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Ottawa (Ontario), le jeudi 7 avril 2016
Je suis heureuse de vous offrir quelques mots d’encouragement avant que ne débute le vrai travail durant cette conférence. Vous êtes ici pour échanger sur les meilleures pratiques en éducation et en santé mentale, qui accompagnent nos enfants et nos jeunes dans leur cheminement vers la vie adulte.
Nous connaissons tous les statistiques. Un Canadien sur cinq sera touché par des problèmes de santé mentale, personnellement, dans sa famille ou au travail. Les coûts économiques sont énormes. La souffrance mentale est une tragédie nationale dans un pays qui a tant de richesses et de possibilités. Soixante-dix pour cent des problèmes de santé mentale débutent avant 18 ans, quand les jeunes sont encore à l’école.
J’aimerais vous parler brièvement de ce que j’ai vu la semaine dernière, durant la visite officielle du gouverneur général dans le Nord de l’Ontario. Pour David et moi, le Nord de l’Ontario signifie Sault Ste. Marie, où nous avons grandi, mais cette visite nous a conduits à Thunder Bay, Sioux Lookout et North Bay.
Je commencerai par notre dernier arrêt, à North Bay. J’ai visité le centre d’amitié autochtone avec un aîné de la communauté et Kathy Fortin, la PDG de l’organisme. Près de la moitié de la population d’Indiens inscrits au Canada habite en Ontario.
Le centre d’amitié est un endroit charmant et accueillant. On y trouve plusieurs salles de consultation, 23 programmes (y compris pour le rattrapage scolaire) et un large auditorium. Le centre est culturellement adapté aux Autochtones, mais il accueille aussi les non-Autochtones. Dans l’auditorium spacieux, j’ai constaté comment les interventions parascolaires contribuent à l’éducation et la santé mentale.
Quand je suis entrée dans cette grande salle, une douzaine d’enfants m’y attendaient, le sourire au visage. Certains avaient à peine six ans. Violons et archets en mains, ils attendaient pour jouer Frank’s Delta Dream. La plupart étaient d’origine autochtone, mais pas tous.
Je n’ai pas pu m’en empêcher : j’ai pris l’épouse du maire par la main pour l’encourager à danser. Que faire d’autre quand on entend de la belle musique?
Chacun de ces enfants a vécu un traumatisme, qui s’est traduit par un mauvais rendement scolaire, de l’hyperactivité ou un désintérêt. Les parents et enseignants ont toutefois remarqué des changements de comportement chez les jeunes quand ils ont commencé à étudier la musique avec Olga Rykov. Il y a un lien important entre l’amélioration de l’état mental et celle du rendement scolaire. Olga a déménagé avant la fin du semestre, mais, au lieu d’abandonner le programme, elle continue d’enseigner aux enfants sur Skype. Quelle belle utilisation de la technologie. J’ai regardé le cours sur Skype, qui s’est parfaitement déroulé.
Les enfants vivent des pressions psychologiques liées au racisme, à l’intimidation, à la pauvreté et à la dysfonction familiale. David et moi avons visité l’École publique Héritage et l’école secondaire publique Odyssée à North Bay. Les francophones forment 30 pour cent de la population de la région.
En 2011, deux élèves parmi les plus âgés de l’école ont approché l’enseignante-dirigeante du programme de réussite des élèves, Sylvia Vanier, pour lancer une campagne progressive de lutte contre l’intimidation. Cette campagne, intitulée NONaubullying, fait désormais partie intégrante de l’école. Il est clair que l’intimidation affecte le rendement scolaire et la santé mentale.
Le club de lutte contre l’intimidation de l’Odyssée a fondé la première alliance homosexuelle-hétérosexuelle dans une école au nord de Toronto. Sa première campagne a donné lieu aux initiatives suivantes : la semaine de prévention et de sensibilisation à l’intimidation créée par le maire, des ateliers de sensibilisation, des formations à la sensibilité dans les communautés avoisinantes, et des bancs de l’amitié pour les tout-petits.
Sylvie, l’enseignante-dirigeante, a été invitée à Ottawa en 2013 pour s’attaquer à l’intimidation avec le premier ministre Harper et d’autres intervenants. Voilà qui montre comment la collaboration entre enseignants et élèves peut entraîner des changements importants dans le domaine de la santé mentale.
À Sioux Lookout, David et moi avons visité Meno Ya Win, un hôpital ultramoderne conçu par l’architecte autochtone Douglas Cardinal, qui a aussi créé le Musée canadien de l’histoire. En langue anishinaabe, Meno Ya Win renvoie à la santé, au bien-être, ainsi qu’à l’intégrité spirituelle, mentale, émotionnelle et physique. N’est-ce pas ce que les travailleurs de la santé mentale et les enseignants souhaitent pour les élèves?
À l’échelle du pays, des enseignants accueillent des centaines d’élèves nés de mères ayant une dépendance aux opiacés. À l’hôpital de Sioux Lookout, ces naissances sont traitées dans une unité spéciale vouée à la famille, qui cherche à limiter les risques pour l’enfant.
Outre cette unité de naissance de pointe, l’hôpital a un excellent programme scolaire pour aider les jeunes à continuer leurs études. Les études sont importantes, même quand on reçoit des soins hospitaliers ou de santé mentale.
Puisque j’ai puisé dans mes récentes observations sur le Nord de l’Ontario, la perspective autochtone est apparente. Il était évident, dans ces communautés, que la santé mentale était examinée dans le cadre de l’éducation. La maladie mentale peut faire obstacle à la réussite scolaire. Nos enfants sont confiés aux bons soins des professeurs durant leur développement. Les enseignants peuvent donc jouer un rôle essentiel dans le diagnostic, la science et le traitement entourant la santé mentale. L’échange de pratiques exemplaires et l’apprentissage qui auront lieu ici aujourd’hui créeront un environnement plus sensible, qui aidera nos enfants à devenir des adultes en santé.
Merci.