Concours inaugural « Imagine un Canada » organisé par le Centre national pour la vérité et réconciliation (CNVR)

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Rideau Hall, le mardi 1er mars 2016

 

Merci à toutes et à tous de votre présence ici aujourd’hui — et je tiens à remercier tout spécialement nos jeunes qui nous aident à imaginer un meilleur Canada.

J’appelle souvent Rideau Hall « la maison du peuple canadien » et je tiens d’autre part à souligner qu’elle se trouve sur le territoire traditionnel de la Nation algonquine.

J’estime donc qu’il s’agit d’un endroit tout indiqué pour réfléchir à l’avenir de notre pays —et cette démarche passe par la réconciliation.

Il y a presque sept ans, dans cette même pièce, nous avons lancé la Commission de vérité et réconciliation, et il y a moins d’un an, c’est également ici que nous avons tenu la cérémonie de clôture.

La principale raison d’être de Rideau Hall est de réunir des personnes de tous les horizons et de trouver un terrain d’entente.

Cette salle de bal en est un bel exemple. Je sais que nous avons des artistes talentueux parmi nous aujourd’hui, et j’aimerais que vous portiez une attention particulière aux tableaux.

Sur l’un des murs, nous avons un portrait de Sa Majesté la Reine qui représente la Couronne canadienne.

Et sur le mur opposé, nous avons divers tableaux réalisés par des artistes des Premières Nations : Carl Beam, George Clutesi, Alex Janvier et Daphne Odjig.

Vous remarquerez que ces tableaux se font face.

Pourquoi se font-ils face?

Parce qu’ils symbolisent l’importance du dialogue, comme celui que nous entretenons aujourd’hui. 

Le Canada est un pays très diversifié et la première conversation tenue entre des peuples autochtones et non autochtones remonte déjà à des centaines d’années.

Aujourd’hui, nous poursuivons cette conversation. C’est par le dialogue et l’écoute, par nos échanges et la mise en commun de nos rêves que nous trouverons le chemin de la guérison et de la réconciliation.

J’ai une question : est-ce qu’il y a parmi vous des amateurs de poésie?

J’adore la poésie! Et j’aimerais maintenant lire un court poème composé par Rita Joe. Elle était une aînée et poète mi’kmaw, et si je comprends bien, elle parle justement de l’importance de chercher ensemble à entretenir le dialogue, l’écoute, le partage et le rêve.

Il s’intitule I Lost My Talk (ou J’ai perdu ma langue), et peut se traduire comme suit :

J’ai perdu ma langue
Le parler que vous m’avez arraché
Quand j’étais petite
À l’école de Shubenacadie 

Vous me l’avez volée:
Je parle comme vous
Je pense comme vous
Je crée comme vous
La ballade brouillée, sur mon monde.

De deux manières, je parle
De deux façons, je dis
La vôtre est plus puissante.

Tout doucement, j'offre ma main et demande :
Permettez-moi de retrouver ma langue
Que je puisse vous montrer qui je suis.

Je pense que Rita Joe serait fière de vous voir tous ici aujourd’hui en train de nous tendre amicalement la main pour nous parler et nous offrir vos enseignements.

Maintenant, j’aimerais vous poser à tous une autre question, et je voudrais que vous leviez la main pour que nous puissions tous en connaître la réponse.

Combien d’entre vous sont enseignants? Levez la main, s’il vous plaît!

Et combien d’entre vous sont étudiants?

Maintenant, une autre demande :

J’aimerais maintenant vous voir tous lever la main — tout le monde dans la salle, s’il vous plaît! Tout comme moi!

Merci.

Vous vous demandez peut-être pourquoi je vous ai tous invités à lever la main?

Parce que je crois que nous sommes tous à la fois des étudiants et des enseignants, tout au long de nos vies.

J’ai été enseignant ou administrateur dans le monde universitaire durant toute ma vie professionnelle, mais je suis encore et toujours un étudiant. J’apprends tous les jours quelque chose de nouveau.

À titre de témoin honoraire à la Commission de vérité et réconciliation, j’ai pris connaissance des souffrances qu’ont causées les écoles résidentielles.

Et j’ai appris combien de personnes poursuivent toujours un difficile parcours de guérison en raison de cette situation.

Certains de ces survivants se trouvent parmi nous aujourd’hui, et je tiens à les remercier de leur courage et de leur générosité tout au long de leurs conversations avec nous.

À quoi ressemble la réconciliation?

C’est la question à laquelle chacun d’entre vous nous aide à trouver la réponse aujourd’hui — et par la même occasion, vous nous aidez à imaginer un meilleur Canada.

Nous avons tellement de choses à nous dire et à apprendre ensemble. Merci de votre présence ici et d’avoir pris part à cette initiative.

Quand je vous regarde tous et toutes attentivement dans cette salle, je commence à mieux imaginer à quoi peut ressembler la réconciliation.

Et je commence aussi à imaginer une vision renouvelée du Canada.

Meegwetch. (Merci)