Le 16 février 2022
Sous réserve de modifications
Bonjour.
Je tiens d’abord à dire à quel point je suis ravie de rencontrer les gens du Nunavut.
Cette année a encore été difficile pour vous et pour vos élèves.
Je me joins aux parents de tout l’Inuit Nunangat pour vous remercier de vos efforts extraordinaires au cours de ces dernières années.
Je veux reconnaître que je me joins à vous depuis le territoire non cédé du peuple algonquin Anishinabe.
Cette déclaration n’est pas que symbolique. C’est une déclaration empreinte de vérité et d’histoire.
Pour ceux et celles d’entre vous qui arrivent au Nunavut cette année scolaire, vous débutez un parcours qui vous permettra de découvrir une partie de la riche histoire autochtone de notre pays. D’après mon expérience, les pédagogues qui réussissent le mieux dans l’Arctique sont ceux qui regardent au-delà de la salle de classe pour se rapprocher de la communauté. Je vous invite donc à partir à la découverte, à apprendre, et à valoriser les terres, la culture et le patrimoine des Inuits. Tous ces aspects font partie du processus de réconciliation.
Pour moi, la réconciliation n’est pas un projet précis ni un processus avec une date de fin. La réconciliation est une démarche permanente qui repose sur le respect et la compréhension mutuels. En tant que pédagogues, vous jouez un rôle actif dans la réconciliation grâce au travail que vous effectuez à l’intérieur et à l’extérieur des salles de classe. C’est une grande responsabilité, mais riche de perspectives.
En tant qu’enseignantes et enseignants, vous avez des défis uniques et stimulants à relever :
Premièrement : veiller à ce que les élèves du Nunavut reçoivent une éducation comparable à celle des autres élèves du pays.
Deuxièmement : honorer, célébrer, diffuser et refléter les valeurs de la société inuite dans la salle de classe, et intégrer les enseignements de l’Inuit Qaujimajatuqangit. Cela passe notamment par une volonté d’enrichir les cours en y intégrant l’inuktut.
Je me souviens de mon temps à l’école, où mes amis et moi n’avions pas le droit de parler l’inuktitut. Chaque jour, en arrivant à l’école, nous devions passer de l’inuktitut à l’anglais, de peur de nous faire prendre à parler notre langue maternelle.
C’est peut-être l’une des raisons pour lesquelles, tout au long de ma vie, je me suis fait un devoir de favoriser des expériences positives pour les enfants inuits et autochtones à l’école. De cette manière, j’espère que nous pourrons avancer et panser les souffrances infligées par le système éducatif et le régime des pensionnats, et surmonter le traumatisme générationnel qui a pesé sur les parents et les grands-parents.
Il y a un peu plus de 10 ans, lorsque j’étais présidente de l’Inuit Tapiriit Kanatami, nous avons publié la Stratégie nationale sur la scolarisation des Inuits. L’une de ses dix recommandations était de créer une université dans l’Inuit Nunangat. La vision était de se doter d’un établissement nordique qui offrirait une éducation postsecondaire axée sur la culture et la langue inuites. Il est important d’établir de grands objectifs d’éducation qui inspirent les jeunes.
Une autre recommandation clé de la stratégie portait sur la nécessité d’élaborer des programmes destinés à soutenir les jeunes pour les encourager à rester à l’école.
Et c’est là que le rôle des éducateurs prend toute son importance. Il est primordial de partager les pratiques exemplaires, les outils et les stratégies que vous avez mis au point pour maintenir la motivation chez les enfants et les aider à rester à l’école!
Je trouve très encourageant d’entendre parler d’enseignants qui se surpassent pour :
- Aller à la rencontre des membres de la communauté et les intégrer dans l’école.
- Faire contribuer les parents à la réalisation des objectifs scolaires.
- Utiliser le programme d’études comme base pour des discussions sur les valeurs de la société inuite.
- Encourager l’utilisation de l’inuktitut en classe.
- Saisir les occasions de discuter avec les élèves de la véritable histoire du Canada et des peuples autochtones.
Il y a plus de 10 ans, lorsque nous examinions les défis de l’éducation dans l’Inuit Nunangat, Connexions Nord a été l’un des premiers partenaires à proposer une vision qui mettait à profit la technologie pour réduire les disparités en matière de réussite scolaire. Comme vous le savez, Connexions Nord relie les salles de classe de tout le Nord avec des conférenciers et des enseignants des quatre coins du Canada, en particulier avec des leaders autochtones et des gardiens du savoir.
Les deux dernières années ont certainement fait évoluer cette vision de l’apprentissage à distance plus loin que nous ne l’avions imaginé. C’est donc dire que la distance ne doit plus être synonyme d’isolement!
Grâce à Connexions Nord, nous constatons que des technologies performantes offrent des possibilités d’apprentissage infinies. Elles permettent aussi de faire connaître au monde entier les communautés, la culture et le patrimoine de l’Arctique, et jouent ainsi un rôle important dans la réconciliation.
Connexions Nord illustre parfaitement le potentiel de la collaboration entre le gouvernement et les entreprises. Je remercie CISCO Canada d'avoir embarqué dès le début dans ce merveilleux projet.
Nous savons toutefois que le Canada a encore beaucoup à faire pour améliorer la connectivité.
Au Nunavut, par exemple, la vitesse Internet la plus rapide est encore huit fois plus lente que la moyenne canadienne.
Si j’ai consacré une grande partie de ma vie professionnelle à la promotion de nouvelles possibilités dans le domaine de l’éducation, c’est en partie parce que j’ai été inspirée au fil des ans par les rencontres avec des enseignants qui font de vraies prouesses dans leur classe.
Je crois en vous.
En vos compétences et en votre dévouement.
En votre énergie et en votre détermination.
L’une des choses que j’ai apportées avec moi à Rideau Hall est ma langue maternelle – l’inuktitut. Des mots clés me servent de guide, des mots qui m’ont été enseignés par ma mère et ma grand-mère, à commencer par ajuinnata. On ne trouve pas de traduction exacte pour ce mot, mais il comporte un concept important pour les Inuits. Essentiellement, il représente un engagement à ne jamais abandonner. Il s’agit de s’engager à passer à l’action, peu importe la complexité de la tâche à accomplir. Puisse l’essence d’ajuinnata vous accompagner dans votre engagement envers l’éducation au Nunavut.
Les résidents du Nunavut comptent sur vous pour relever ce défi. Continuez à vous instruire sur l’histoire des Inuits et des Autochtones, et écoutez leurs récits. Encouragez les élèves non seulement à apprendre, mais aussi à prendre soin de leur santé mentale et physique.
J’aimerais maintenant que vous me parliez de vous et de vos expériences d’enseignement au Nunavut. Racontez-moi vos bons coups en classe et la manière dont vous abordez la réconciliation.
Merci. Miigwetch. Nakurmiik.