BLOGUE : Bilan de la visite en Haïti

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17 mai 2010

par Son Excellence Michaëlle Jean

Partout au Canada nous avons répondu avec cœur et donné tout près de 200 millions de dollars pour les secours d'urgence en Haïti. Nous nous sommes montrés solidaires d'une population terriblement éprouvée par le tremblement de terre du 12 janvier dernier qui a fait plus de 250 000 morts, des milliers de blessés et jeté dans la rue plus d'un million de femmes, d'hommes et d'enfants.

Haïti, plus pauvre parmi les pauvres des Amériques, figurait déjà au  deuxième rang des pays en grande difficulté, après l'Afghanistan, qui bénéficient des programmes d'aide canadiens. Notre gouvernement a d'emblée signalé qu'il entend appuyer, le temps qu'il faudra, à court, moyen et long terme, la  reconstruction d'Haïti.

La mission de travail que j'ai entreprise là-bas à la demande du premier ministre, début mars, avait pour objectifs de saluer, en ma qualité de commandante en chef, le travail exceptionnel effectué par nos militaires dans le cadre des secours d'urgence, de signaler avec vigueur à la population haïtienne l'engagement des Canadiennes et des Canadiens à leurs côtés, d'aller à Port-au-Prince, à Léogane et  à Jacmel à la rencontre des représentants de la société civile qui se  doit d'être incluse dans la réflexion et les plans de reconstruction. Il était important de féliciter la population de la République Dominicaine de son exceptionnelle contribution aux opérations de secours et d'encourager un plus grand partenariat insulaire entre les deux républiques dont le développement est intimement lié.

Cet état des lieux et des forces en présence, à l'écoute de leurs préoccupations et des solutions à leur portée, aura permis de scruter l'horizon des possibilités et de tous les espoirs par delà les décombres dont le pays doit émerger. Il a donné lieu à de nombreuses rencontres, au cours desquelles rien n'a été laissé au hasard. Il a beaucoup été question notamment de la nécessité de repenser la capitale - sa surpopulation, l'absence de règles de construction, ses infrastructures inadéquates voire inexistantes; de l'urgence de décentraliser la gestion et les pouvoirs vers les régions du pays, délaissées depuis des décennies, et de les pourvoir en ressources, en investissements et en services dans une optique de développement humain viable; de l'importance que le plan de reconstruction soit créateur d'emplois directs dans l'ensemble du pays, favorise l'économie locale et nationale, priorise le renforcement de l'éducation de base, de la formation professionnelle et des études supérieures. La protection de l'environnement gravement menacé par l'érosion, ainsi que la sauvegarde du patrimoine architectural et culturel ont été au cœur des discussions.

L'ambassadeur canadien Gilles Rivard, mon mari Jean-Daniel Lafond, le maire Gérald Tremblay de la ville de Montréal, jumelée à Port-au-Prince, et président de la Fédération canadienne des municipalités, madame Mireille Mathieu vice-rectrice aux Affaires internationales de l'Université de Montréal, madame Denyse Côté, fondatrice de l'organisation canadienne Orégand qui soutient les initiatives et les luttes du mouvement des femmes en Haïti depuis des années,  avons vu, écouté avec attention, entendu, et loué les efforts des représentants de nombreux secteurs de la société haïtienne qui sont des partenaires-clé de ce moment qu'ils qualifient de "refondation pour une meilleure Haïti".

Je n'oublierai personnellement jamais ce 8 mars, journée internationale des femmes, où 2000 Haïtiennes sont venues à Port-au-Prince manifester leur courage et leur détermination pour que la vie triomphe résolument du désastre en Haïti.