20e anniversaire de la Journée nationale des Autochtones

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Brantford (Ontario), le mardi 21 juin 2016

 

Permettez-moi d’abord de souligner que nous nous trouvons aujourd’hui sur les terres traditionnelles des Six Nations.

Il y a vingt ans, au moment de la proclamation de la Journée nationale des Autochtones lors d’une cérémonie à Rideau Hall, mon prédécesseur, Roméo LeBlanc, a décrit la précieuse contribution des premiers peuples à notre pays.

C’est dans cette veine que je souhaite poursuivre aujourd’hui, à Brantford, en cette Journée nationale des Autochtones.   

Le nom de Brantford a, bien sûr, été choisi en l’honneur du chef Joseph Brant, un dirigeant mohawk du 18e siècle qui a joué un rôle clé dans les affaires militaires et politiques du pays qui allait devenir le Canada.

L’histoire du chef Brant est un bon exemple de ce que nous avons trop souvent omis de reconnaître dans ce pays : le Canada tel que nous le connaissons existe grâce à la contribution des premiers peuples.

À travers l’histoire, nous avons trop souvent omis d’admettre ce fait.

Nous avons activement tenté d’ignorer, de réprimer et d’effacer de notre mémoire ces contributions et les cultures autochtones, vivantes et diversifiées, qui leur ont donné le jour.

C’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles ce bâtiment, l’Institut Mohawk, a été construit : c’était un pensionnat indien.

Ma femme, Sharon, et moi avons la responsabilité solennelle d’agir comme témoins honoraires de la Commission de vérité et réconciliation. J’aimerais vous lire un extrait du rapport définitif de la Commission.

L’extrait est tiré d’une section portant sur les châtiments corporels subis dans les pensionnats. On y fait mention de l’établissement où nous nous trouvons aujourd’hui :

C’est une lecture difficile, mais importante.

Je cite :

« Dans certaines écoles, il existe une pièce servant de "chambre de punition". » C’est ainsi que commence le paragraphe.

« En 1907, à la suite d’une inspection de l’Institut Mohawk de Brantford, J. G. Ramsden, l’inspecteur des agences indiennes de l’Ontario, admet qu’"il n’a pas eu une très bonne impression quand il a constaté la présence de deux cellules d’isolement dans la salle de jeux des garçons [sic]. Cependant, on m’a informé qu’elles étaient destinées aux élèves qui s’enfuient de l’institution, et qu’on les y confinait chacun une semaine à leur retour". »

Je poursuis :

« En 1914, le père d’un élève intente une poursuite contre le directeur de l’Institut Mohawk, car celui-ci aurait enfermé sa fille dans une cellule pendant trois jours en lui imposant un "régime à base d’eau". »

Fin de l’extrait.

N’oublions jamais les enfants qui ont été mis en pension ici, qui ont essayé de s’échapper et qui ont été punis de façon inhumaine. 

Comme enseignant, je suis profondément ébranlé par le fait que le système des pensionnats a trahi les principes les plus fondamentaux de l’apprentissage.

L’éducation ne devrait jamais viser l’exclusion de cultures ou de visions du monde.  

L’apprentissage doit plutôt viser l’inclusion ainsi que la découverte de soi, des autres et du monde qui nous entoure.

La démarche adoptée devrait prôner la diversité, le respect et la célébration des différences.          

Ici, au centre culturel Woodland, vous contribuez à préserver et à promouvoir la culture et le patrimoine des Premières Nations, et à raconter l’histoire du Canada dans toute sa complexité.   

Au nom de tous les Canadiens et de toutes les Canadiennes, je vous en remercie et vous en félicite.

La Journée nationale des Autochtones nous offre aussi l’occasion de raconter le récit entier du Canada.

Aujourd’hui, nous célébrons les premiers peuples et leurs cultures. Nous cherchons à panser les plaies du passé et à créer un avenir meilleur pour nous tous.

Je crois que la diversité est l’une des plus grandes forces de notre pays, et notre multiculturalisme fait écho à la diversité des cultures des Premières Nations, des Inuits et des Métis de ce lieu.

J’encourage tous les Canadiens à approfondir leur connaissance des premiers peuples et de leurs cultures, aujourd’hui et tout au long de l’année.  

Cherchons tous — Autochtones et non-Autochtones — de nouvelles façons de travailler ensemble en valorisant le partenariat et la collaboration.

Sur ce, je vous souhaite une excellente Journée nationale des Autochtones!