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Oakville (Ontario), le mardi 15 décembre 2015
Je suis heureux d’être ici avec vous, à Oakville, pour parler de l’accueil chaleureux que nous réservons aux réfugiés syriens.
D’abord, je suis ravi que vous soyez venus en grand nombre des autres communautés de la région. Il est important que nous mettions nos meilleures idées en commun et que nous travaillions ensemble.
Bien entendu, ce n’est pas la première fois que vous vous réunissez pour discuter de la réinstallation des réfugiés. Ce que vous avez accompli avec le fonds de réinstallation d’Oakville — un parmi plusieurs au pays — est absolument impressionnant! Bravo à tous ceux et celles qui y ont contribué!
Comme vous le savez, il y a deux semaines, Rideau Hall a organisé un forum sur l’accueil des réfugiés syriens au Canada. Lors de cet événement, j’ai qualifié cet effort humanitaire de moment décisif pour notre pays.
Qu’est-ce que j’entends par ça?
J’entends que c’est le moment de réfléchir aux valeurs fondamentales des Canadiens;
D’évaluer l’ampleur de notre engagement envers la diversité, l’inclusion et la tolérance.
De montrer notre détermination et notre capacité à aider des gens qui ont des besoins criants.
Je m’arrête un moment pour vous faire part d’un point important soulevé par un des conférenciers au forum de Rideau Hall. Il s’agit de Conrad Sauvé, de la Croix-Rouge canadienne.
« Ces gens fuient la guerre, a-t-il dit. Personne ne veut quitter son foyer. Ils le font parce qu’ils n’ont pas d’autre choix, parce qu’ils ont perdu espoir. »
Puis il a ajouté :
« Maintenant, leur espoir, c’est le Canada. »
M. Sauvé a visité des camps de réfugiés. Il nous a rappelé, comme il est important de le faire, que les réfugiés ne sont pas des numéros, mais bien des personnes qui ont des besoins particuliers.
Nous devons mettre l’accent sur ces besoins et les combler grâce à cet élan de générosité manifesté par les gens d’ici, à Oakville, et ailleurs au Canada.
Il n’y a aucun doute quant à notre bienveillance. Maintenant, il faut agir intelligemment.
J’aimerais vous démontrer pourquoi le Canada et les communautés comme celle-ci vivent un moment décisif.
Parce que c’est plus que ça.
C’est une occasion.
C’est l’occasion de renforcer des communautés dans le sud et le sud-ouest de l’Ontario et ailleurs au pays.
De réinventer la façon dont nous prenons soin des personnes les plus marginalisées et vulnérables parmi nous.
De réaffirmer que nos villes et nos municipalités sont des communautés averties et bienveillantes qui ont trouvé l’équilibre entre l’égalité des chances et l’excellence.
Je reviens une fois de plus aux fonds de réinstallation que plusieurs de vos villes mettent en place. Même si ces fonds visent à répondre aux besoins des réfugiés syriens, ils pourraient éventuellement servir à relever d’autres défis en matière de réinstallation et à renforcer l’inclusivité en général.
Voilà un bel exemple qui illustre ce que j’avance quand je dis que nous avons une occasion de bâtir nos communautés pour l’avenir.
Vous tous ici comprenez que c’est à la fois un défi et une occasion pour nos communautés respectives.
Alors, comment devons-nous procéder?
J’aimerais vous parler des idées et des opinions exprimées par les participants au forum sur l’accueil des réfugiés, qui a eu lieu à Rideau Hall. Ce sont des dirigeants dans leurs domaines, et certains des plus grands esprits canadiens en ce qui concerne l’accueil et l’intégration des réfugiés.
Leurs idées et leurs opinions peuvent être regroupées en trois grands thèmes ou catégories : la coordination, l’inclusivité et la communication. Naturellement, elles finissent par se chevaucher dans une certaine mesure.
