Ce contenu est archivé.
22 janvier 2009
par Son Excellence Michaëlle Jean
Intense et poignant. Durant les quelques jours passés sur le terrain, dans le sud du pays, dans le nord et dans la capitale, nous avons pu prendre la mesure du désastre causé par les quatre cyclones qui ont frappé l’île et la région en octobre dernier : les pertes humaines, les infrastructures détruites, les dommages à l’environnement, la destruction des récoltes, l’accentuation de la crise alimentaire. Nous avons par la même occasion constaté, lors de nombreuses rencontres avec la population, avec quel courage les Haïtiennes et les Haïtiens tentent de se relever de cette série d’épreuves. Les efforts collectifs dans les petites communautés rurales pour nettoyer, défricher, replanter, reconstruire forcent l’admiration.
La solidarité est à l’œuvre partout. Solidarités locales entre les citoyens;régionale avec le concours des pays des Amériques, du nord au sud (le Canada est l’un des acteurs les plus présents en Haïti à qui il consacre, après l’Afghanistan, son deuxième plus grand budget d’appui au développement); et solidarités internationales et multilatérales également.
Cela dit, les besoins sont considérables mais ont largement été identifiés. L’heure est à l’urgence, celle d’agir avec un plan concerté entre le gouvernement haïtien, partant de son Document de Stratégie Nationale pour la Croissance et la Réduction de la Pauvreté (DSNCRP), et les nombreuses instances de la communauté internationale. Cette démarche est engagée; le Canada l’a appelée de tous ses vœux et entend la faciliter. Sur place, nous avons multiplié les rencontres à cet effet ces derniers jours.
Ce voyage de travail nous a permis de vérifier l’impact de la coopération canadienne dans plusieurs secteurs (santé, éducation, sécurité, renforcement des institutions, justice, agriculture et infrastructures), en milieu urbain comme en zone rurale.
Le Canada continue de favoriser un plus grand engagement hémisphérique et collabore avec succès à de nombreux programmes avec les pays de la région. Un exemple probant est l’action conjointe avec le Brésil dans le quartier Bel Air de Port-au-Prince. Longtemps stigmatisé par la précarité et l’exclusion, rendu impénétrable en raison de la violence des gangs qui en avaient pris le contrôle, le quartier est aujourd’hui sécuritaire grâce au travail patient et acharné de la MINUSTAH, aux interventions sociales de l’ONG brésilienne Viva Rio soutenue financièrement par le Canada, le tout en collaboration avec les instances haïtiennes et la pleine participation des résidents.
Je tiens à saluer le travail de Viva Rio, que nous avions aussi vu à l’œuvre lors de la visite d’État au Brésil en juillet 2007. Leur façon de mobiliser les jeunes par les arts et la culture et de les engager socialement pour le mieux être de leur communauté produit des résultats remarquables. Viva Rio a restauré également l’accès à l’eau courante et potable dans le quartier par un vaste système très inventif de récupération et de stockage des eaux de pluie. L’éducation n’est pas en reste, de nombreuses bourses d’étude sont offertes chaque mois pour récompenser efforts et implication.
Les initiatives se multiplient et la population de Bel Air a repris les choses en main avec fierté. C’est ce qui m’a fait dire que nous avons là, en Haïti, un exemple inspirant et des solutions viables à des réalités auxquelles nous sommes nous aussi confrontés dans plusieurs de nos villes et de nos communautés au Canada.