard, il commande le 9e Corps d'armée durant la malheureuse campagne des Dardanelles et surveille le retrait du détroit. En 1916, il exerce le commandement du corps d'armée canadien. Après la victoire du Plateau de Vimy, lord Byng prend le commandement de la 3e Armée britannique, et c'est là qu'il conduit, avec des chars d'assaut, à Cambrai, la première attaque surprise, considérée comme un moment décisif du conflit. Pour ces états de service, il est promu général et, après la guerre, il est anobli et devient le 1er baron Byng de Vimy de Thorpe-le-Soken, à Essex, le 7 octobre 1919.
Après son mandat comme Gouverneur général, lord Byng retourne en Angleterre avec son épouse, et obtient le titre de vicomte. Il occupe alors la charge de commissaire de la police de Londres, et il est promu maréchal, puis il se retire enfin avec son épouse à Essex, en Angleterre. Lord Byng décède en 1935, et lady Byng revient au Canada durant la Deuxième Guerre mondiale pour vivre avec des amis. Elle meurt en 1949.