D’abord, il y a l’importance de coordonner nos efforts. Pour ce faire, il faut évidemment travailler ensemble, sans toutefois réinventer la roue. C’est peut-être la première fois que votre communauté accueille un si grand nombre de réfugiés. Demandez-vous quels types de ressources et d’organismes existent déjà et pourraient être adaptés, bonifiés et développés. Cela comprend les organismes qui ne sont pas voués aux réfugiés et aux causes humanitaires. Y a-t-il des compétences et des installations qui existent et qui pourraient être utiles?
L’un des aspects de la coordination consiste à prêter attention à vos forces et limites locales. Comme pour la plupart des défis que nous rencontrons au Canada, il n’y a pas d’approche unitaille. Pourquoi en serait-il autrement pour l’installation des réfugiés?
La communauté d’Oakville, par exemple, a des forces précises qui pourraient avoir un fort impact. Misez sur celles-ci pour soutenir les secteurs où votre communauté et celles qui vous entourent sont moins fortes.
Le deuxième thème que je veux mettre en lumière, c’est l’importance de l'inclusivité. C’est vital. Après tout, inclusivité est synonyme de communauté. Voilà une sphère où l’expertise de nombreuses personnes ici présentes peut s’avérer inestimable. L’inclusivité véritable exige un effort communautaire, des services offerts par la ville — des cours de langues, des centres de ressources et des loisirs — au rôle crucial du secteur privé.
La centralité de trouver un emploi est l’un des points qui a été soulevé lors du forum à Rideau Hall. Les employeurs peuvent jouer un rôle clé en embauchant des réfugiés, en organisant des portes ouvertes, en servant de mentors et en créant des milieux de travail accueillants.
À cet égard, nous sommes chanceux que la diversité en milieu de travail soit si valorisée au Canada. Lors du forum, Margaret Eaton, la directrice exécutive du Toronto Region Immigrant Employment Council, disait que les employeurs comprennent que c’est avant tout le talent qui compte. Cela signifie que les réfugiés syriens hautement qualifiés et instruits peuvent être de véritables atouts pour les organisations.
Le troisième thème que je souhaite aborder, c’est l’importance critique de la communication.
Juste avant d’amorcer les discussions lors du forum à Rideau Hall, nous avons regardé une vidéo enregistrée spécialement pour l’occasion par un représentant du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, qui disait simplement :
« Ce qu’il faut d’abord et avant tout, en période de crise, ce sont des signes visibles de solidarité. »
C’était une façon de nous rappeler, non seulement, que le monde observe le Canada, mais aussi que les communications jouent un rôle clé dans les efforts mis de l’avant pour accueillir et installer les réfugiés.
Il y a plusieurs implications à cela.
Premièrement, il faut communiquer clairement nos plans et nos initiatives entre nous, ce qui renvoie à la nécessité d’assurer la coordination.
Deuxièmement, il faut aussi communiquer efficacement avec les réfugiés. Pour cela, il faudra des interprètes et des traducteurs.
Troisièmement, il faudra faire attention à nos communications avec le public.
Comme dans tous nos efforts pour créer une société plus juste, le message sera le suivant : en aidant les personnes dans le besoin, nous nous aidons nous-mêmes. Ce n’est pas une équation dont le résultat est nul, et ce n’est pas non plus une situation qui exige un choix. Au contraire, mieux nous arriverons à intégrer et à soutenir les gens dans le besoin, plus la société dans son ensemble sera prospère. Cela est d’autant plus vrai vu la démographie changeante du Canada et notre vaste territoire.
Sachant ceci, je vous mets au défi de parler à des gens qui ne sont pas ici : vos voisins, des membres de votre communauté, l’entraîneur de hockey de votre enfant ou les personnes que vous rencontrez au parc pour chiens. Expliquez à autant de gens que possible que c’est à la fois la bonne chose et la chose intelligente à faire.
En fin de compte, une famille de réfugiés n’est pas différente d’une famille qui vient d’immigrer ou d’une famille qui est installée ici depuis des générations : toutes cherchent une vie meilleure pour elles et leurs enfants, et toutes contribuent en s’efforçant de créer un Canada plus fort et prospère.
