Le 18 octobre 2024
Sous réserve de modifications
Félicitations aux récipiendaires des Prix du Gouverneur général en commémoration de l’affaire « personne ».
Il y a 95 ans, grâce au courage de cinq femmes remarquables de l’Alberta, la plus haute cour d’appel du Canada a rendu une décision reconnaissant officiellement les femmes comme des « personnes ».
Cette décision a fait progresser considérablement la participation des femmes à la vie publique et politique.
Cette décision a également ouvert la voie à l’accès universel au droit de vote, bien que les femmes autochtones ne l’aient obtenu que beaucoup plus tard.
La lutte pour l’égalité entre les genres s’apparente à la longue ascension d’une montagne. Il faut déployer beaucoup d’efforts et l’ascension est jalonnée de progrès, petits et grands. Mais elle est aussi parsemée d’innombrables défis et revers.
Au début de ma carrière, j’étais parfois la seule femme dans la salle. Aujourd’hui, je suis tellement heureuse de voir les femmes se distinguer dans toutes les sphères de la vie économique, démocratique et culturelle du Canada.
Les parents qui travaillent bénéficient aujourd’hui d’un soutien accru. Il y a un congé parental avec protection de l’emploi. Il y a des mesures d’adaptation qui favorisent l’équilibre entre le travail et la vie privée.
Mais de nombreuses inégalités persistent.
L’écart salarial entre les hommes et les femmes est toujours présent.
Les femmes sont toujours sous-représentées dans la vie politique, dans le secteur des sciences et de la technologie et dans le milieu des affaires. Les femmes autochtones se heurtent à des obstacles singuliers en matière d’emploi, en raison de l’impact de la colonisation. Les immigrantes et les femmes racisées sont plus susceptibles d’être victimes de discrimination et d’avoir de la difficulté à faire reconnaître leurs compétences ou leur niveau d’éducation sur le marché du travail.
Par ailleurs, je regrette de devoir mentionner que la violence fondée sur le genre est un problème récurrent au Canada. Ces dernières années, nous avons assisté à une recrudescence des agressions en ligne contre les femmes, les jeunes filles et les minorités de genre.
J’en ai été victime moi-même. Et je sais que certaines personnes parmi vous ont elles aussi été, malheureusement, la cible d’agressions en ligne.
Cette réalité affligeante contraint de nombreuses personnes à renoncer à l’engagement civique et à la vie publique, à un moment où nous avons besoin d’une plus forte diversité au sein de nos instances dirigeantes.
Il est temps de changer les normes et les comportements néfastes qui alimentent ce problème.
Il nous faut sensibiliser, promouvoir l’inclusion et favoriser la création d’espaces en ligne plus sûrs pour tout le monde.
Laissons-nous inspirer par l’esprit combatif des « Cinq femmes célèbres ».
Souvenons-nous des paroles de la magistrate Emily Murphy, qui a dit : « Chaque fois que je ne sais pas si je dois me battre ou non, je me bats. »
Je sais que vous incarnez cet important héritage.
Vos contributions me remplissent d’espoir.
Que ce soit en défendant les droits fondamentaux des femmes et des filles queer, cis et trans, ou en œuvrant à l’amélioration de la santé des femmes…
… en aidant les survivantes de la violence, en soutenant les femmes dans les domaines de la science et de la politique…
… vous nous avez montré que le changement est possible.
C’est avec tristesse que j’ai appris le décès de Marlene Catterall au mois d’août. Sa voix, dans notre paysage politique et sur la scène internationale, était animée d’une soif de justice sociale et d’inclusion. Je présente mes plus sincères condoléances à son époux et à sa famille.
Je vous félicite pour cette distinction bien méritée.
Nous avons encore de nombreuses montagnes à gravir. Mais je suis convaincue que nous continuerons à progresser vers l’égalité entre les sexes et à créer une société meilleure, pour tout le monde.
Merci, du fond du cœur.