L’art comme moyen d’apprentissage et de guérison : discussion avec des élèves à Rideau Hall à l’occasion de la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation

Le 29 septembre 2023

Sous réserve de modifications

Bonjour, 

Je vous souhaite la bienvenue à Rideau Hall, qui se trouve sur le territoire non cédé du peuple algonquin anishinabe.

Cette reconnaissance des terres est riche de sens. Elle fait partie de notre histoire. Non seulement celle des Autochtones, mais également celle du Canada.

Cette formule de reconnaissance de la terre est aussi une manière de reconnaître que l’histoire de notre pays a commencé bien avant la Confédération et bien avant l’arrivée des colons.

Cette histoire a commencé il y a des milliers d’années. Tenir compte de cette réalité revient à rendre l’histoire inclusive.

La notion d’histoire inclusive ne veut pas dire qu’il faut oublier les connaissances actuelles. Il s’agit plutôt d’enrichir l’histoire, de la contextualiser et de l’élargir afin d’y inclure toutes les perspectives.

Cette démarche fait partie de la réconciliation. Elle nous permet de voir le monde sous un angle différent.

Et c’est pourquoi nous sommes ici aujourd’hui. Pour voir les choses sous un angle différent. L’art produit ce même effet. Les artistes nous aident à voir le monde différemment.

Regardez autour de vous. Les œuvres d’art exposées à Rideau Hall reflètent de nombreux points de vue différents. Il y a une trentaine ou une cinquantaine d’années, on ne voyait pas beaucoup d’art autochtone ici, voire pas du tout. Mais aujourd’hui, on en trouve. Le fait d’exposer de l’art autochtone permet d’engager le dialogue, d’encourager la réflexion, de favoriser la guérison et de faire découvrir aux Canadiens et Canadiennes la diversité des perspectives et des cultures autochtones.

Prenez, par exemple, l’installation que vous avez vue à l’extérieur lorsque vous êtes entrés dans le bâtiment ce matin. L’œuvre de fils rouge vif réalisée au crochet par l’artiste métisse Tracey-Mae Chambers et installée sur la porte-cochère fait partie de l’initiative Hope and Healing Canada (Espoir et guérison au Canada). Cette œuvre évoque les combats des peuples autochtones et exprime de manière saisissante toute la richesse de l’histoire du Canada. Elle incite les gens à s’arrêter. À faire une pause. À se poser des questions sur les autres et sur eux-mêmes. À exprimer leurs pensées et leurs sentiments.

Quand vous avez vu l’œuvre, à quoi avez-vous pensé ? Qu’avez-vous ressenti ?

En amenant les gens à se poser ce type de questions et à échanger leurs impressions, notamment, l’art peut servir de pont entre les peuples autochtones et non autochtones.

Voilà la réconciliation en action.

L’histoire et l’art se rejoignent également dans l’œuvre qui se trouve derrière moi, réalisée par Meryl McMaster.

Merci, Meryl, d'être ici avec nous. Je remercie également l'aîné Solomon Wawatie et Rachelle Metatawabin d'avoir partagé leurs expériences et leurs connaissances avec nous aujourd'hui.

J'aimerais également remercier Brad Lafortune, qui nous parlera de la culture métisse plus tard dans la matinée.

L’œuvre de Meryl, Murmur, nous inspirera ce matin pour la réalisation d’un projet pratique unique qui combinera art, récit et histoire.

Meryl a déjà dit que nous nous influençons les uns les autres, et que nos identités sont fortement influencées par les récits et la langue.

J’aimerais que vous réfléchissiez aux personnes et aux choses qui vous influencent.

S’agit-il de vos amis ? De votre famille ? Êtes-vous influencé par ce que vous lisez en ligne… dans les médias sociaux ?

Comment les choses que vous apprenez en classe influencent-elles votre façon de penser ? Qu’en est-il des aspects qui ne sont pas abordés en classe ? Quel impact a sur vous l’absence de connaissances ?

Pendant trop longtemps, on a manqué d’informations sur les pensionnats. Quand avez-vous entendu parler des pensionnats pour la première fois ?

Les peuples autochtones étaient au courant.

Les familles des survivants et des enfants disparus étaient au courant.

Jusqu’à très récemment, ce sujet n’était pas enseigné dans les écoles. On n’en parlait pas dans le pays.

Mais les choses ont commencé à changer.

En 2015, la Commission de vérité et réconciliation a publié son rapport final, un rapport contenant quatre-vingt-quatorze appels à l’action… autrement dit, quatre-vingt-quatorze actes de réconciliation.

Dans la foulée de la publication de ce rapport, le vent a tourné et les gens ont commencé à parler. Lorsque l’on a découvert des tombes anonymes d’enfants disparus dans ces établissements, les gens ont réagi plus vivement.

 

Les peuples autochtones se sont exprimés…

… sur les pensionnats.

… sur le traitement infligé aux peuples autochtones.

… sur les enfants disparus qui ne sont jamais rentrés chez eux.

 

Mais les peuples autochtones ont également souligné le plaisir et l’importance de revitaliser les langues, la culture et l’identité autochtones.

La réconciliation n’est pas uniquement l’affaire des peuples autochtones.

Nous devons tous, jeunes et moins jeunes, Autochtones ou non-Autochtones, intégrer dans notre quotidien la réconciliation, la guérison, le respect et la compréhension.

Et c’est vous qui montrerez la voie.

J’envisage l’avenir avec beaucoup d’espoir. Et c’est grâce à vous que j’ai de l’espoir. Grâce à votre génération, dont la diversité, la tolérance et l’ouverture sont sans précédent. Votre empreinte – l’une d’entre elles – sera celle de la réconciliation. Je crois en votre volonté d’édifier un pays où toute personne est libre de vivre pleinement son identité.

Alors que nous célébrons la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation à Rideau Hall, j’ai hâte de répondre à vos questions et de discuter avec vous ce matin. Et je vous encourage à transmettre à vos amis et familles ce que vous aurez appris aujourd’hui.

Merci.