C’est tout simplement l’histoire de notre pays : notre passé, notre présent et notre avenir. Tout comme nous repensons avec fierté à la façon dont les « boat people » vietnamiens ont été reçus ou à la façon dont les Premières Nations ont accueilli les premiers colons qui mourraient de faim et du scorbut au 17e siècle, vos petits-enfants et leurs petits-enfants se souviendront de ce moment comme du moment où nous avons fait la bonne chose.
Qu’on se le dise : en aidant les personnes dans le besoin, on se place du bon côté de l’histoire.
Cela me fait penser à la campagne nationale Mes beaux moments, qui célèbre le don et inspire les gens à donner en racontant des histoires de générosité.
Nous pourrions penser à l’accueil et à la réinstallation des réfugiés syriens comme à un immense beau moment pour le Canada. Quelle belle marque d’empathie et de générosité pour inspirer non seulement les Canadiens, mais le monde entier!
Vous êtes des dirigeants communautaires dans divers domaines, dans les secteurs public et privé. Vous êtes déterminés à réussir la réinstallation des réfugiés et à créer une société inclusive pour tous. Vous savez à quel point ce travail est important. Vous savez aussi que ce sont les Canadiens qui, personnellement, détermineront le succès de ce projet.
Nous devons profiter de cette occasion. Comme vous le savez, les Canadiens sont emportés par un élan, mais qui sait si ce sera encore le cas dans deux semaines ou un mois. Nous devons en tirer le meilleur parti.
Je sais que nous le pouvons et que nous le ferons, car la cause est bonne et la compagnie agréable.
Je terminerai avec une anecdote qui vient de ce coin-ci de la province. Comme nous sommes dans le sud de l’Ontario, vous connaissez sans doute la tradition mennonite qui veut que toute une communauté participe à la reconstruction d’une grange.
Cette histoire se déroule en périphérie de Waterloo, où mon épouse, Sharon, et moi vivions sur une ferme, juste avant de déménager à Ottawa.
Un jour, notre voisin Edgar — un aimable et généreux membre de la communauté mennonite locale — était chez nous. Pendant que Sharon examinait le budget de la ferme, elle lui a demandé : « Combien est-ce que cela coûterait pour remplacer la grange? » Edgar lui a répondu : « Pourquoi voulez-vous savoir ça? » Sharon lui a expliqué qu’elle tentait de réduire les frais d’exploitation de la ferme et qu’elle vérifiait la couverture d’assurance.
Pour cela, il lui fallait indiquer le coût de la grange au cas où elle serait détruite par le feu. Edgar lui a dit qu’elle n’avait pas besoin d’indiquer le coût de remplacement, parce que si cela arrivait, les voisins et les membres de la communauté donneraient bénévolement leur temps et des matériaux de récupération et les aideraient à reconstruire la grange, gratuitement.
Après quelques secondes d’hésitation, il a ajouté : « Inscrivez 2 000 $, pour l’achat de nouveaux bardeaux d’asphalte. »
Cette histoire peut paraître extraordinaire, mais, lors de toutes mes visites au pays, je vois cette volonté d’aider, qui est à la fois généreuse et pratique. C’est pourquoi j’utilise la construction d’une grange comme métaphore pour expliquer comment nous pouvons bâtir un Canada averti et bienveillant.
L’accueil que cette communauté et bien d’autres au pays réservent aux réfugiés syriens s’apparente à la construction d’une grange. Vous donnez un toit à des personnes qui ont tout perdu.
Nous les recevrons avec chaleur, malgré le froid mordant de l’hiver. Cela va de soi.
Notre société canadienne diversifiée, tolérante et multiculturelle est l’un de nos plus grands atouts et, peut-être même, notre plus grande contribution au reste du monde.
C’est pourquoi nous devons mener les opérations d’accueil des réfugiés avec brio.
Et, tout simplement, parce que c’est la bonne chose à faire.
Je suis heureux de vous voir ici aujourd’hui pour aider les gens dans le besoin, et pour le Canada.
Travaillons ensemble et saisissons sans hésiter ce moment décisif pour notre pays.
Merci.